LE SPECTACLE EST-IL A VOTRE GOUT ?

Les étudiants étaient reçus hier pour discuter de la réforme des Universités. Pendant ce temps, certains enseignants-chercheurs et autres personnels n’estiment pas nécessaires de se mobiliser, tandis que d’autres tardent à s’organiser, à communiquer, à agir. Pourtant il s’agit pour chacun non seulement de défendre sa conception du service publique d’enseignement et de recherche mais également son outil de travail. Il s’agit surtout de prendre part, en tant que personne de l’intérieur ayant une expérience de l’existant et des aspirations pour l’avenir, à la refonte d’un système en vue de l’améliorer. Le réveil s’annonce rude.

Les étudiants semblent avoir obtenu des avancées, à nous de prendre le relais pour d’autres points spécifiques : quid des gardes fous quant au(x) mode(s) de prise des décisions au sein de l’Université ? quid du nouveau mode de recrutement ? quid du statut des enseignants-chercheurs et des personnels en général, et de la généralisation des contrats renouvelables ? quid de la répartition des fonds aloués ? ...

Certains personnels appellent à remettre à plat tout le système. Soit, faisons ces Etat Généraux-bis, mais tentons tout de même de capitaliser, à l’inverse des politiciens, sur le travail qui avait déjà été accompli il y a 3 ans. Et surtout, dans un premier temps, communiquons aux médias et aux citoyens notre ou nos positions quant à l’acceptation et au rejet des différents points de la loi LRU, du montant et de la répartition du budget, ... Ensuite viendra le temps de la mise à plat et des contre-propositions. La réforme de l’Université française est nécessaire mais n’obéit pas aux mêmes besoins d’urgence que certains autres domaines de la société comme le logement ou les ghettos. Nous pouvons prendre le temps de découvrir ou re-découvrir le travail de réflexion déjà accompli par le passé, nous pouvons prendre le temps de réfléchir et débattre à nouveau.

Pour autant, sur cette loi LRU il faut réagir vite, car sa mise en application ne saurait tarder. Le mouvement des personnels est en marche, mais j’ai peur qu’il ne porte pas ses fruits si ses acteurs ne se donnent pas rapidement une visibilité populaire, gouvernementale et médiatique, par des actions concrètes et si possible communes. Une grève nationale ? Des manifestations ? Pourquoi ne pas aller déposer devant le ministère toutes les motions de censure votées par les différents CA d’Université ?

Ne pensez-vous pas qu’il soit primordial d’indiquer dans les jours qui viennent au gouvernement et à l’opinion publique ce que les personnels veulent et ne veulent pas pour l’enseignement supérieur et la recherche, tout en assurant que des propositions concrètes suivront ?

Je sais que la critique est facile, et l’action moins. Comme vous l’aurez remarqué j’oscille entre le "vous" et le "nous". Cela traduit pour partie l’ambiguïté du statut de doctorant qui, bien qu’étudiant, non seulement participe à l’effort d’enseignement et de recherche mais également se rêve (parfois) en futur enseignant-chercheur. Pour autant, je sais que ce statut et ces doutes quand à ma légitimité pour écrire cette critique me fournissent une excuse facile et c’est aussi mon propre sentiment de pouvoir et de devoir faire plus qui me révolte. Coordonnez-moi je vous prie !!

Bruno MANTEL, doctorant en Sciences du Mouvement Humain.