Intervention d’Olivier Besancenot à l’université d’automne de SLR (1er octobre 2006)
le 11 octobre 2006
La mobilisation des chercheurs a joué un rôle déterminant dans l’ensemble des mobilisations qui ont suivi la défaite de la bataille sur les retraites mais qui ont conduit à la défaite du gouvernement aux élections régionales. Le travail réalisé dans le cadre des Etats Généraux de la Recherche est un bel exemple de démocratie participative. Il a été traité avec mépris par le gouvernement, mais il est soutenu par la LCR à travers ses propositions pour la recherche qui s’organisent en 4 points :
1) Réhabiliter la recherche auprès des jeunes et de la société
D’une part par une politique d’embauche et d’abolition de la précarité. La LCR soutient la demande de SLR de création de 5000 postes / an et défend le statut de salarié pour les doctorants, la transformation des CDD en CDI, qui n’est pas en contradiction avec la mobilité au sens large (géographique, thématique, etc...). La LCR soutient la revalorisation des carrières avec augmentation de l’allocation de recherche à 1,5 fois le SMIC, accompagnée d’une augmentation des salaires de l’ensemble des personnels. D’autre part, par une revalorisation des diplômes de l’enseignement supérieur. Il faut un service public d’enseignement supérieur et de recherche unifié et donc un seul interlocuteur avec les entreprises. Ceci implique de fait, à court terme, un rapprochement entre l’université et le système parallèle des classes préparatoires et grandes écoles. Enfin, avec plus de moyens financiers et humains dans les universités, on permettra aux enseignants chercheurs de faire plus de recherche en diminuant leur charge horaire.
2) Le financement
Pour atteindre les 3% du PIB (en tenant compte de l’inflation), il faut un rattrapage budgétaire immédiat, comme sollicité par SLR. Il reviendra à doubler immédiatement les budgets pour ensuite pouvoir mener une politique à long terme. Le maximum de la dotation des laboratoires doit revenir en crédits récurrents, les financements sur programme devront être exception. Comment ? La LCR propose de prendre l’argent où il est à travers l’impôt sur les bénéfices des entreprises (qui était de 50% sous Giscard et n’a fait que diminuer depuis) et en prélevant sur le budget militaire. La discussion actuelle dans SLR d’un impôt recherche au niveau européen est soutenue par la LCR qui pense que le modèle de recherche publique doit être applicable à l’ensemble des pays européens. Cependant, cette proposition n’est envisageable que si on change la donne au niveau des institutions européennes car la constitution européenne qui nous était proposée impose un vote à l’unanimité pour ce genre de mesure ! Enfin, la LCR n’est pas forcément contre le crédit d’impôt recherche, à condition qu’il y ait un audit des entreprises privées qui reçoivent de l’argent public.
3) Le fonctionnement
La LCR soutient SLR dans son rejet du prétendu "Pacte pour la recherche" qui, par la création de diverses agences (ANR, AERES, Haut Conseil) renforce le contrôle du gouvernement ou des intérêts privés (PRES transformés en pôles de compétitivité). La LCR soutient l’idée d’un pilotage par le bas, qui suppose un contrôle de la communauté des personnels de la recherche sans exclusive sur les diverses évaluations (projets, activité de tous les personnels et financements). La LCR propose également un contrôle citoyen (comme les associations de malade, les faucheurs d’OGM, voire la confédération paysanne) qui n’intervienne pas sur la créativité mais sur les choix posés à partir des découvertes.
4) La recherche dans un projet de société
La recherche doit évidemment être un service public indépendant. Ceci ne veut pas dire simplement empêcher la privatisation du capital, il est également essentiel de lutter contre le problème de la libéralisation. Il faut réaffirmer le rôle de la recherche et de l’enseignement supérieur qui consiste à diffuser des connaissances et développer l’esprit critique, sans être soumis à une notion de rentabilité. La LCR est contre la mise en concurrence. Il faut casser la logique des brevets et, au pire, mettre la brevetabilité dans le domaine public pour casser le monopole des multinationales et permettre à tous l’accès aux savoirs et aux bénéfices de la recherche, comme les médicaments pour les pays les plus pauvres.