Article publié dans Le Pays du 10 mars 2005
UNIVERSITÉ : Les chercheurs déterrent la hache de guerre
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, le 10 mars 2005Hier, en fin de journée, le site de Sauvons la recherche, le mouvement né des contestations du printemps 2004, affichait 50 739 signatures recueillies après l’appel lancé à l’occasion de la journée d’action de ce mercredi. À Besançon, en deux heures, les universitaires en colère ont engrangé 273 signatures. Incontestablement, le mouvement des chercheurs jouit d’une réelle popularité. Mais pour ces universitaires, cela ne suffit pas à défendre leur cause et encore moins à préserver durablement les concessions arrachées sous la pression de la rue.
« Un amalgame inacceptable »
En 2004, après avoir obligé le gouvernement à leur prêter une oreille attentive, leurs représentants ont remis à Matignon des propositions résultant « d’un travail d’élaboration collective destiné à préparer une loi d’orientation et de programmation (LOP) », sur la recherche s’entend. Aujourd’hui, les animateurs de Sauvons la recherche ont le sentiment que l’effet de fronde de leur mouvement a été utilisé pour servir d’autres visées en lieu et place de la recherche. « Des fuites, probablement orchestrées, indiquent que la LOP est devenu la LOPRI et c’est le « I », pour innovation accolée à recherche, qui dérange. Il y a là un amalgame que nous ne pouvons pas accepter », explique François Vernotte, président du collectif des chercheurs bisontins. L’universitaire comtois donnait, hier à Besançon, une conférence de presse en compagnie de Jean-Marie Viprey et Patrice Salzenstein, deux enseignants chercheurs de l’Université de Franche-Comté (UFC). Pour les trois intervenants, il n’y a pas de doute, un tel mélange des genres va servir les techniques au service de la rentabilité immédiate au détriment de la recherche fondamentale. Pour s’en convaincre, François Vernotte évoque la demande de simplification de gestion des crédits, traduite dans le projet de texte par une gestion de type privé. « Il serait désastreux d’asservir la recherche à des intérêts immédiats ou particuliers », plaide l’appel des chercheurs. « Contre une agence gouvernementale pilotant la recherche », renchérit l’une des affichettes placardée sur le mur de la salle où s’est tenue la conférence de presse. Les chercheurs comtois redoutent que cela conduise « à assujettir l’orientation de la recherche au gouvernement et aux représentants du monde économique ». Leurs représentants ont annoncé qu’ils manifesteront aujourd’hui, aux côtés des autres salariés.