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ANR, vous avez dit ... ANR ?

Par chzelwer, le 17 février 2005

La parution du budget 2005 de l’A. N. R. (Agence nationale de la recherche) a provoqué une vive émotion au sein du Conseil scientifique du C.N.R.S. (3/4 février). Personne n’a trouvé un mot pour défendre ce budget, pas plus que les différentes fiches destinées à préparer les futurs appels d’offres. Rappelons que le Conseil scientifique comprend 11 élus, 19 nommés dont 8 personnalités étrangères.

Les priorités de l’ANR semblent focalisées sur des thèmes « en vogue » politiquement et économiquement sans effort d’anticipation suffisant. Non seulement on néglige des secteurs importants qui devraient être prioritaires. Les SHS ne sont présentes que pour la forme et d’une manière tellement utilitariste que les membres SHS sont furieux, l’impact des OGM sur l’environnement fait l’objet de moyens dérisoires au risque de laisser le champ libre aux campagnes « antisciences » tandis que les montants alloués en faveur de la « Biodiversité » constituent un véritable camouflet pour le Président de la République. Les membres du CS provenant de secteurs industriels fortement liés à la recherche ont souligné la nécessité de développer la recherche non finalisée - à partir de considérations scientifiques - sous peine de voir compromis les efforts en faveur de l’innovation !

Le CS qui venait d’avoir en main les documents, a procédé à une analyse rapide des fiches thématiques. Tous les rapporteurs ont souligné le caractère aberrant du pilotage de la recherche à travers ses seules retombées socio-économiques. Celui-ci aboutit en effet à négliger une analyse prospective de chaque domaine scientifique et conduit souvent à faire des « propositions d’action » sans débat contradictoire, en retard sur l’avancée des connaissances et leurs retombées potentielles (cas des STICs) ou tout au moins ne mettant pas en avant les points de blocage scientifiques cruciaux pour le domaine considéré et qui sont souvent communs à plusieurs problématiques (cas de « Santé, agriculture, alimentation »).

Enfin, le montant ridicule alloué aux « programmes blancs » (3%), même si certaines thématiques fondamentales se retrouvent çà et là dans les fiches-programmes, renforce l’impression que tous les curseurs orientant le développement de la recherche ont été déplacés dans le même sens, qu’il s’agisse de l’ANR, des associations caritatives (médicalisation renforcée des appels d’offre), des cancéropôles et même les priorités des EPST, CNRS compris ! Une forte interrogation se fait jour quant aux missions du CNRS : celui-ci reste fortement sous-financé et ses équipes de recherche dans la plupart des domaines font déjà largement appel pour survivre à des sources de crédits orientés, voire de contrats industriels (ce qui soit dit en passant tord le cou à la légende d’un CNRS qui ferait du saupoudrage sans prendre en compte la qualité des équipes). La montée en puissance annoncée de l’ANR pour les prochaines années remet en question les missions du CNRS tandis que le sous-financement de cet organisme obère sa capacité à les redéfinir. Subrepticement, on s’achemine ainsi vers sa disparition.

Le CS, dans l’urgence, a demandé une audience au ministère de la Recherche (fait sans précédent). L’audience a été accordée à la Présidente Elisabeth Dubois-Violette pour le 16 février. Elle a été mandatée pour faire passer les deux messages suivants :

1. « Pas de montée en puissance de l’ANR sans un renforcement substantiel du financement des organismes de recherche (EPST et EPICs) » 2. « Augmentation substantielle de la proportion des Projets blancs dans la programmation de l’ANR ».

Charles Zelwer, membre élu du Conseil scientifique du CNRS