Rôle des régions dans les orientations choisies
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Rôle des régions dans la définition de la recherche
1er octobre 2008, par Angélica Keller, CR CNRS SDV, élue au CA de l’Université Paris 12
Voici un exemple d’action menée au sein du CA de l’Université Paris 12
Nous (liste d’opposition incluant SLR) avions fait voter une motion contre le démantèlement du CNRS en CA du 6 Juin 2008 (http://www.sauvonslarecherche.fr/IM...).
Suite à cette action, Madame Liliane Pierre, Conseillère générale déléguée à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, pour le Val de Marne et membre du CA de l’Université Paris 12 m’a envoyé une lettre datée du 8 Juillet 2008 qu’elle veut bien rendre publique, et par laquelle elle rejoint nos préoccupations sur les points suivants :les conséquences de la loi LRU
l’abandon des principes de service public auxquels nous sommes attachés pour la recherche et l’enseignement supérieur.
la nécessaire autonomie des scientifiques par rapport au pouvoir politique
nos vives inquiétudes sur le maintien de l’emploi statutaire et des crédits de base des laboratoires.
le CNRS "doit rester un organisme pluridisciplinaire où toutes les disciplines scientifiques sont représentées".
J’insiste sur l’exemple d’une action apparemment minime et dont beaucoup - en particulier la présidence de l’Université - semblent mettre en doute l’utilité, mais qui permet d’obtenir un soutien politique au niveau de la région et de rendre publiques nos analyses et nos inquiétudes.
Angélica KELLER
SLR P12Créteil, le 8 juillet 2008
N.Réf. : LP/JS
Aux Acteurs de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Madame, Monsieur,
Près d’un an après avoir fait adopter au pas de charge et à la sauvette la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (LRU), la Ministre poursuit l’œuvre de mise au pas et de saccage du service public d’Enseignement Supérieur et de Recherche dans une même démarche de soumission aux intérêts à court terme du privé. La stratégie du ministère reste constante : avancée par réformes successives en prenant soin d’éviter le rassemblement des mécontentements.
Au lendemain du vote par le Conseil d’administration du CNRS de son plan stratégique pour 2020, je ne peux que regretter la précipitation dans laquelle cette décision s’est prise, le texte a été connu 48h avant le vote. Si le nouveau texte prend en considération des exigences fortes exprimées par les chercheurs comme le maintien de l’ensemble de toutes les disciplines à égalité de traitement, il reste très imprécis sur le devenir de missions et sur les moyens pour les assumer et donc les menaces persistent. D’ailleurs, le Gouvernement ne dira rien avant l’automne sur le remplacement des postes ou sur le budget du CNRS. C’est ce qui explique le vote contre des représentants du personnel et des représentants du monde du travail.
Ce schéma stratégique s’inscrit dans la révision générale des politiques publiques acté pour la recherche et l’enseignement supérieur le 11 juin dernier : nouvelle augmentation de la part du financement sur projet, attribution des crédits aux unités de recherche sur critère de performance (lesquels ?), économie de gestion avec mutualisation des fonctions support (combien de postes administratifs supprimés ?), augmentation du financement privé, possibilité pour les organismes de recruter sur des contrats hors statut et réforme de tous les organismes avec la création d’instituts nationaux au sein du CNRS. Il répond à la mise en place d’une politique de recherche sur projets dont la première conséquence est la montée de la précarité des emplois.
Le plan stratégique proposé pour le CNRS comporte donc potentiellement un risque de démantèlement de l’organisme public pilote de la recherche fondamentale de notre pays. Avec ce mauvais coup, le gouvernement exprime sa volonté de soumettre les sciences humaines et les sciences du vivant à des appétits répondant plus à une logique financière à court terme que d’une logique de développement répondant aux besoins.
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Ces interrogations sont posées par les scientifiques dont les plus de 2200 personnels travaillant dans les laboratoires du CNRS implantés dans le Val-de-Marne. Le CA de l’Université Paris XII l’a également exprimé lors d’un vote d’une motion le 6 juin dernier en demandant « un moratoire permettant une réelle concertation avec l’ensemble des acteurs concernés »
Il ne s’agit pas de rester au statu quo mais d’exiger au contraire de voir un outil public performant mieux à même d’intervenir pour contribuer à résoudre les défis considérables de notre temps. C’est pourquoi, je m’associe aux revendications exprimées par les chercheurs, à savoir que :le CNRS doit rester un organisme pluridisciplinaire où toutes les disciplines scientifiques sont représentées et maintenir l’établissement dans son rôle national,
l’autonomie des scientifiques par rapport au pouvoir politique doit être garantie (nomination, politique scientifique) dans le cadre des grandes orientations fixées par l’état,
l’emploi statutaire doit être la norme dans la recherche publique, il doit être développé et les qualifications reconnues dans le cadre d’un plan pluriannuel de créations d’emplois,
les crédits de base des laboratoires et des organismes doivent être le financement normal de la recherche. Il s’agit donc d’organiser le transfert d’une partie du budget de l’Agence Nationale de la Recherche vers le CNRS pour que ce dernier ait les moyens de sa politique scientifique,
la réflexion sur les relations entre organismes et établissements d’enseignement supérieur doit être menée dans le cadre d’une coordination entre les directions et les instances démocratiques concernées.
Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.
Liliane PIERRE
Conseillère générale déléguée
A l’Enseignement supérieur et à la Recherche