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Le calme avant la tempête ?

Par Alain Trautmann, Francis-André Wollman, Georges Debrégeas, Pierre Netter, le 7 septembre 2005

Depuis des mois, le projet de loi sur la recherche est annoncé comme imminent, et en réalité sans cesse reporté. On entend maintenant qu’il "pourrait" être présenté vers la fin septembre au Conseil Economique et Social en même temps qu’un "plan d’action pour la recherche" qui serait destiné à un plus large public.

Le gouvernement a choisi un mode d’élaboration de ces textes qui laisse la communauté scientifique concernée totalement ignorante de leur contenu réel, car il n’y a jamais eu la moindre discussion autour des grandes lignes d’un avant-projet officiel. Face à ce silence épais, nous pouvons néanmoins rappeler quelques mesures essentielles. Le gouvernement n’ignore pas que leur abandon sonnerait comme une manifestation d’autisme et une trahison des espoirs de la communauté scientifique :

- des mesures massives en faveur de l’emploi des jeunes scientifiques, dont l’augmentation du nombre et la revalorisation des allocations doctorales qui deviendraient de véritables contrats de travail, la création annuelle de 5000 postes de chercheurs, enseignants-chercheurs, ITA et IATOS et la revalorisation des salaires de début de carrière dans les métiers de la recherche.

- des décharges significatives d’enseignement au titre de la recherche pour les enseignants- chercheurs dont le projet de recherche est évalué favorablement dans le cadre des unités de recherche labellisées.

- la systématisation de l’évaluation des travaux scientifiques des chercheurs, enseignants chercheurs et ITA qui prenne en compte la spécificité de leurs missions.

- une forte croissance globale du soutien de base aux laboratoires, dépendante de l’évaluation quadriennale de leurs projets scientifiques.

- un recentrage de l’ANR sur des missions de soutien complémentaires à celles des organismes et des universités. Dans l’immédiat, une suspension de la croissance de l’ANR, tant que n’aura pas été effectué un audit de son fonctionnement qui permette d’évaluer son insertion dans la politique scientifique des organismes et des universités, dans la politique européenne, et son impact sur l’emploi scientifique.

- la mise en place de Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieurs, à l’initiative d’universités voisines qui souhaitent travailler en réseau sur des projets scientifiques communs.

- un ensemble de mesures de simplifications administratives, dont le contrôle financier a posteriori, qui seront déterminantes pour alléger la gestion des laboratoires

- un soutien actif à une politique européenne de recherche, et en premier lieu à l’ERC (European Research Council), destiné au soutien de la recherche fondamentale, une institution très attendue par l’ensemble de la communauté scientifique européenne.

A elles seules, ces mesures ne suffiront pas au renouveau de la recherche française, mais elles sont un prérequis pour qu’une nouvelle dynamique soit engagée. Alors même qu’il s’est hâté de mettre en place l’A2I (Agence pour l’Innovation Industrielle) et les pôles de compétitivité largement destinés aux grandes entreprises, le gouvernement ne parle plus que d’une recherche étroitement liée au développement industriel immédiat. Ceci augure mal de ses intentions concrètes en matière de recherche publique, et en particulier fondamentale.

Depuis bientôt deux ans, et en particulier dans leurs Etats-Généraux, les acteurs de la recherche ont montré qu’ils constituaient une force de proposition incontournable. Début 2004, l’autisme manifesté par les responsables politiques en matière de recherche, Claudie Haigneré, Luc Ferry et Jean-Pierre Raffarin a abouti en quelques mois à ce qu’ils soient totalement déconsidérés, suite à la mobilisation massive de la communauté scientifique. Si cet autisme devait persister, les mêmes causes produiront les mêmes effets.

Georges Debrégeas, Pierre Netter, Alain Trautmann et Francis-André Wollman.