Les cinq piliers de la refondation de l’université
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, le 21 juin 2007Notre nouvelle ministre, Valérie Pécresse, a fait une conférence de presse où elle a déclaré que l’entreprise de refondation des universités françaises s’appuyait sur "cinq piliers" :
Cette idée des cinq piliers est-elle d’elle ? ... hmmm ...
Ne l’aurait-elle pas par hasard piquée à la tradition de la religion musulmane, qui elle aussi considère qu’il y a, précisément, "cinq piliers" fondant la bonne conduite des croyants ?
À la relecture, cette interprétation fait tout à fait sens ! Si nous reprenons la formulation de Valérie Pécresse, nous voyons les correspondances se dessiner assez clairement :
1er pilier : des conditions de vie qui permettent à tous nos jeunes de réussir leurs études ;
Ce premier pilier est ici à interpréter, dans le contexte, comme correspondant à l’obligation de jeûne qui est faite au croyant. Un jeune étudiant qui apprend à se nourrir de très peu de choses (dans la situation de pénurie de bourses), et qui arrive en outre à se contenter de très peu de moyens à l’université pour s’en sortir tout seul (en révisant dans les bibliothèques municipales), arrivera à s’en sortir durant ses études.
2ème pilier : des carrières plus attractives pour tous les personnels de l’université ;
Ce deuxième pilier correspond en réalité à celui de la prière dans la théologie islamique. En l’absence de moyens pour augmenter les traitements et les opportunités de carrière des personnels enseignants, techniques, et administratifs de l’université, il faut que ces derniers apprennent à prier pour se soumettre à leur sort et pour faire le voeu d’obtenir un jour un sort meilleur.
3ème pilier : pour tous, des conditions matérielles de travail dignes de la mission que la nation leur confie ;
Ce pilier correspond à celui de l’aumône dans l’Islam. Un gouvernement de droite décomplexé - mais compatissant - connaît ses obligations envers l’enseignement supérieur ; il purifie une partie de l’argent acquis grâce à la TVA en faisant une aumône annuelle aux universités pour permettre à chacune d’entre elles de repeindre un mur par an.
4ème pilier : un statut des jeunes chercheurs et des enseignants-chercheurs qui soit à la hauteur des enjeux de la recherche internationale ;
Cette formulation peut s’interpréter comme correspondant à l’obligation du pélerinage, ou Hadj. Faute de temps pour se consacrer à la recherche, et de moyens pour lui permettre de la réaliser, l’enseignant-chercheur des universités surchargées est bien souvent dans la quasi-impossibilité matérielle de faire de la recherche. Il doit néanmoins s’astreindre à aller au moins une fois dans sa vie à un colloque pour savoir ce que c’est, quitte à économiser sur ses deniers personnels. Lorsqu’il aura amassé la somme suffisante pour se payer un billet d’avion et les droits d’inscription à une conférence internationale, il ira faire cette expérience unique nécessaire pour contempler l’essence profonde du chercheur, encore comprise symboliquement dans le nom de son corps de métier ( enseignant-chercheur ) ; puis il reviendra dans son université, auréolé de la lumière du pélerin, vêtu d’un tee-shirt orné du sigle de la conférence qu’il portera pendant tout le reste de sa carrière, les jours de cérémonies officielles.
5ème pilier : nous devons concentrer notre action sur la réussite des étudiants de licence.
Ce dernier pilier, enfin - dans une modification de l’ordre des commandements qu’imposait dans cette occurrence la rhétorique ministérielle - correspond à la chahada, ou profession de foi. Il s’agit, indépendamment de ses actes, de répéter régulièrement la formule : nous voulons que les étudiants de licence réussissent , afin d’affirmer au monde que l’on y croit.
Évidemment, le gouvernement qui porte un tel projet de refondation a des chances de se diriger tout droit vers le Jihad.