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Les conditions d’un vrai débat sur la réforme du CNRS

Lettre ouverte de H.E. Audier, Administrateur du CNRS, au Président et au DG du CNRS

le 26 novembre 2004

Monsieur le Président, Monsieur le Directeur général,

La direction du CNRS s’est lancée dans une vaste réforme. Il ne s’agit pas ici d’en contester a priori la nécessité, mais de demander un vrai débat pour en clarifier les objectifs, et une méthode de travail pour son élaboration et sa discussion. La sérénité et la confiance nécessaires à un tel processus supposent que la direction annule les mesures organisationnelles prises récemment, sans débat contradictoire, et sans qu’il y ait eu décision d’une quelconque instance.

La méthode actuelle, qui consiste à parcelliser le débat, sur un texte pré-établi, entre des réunions de directeurs de laboratoires région par région, quelques discussions dans les instances scientifiques et des entrevues avec les syndicats, a conduit à des orientations qui, en l’état, sont souvent orthogonales aux conclusions des Etats Généraux de la Recherche (EGR).

Certes, soucieux de l’autonomie des organismes, les EGR ne sont pas entrés dans le détail de la réforme de chacun d’eux, mais ils ont posé un certain nombre de principes pour rendre plus cohérente et plus dynamique la politique de la recherche publique, tout en l’inscrivant dans le long terme. De ces principes découlent un certain nombre de grandes questions, auxquelles il faut répondre avant d’envisager les modalités organisationnelles à mettre en œuvre.

Dans l’esprit des EGR, il conviendrait d’abord de savoir comment le CNRS peut contribuer à une politique d’ensemble de la recherche publique ? Comment organiser par secteurs une coopération étroite avec d’autres organismes ? Quel rôle pourraient jouer des programmes inter-organismes et pluridisciplinaires ? Quel nouveau type de partenariat établir avec les universités ? Quelle présence scientifique du CNRS dans les pôles territoriaux d’enseignement supérieur et de recherche ? Et enfin, comment avancer plus rapidement sur la dimension européenne de la recherche ? Ce n’est qu’ensuite que pourra être mise en œuvre "une stratégie" du CNRS, sa première mission devant demeurer l’élaboration des connaissances dans toutes les disciplines et champs pluridisciplinaires, en coopérations avec d’autres, les universités notamment.

Toutes les contributions aux EGR convergent sur un point capital : il faut donner plus de souplesse d’organisation à notre dispositif, plus de réactivité, plus d’initiative de la base. Cette demande forte d’une responsabilisation plus grande s’accompagne de l’exigence d’une évaluation plus rigoureuse, plus fine, et suivie d’effets. Les EGR ont aussi demandé de laisser une grande latitude aux scientifiques quant au choix de structures opérationnelles (équipes, laboratoires, centres), dès lors que leur fonctionnement est démocratique et efficace, et se sont fermement prononcés contre des regroupements autoritaires de laboratoires.

Or, partant du secteur SHS puis de la chimie, le CNRS est en train d’opérer d’une façon purement technocratique de vastes regroupements autoritaires d’UMR, à l’instar de ce qui s’est passé en certains endroits à l’INSERM. Bien sûr, il peut être nécessaire, dans telle discipline ou telle aire géographique, d’optimiser la structuration du dispositif de recherche. Cela suppose d’ouvrir, avec les intéressés et sur une base scientifique, les discussions nécessaires, méthode qui s’oppose à la conception purement administrative et managériale actuelle. Je vous demande donc avec force d’arrêter ce processus et de considérer comme caduques les décisions déjà imposées par les directions scientifiques.

Nombre de membres du CA et du CS, dans le cadre de commissions de travail, sont prêts à participer à l’élaboration des propositions de réforme. La discussion dans chaque laboratoire, pourrait ensuite se concrétiser dans chaque administration régionale, par une Assemblée constituée des directeurs de laboratoires, d’un ou plusieurs représentants de ces derniers, et des membres des diverses Instances scientifiques relevant de l’administration régionale.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, Monsieur le Directeur général, l’expression de mes sentiments cordiaux.

Henri Audier, Directeur de recherche, membre du Conseil d’administration du CNRS