Tentative de passage en force à la direction de Paris XII
Par
, le 1er mars 2008Où l’on voit comment l’actuelle présidente de l’université de Paris XII (Créteil) interprète la nouvelle loi afin de conserver le pouvoir
Comme l’indique « Le Monde » dans son édition du 27 février 2008, les universités sont bien en campagne électorale. En effet, dans nombre d’entre elles (Paris 13, Le Mans, Dijon, Paris 4, Paris 6, Paris 12, ...), les résultats des élections dans les conseils centraux, et particulièrement au Conseil d’Administration (CA) – devenu seul conseil électeur du président dans le cadre de la loi LRU – conduisent à la mise en ballottage de Présidents qui croyaient être tranquillement confirmés par les dispositions transitoires prévues par le législateur (point IV de l’article 43 de la loi Pécresse).
Tous les Présidents ne prennent pas la nouvelle avec la même sérénité, si l’on en croit la tournure que prennent les événements à Paris 12 Val-de-Marne !
En effet, les membres nouvellement élus à P12 ont lu avec stupeur la première convocation du nouveau CA, le 7 mars, et l’ordre du jour établi par la Présidente en exercice. C’est ainsi que, sans concertation préalable, a été annoncé le scénario qui prévoit à 9h00 – en formation restreinte aux membres élus – « l’approbation de la liste des personnalités extérieures présentée par la Présidente » et à 9h30 – en formation plénière, c’est-à-dire en présence des membres extérieurs – le« maintien en exercice de la Présidente ».
Ce scénario n’est évidemment pas anodin : en jouant des ambiguïtés des textes de la LRU dans les conditions transitoires actuelles, on nous enrôle dans une pièce où les acteurs, c’est-à-dire les élus du CA, se feront forcer la main sachant que le collège des personnalités pressenties par le président et dûment convoquées sera là, physiquement présent dans le couloir à quelques mètres d’eux. Il s’agit, comme l’indiquent les élus des listes SNESUP-SLR-SNCS et SNASUB dans leur Communiqué, d’un « choix de passage en force », car en cas de rejet de cette liste par les élus, il se trouvera bien quelqu’un pour les accuser de manquer de courtoisie et de bloquer le système…
Cette convocation va de pair avec une lettre ouverte à l’ensemble des personnels élus, provenant de la Présidente de Paris 12 manifestement très agacée par notre Adresse à l’ensemble des collègues. Cette déclaration demande en effet que les résultats du scrutin soient entendus et conduisent à infléchir le mode actuel de gouvernance, le projet d’établissement et le positionnement de Paris 12 vis-à-vis du Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur Paris-Est (« Université Paris-Est »).
On voit ici combien cette loi votée dans la précipitation – contre la communauté scientifique, mais avec le soutien de la CPU (conférence des présidents d’université) – est contre-productive, y compris pour ses propres promoteurs.
Au-delà de la politisation des relations professionnelles à l’intérieur des établissements, l’interprétation libre des dispositions transitoires risque bien de fragiliser juridiquement les exécutifs.
28-02-2008.
Les élu.e.s des listes SNESUP – SLR – SNCS et SNASUB – FSU de l’Université Paris 12.