Monsieur le président, je vous fais une lettre
que vous lirez peut-être ...
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, le 10 décembre 2007Nous sommes nombreux, enseignants-chercheurs, à faire partie de commissions de spécialistes, ces mêmes commissions qui seront supprimées dès cet été. La rentrée universitaire 2008-2009 se fera, c’est désormais acté, et c’est totalement et malheureusement inédit, sans aucune création de poste d’enseignant-chercheur. J’invite donc l’ensemble des collègues à lire et proposer des corrections à la lettre de démission ci-dessous, avant de l’envoyer massivement, pour celles et ceux qui la trouveront pertinentes, à leur président d’université et au président de la commission de spécialiste dans laquelle ils siègent. Si cette démarche suscite suffisamment d’intérêt et de réactions, elle pourrait avoir un impact médiatique et administratif relativement fort, et notamment obliger les CNU à prendre clairement position sur cette question, leur actuel assourdissant silence étant la source de bien des (tristes) interrogations ...
Monsieur/Madame le président(e) de l’université de XXXXXX,
Monsieur/Madame le président(e) de la commission de spécialistes en XXXXème section,
Pour information, copie adressée à Monsieur/Madame le président(e) du Conseil national des universités en XXXXème section
Monsieur / Madame,
Je viens par la présente vous demander de prendre acte de ma démission de mon poste de XXXXXX de la commission de spécialistes de XXXXXème section de l’université de XXXXXX. Dans le cadre de la nouvelle loi d’autonomie des universités, les commissions de spécialistes seront dissoutes. Parmi les raisons invoquées, le localisme et le copinage sont autant de travers depuis longtemps déjà dénoncés dans le cadre du fonctionnement de ces commissions. Ces imperfections, si elles pouvaient donner lieu à quelques inacceptables abus, restaient cependant largement minoritaires. Et les remèdes et solutions alternatives étaient depuis déjà longtemps connus. Mais la nouvelle loi d’autonomie des université n’en tient aucun compte. Bien au contraire, elle érige en système et rend malheureusement encore plus incontournables l’ensemble des travers sus-cités, et les aggrave de manière inédite en reléguant l’essentiel - la confrontation scientifique avec ses pairs - au rang de l’accessoire. Au lieu de préserver ce qui fait l’essence même du postulat d’excellence du recrutement universitaire, au lieu de proposer des logiques d’évaluation permettant, toujours au travers du regard de ses pairs, d’améliorer la qualité de l’enseignement et de la recherche et de ceux qui la font, au lieu de prendre le problème du localisme et du clientélisme en amont en interdisant par exemple aux universités de recruter des candidats "locaux", la loi LRU préfère renforcer l’arbitraire sans offrir aucune garantie d’indépendance ou de lisibilité supplémentaire sur le processus de recrutement des enseignants-chercheurs. Par ailleurs, il semble désormais acquis qu’aucune création de poste ne se fera lors de la rentrée universitaire 2008-2009. En conséquence, prenant acte du sursis de quelques mois qui est accordé aux commissions de spécialistes, prenant acte de la mascarade des discours ministériels qui, tout en reconnaissant l’importance du taux d’encadrement des étudiants pour la réussite de leurs études, s’obstine à refuser les moyens humains nécessaires à une telle réussite, je vous demande, Monsieur le président, de prendre acte de ma démission à compter de ce jour. Souhaitant qu’une autre politique d’enseignement et de recherche soit encore possible, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de l’université de XXXX, mes salutations scientifiques et citoyennes.