Lettre de non-démission des jeunes chercheurs et personnels techniques non statutaires
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, le 2 mars 2005Cette lettre sera signée collectivement par 200 jeunes chercheurs et personnels techniques non statutaires, le Mercredi 9 Mars 2005 lors d’une AG à la Sorbonne. Si vous êtes jeune chercheur ou personnel technique non staturaire, et vous souhaitez participer a cette action symbolique, veuillez envoyer un mail à : maudelegall@yahoo.com en précisant vos nom, prénom, fonction, discipline.
Face aux attaques dont la recherche publique était l’objet, un mouvement sans précédent a soulevé la communauté scientifique aboutissant à la démission de plus d’un millier de directeurs de laboratoire. C’était il y a un an, le 9 mars 2004. Depuis, l’ensemble de la communauté scientifique, consciente de son rôle au sein de la société, s’est réunie en Etats Généraux et a formulé des propositions concrètes pour réorganiser notre système de recherche. Ces propositions sont fondées sur des principes qui permettent à la recherche de se faire au bénéfice du plus grand nombre et des générations futures. La Loi d’Orientation et de Programmation de la Recherche que le gouvernement prépare est en opposition totale avec ces principes fondamentaux.
Nous, jeunes chercheurs et personnels techniques non statutaires, nous qui représentons à la fois la recherche d’aujourd’hui et celle de demain, nous nous faisons porte-parole de la communauté scientifique toute entière. Nous nous opposerons à la volonté du gouvernement d’imposer une recherche publique précaire, fondée sur l’exploitation d’un personnel sans statut, au profit d’intérêts restreints et sans vision à long terme. Nous ne démissionnerons pas.
Nous rappelons que la connaissance est un bien public. Nos travaux sont financés par l’ensemble de nos concitoyens. A ce titre, nos résultats appartiennent et doivent bénéficier à tous. Nous n’accepterons donc pas que le gouvernement les remette entre les mains d’intérêts particuliers
Nous rappelons que la recherche fondamentale ne peut s’épanouir que par la garantie de son autonomie, fondée sur une évaluation rigoureuse par les pairs. L’innovation aussi bien culturelle que technologique ne peut naître que dans le terreau d’une recherche fondamentale foisonnante. Nous n’accepterons pas que le gouvernement soumette l’ensemble de la recherche à une logique de contrats d’objectifs à court terme. Toute l’histoire des sciences montre l’inefficacité de cette démarche qui aboutit au gaspillage de l’argent public.
Nous affirmons que l’investissement dans la formation universitaire déterminera la capacité de notre société à jouer son rôle dans un monde de plus en plus complexe. Nous n’accepterons pas que le gouvernement maintienne l’Université dans la misère où l’ont plongée 20 ans d’incurie politique.
Nous affirmons que l’avenir de la recherche et de l’enseignement supérieur dépend de leur capacité à attirer de nouveaux talents en leur offrant la perspective d’emplois pérennes. Nous n’accepterons pas la précarité que le gouvernement impose à la jeune génération comme horizon indépassable.
C’est pourquoi, face à la volonté du gouvernement d’imposer un projet de loi dangereux pour l’avenir de notre société, nous affirmons notre détermination à nous battre, aux côtés de tous les acteurs de la recherche de ce pays, pour que la voix du bon sens et de la responsabilité, telle qu’elle s’est exprimée lors des Etats-Généraux de la Recherche, soit entendue.
Nous appelons tous nos concitoyens à nous aider à sauver la recherche en France en faisant entendre raison à nos représentants politiques.