Contre la mise à la retraite de deux scientifiques de renom à l’institut Pasteur
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, le 23 octobre 2004Au moment où chacun espère voir l’effort exceptionnel de reflexion réalisé depuis quelques mois aboutir à une re-fondation des structures et moyens de la recherche française, nous apprenons avec stupéfaction que deux scientifiques de renom, fonctionnaires de l’Inserm pour l’un et du CNRS pour l’autre, mais ayant tous deux un contrat avec l’Institut Pasteur, viennent de se voir notifier un préavis de mise à la retraite de leur fonction de chef d’unité à l’Institut Pasteur par la direction, alors que leur activité dans leurs EPST d’origine est prolongée bien au-delà. Cette mesure intervient dans des conditions de légalité discutables et vient brutalement interrompre un mandat de direction confié par le conseil d’administration de l’Institut Pasteur.
Le Directeur Général de l’Institut Pasteur s’est par ailleurs publiquement engagé dans l’effort de réflexion sur la recherche française en publiant un texte complet de propositions ( ’Du NERF’ pour ’Donner un Nouvel Essor à la Recherche Française’) co-signé par trois éminents scientifiques. Dans ses remarques finales, ce texte souligne que "le milieu de la recherche est un milieu fragile, où il faut une décennie pour former un chercheur, plusieurs décennies pour créer une tradition de recherche, mais où il suffit de quelques mois pour décapiter l’édifice par la fuite des cerveaux". Cette remarque apparaît comme un désaveu anticipé des mesures qui viennent d’être prises à l’encontre de deux de nos collègues de l’Institut Pasteur. S’il y a bien un moment fragile dans la vie d’une équipe de recherche, c’est lorsque son responsable se trouve dans les années qui précèdent son départ en retraite.
Le collectif ’Sauvons la Recherche " (SLR) n’a pas vocation à s’exprimer sur des conflits locaux ou des politiques scientifiques de sites. Cependant, nous, signataires de ce texte souhaitons contribuer au retour à un climat plus serein en demandant la levée de ces mesures. Nous voulons redire à cette occasion avec force qu’il n’y aura pas de renouveau de la recherche française si elle ne s’accompagne d’une réelle reconnaissance de la responsabilité des scientifiques. Attendre d’eux une attitude de soumission et de docilité serait un véritable retour en arrière.
Henri Edouard Audier, Yehezkel Ben-Ari, Michel Bornens, Hervé Chneiweiss, François Coulier, Catherine Dargemont, Dominique Dunon, Betty Felenbock, Bruno Goud, Thierry Galli, Olivier Gandrillon, Jean Garnier, Bertrand Monthubert, Jean Salamero, Evelyne Serverin, Alain Trautmann, Pascal Vaillant, Francis André Wollman