La surveillance sismique et volcanique en Italie est en danger
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, le 14 octobre 2008Les précaires de l’I.N.G.V. (Institut National de Géophysique et Vulcanologie) (Italie) sont mobilisés : la surveillance sismique et volcanique en Italie est en danger.
Le monde de la recherche publique italienne traverse actuellement une période de grande inquiétude et de forte mobilisation, à la suite des attaques irresponsables portées contre les travailleurs de la recherche, qu’ils soient précaires ou non, par la loi 133/2008 et en particulier par l’amendement 37 – bis du décret DDL 1441-quater, en discussion ces jours-ci à la Chambre des députés.
L’amendement 37- bis, entre autres choses, prévoit la suppression dans de brefs délais de certains alinéas de la Loi de finances 2007, qui fixaient une procédure pour l’embauche de personnels précaires satisfaisant des conditions d’ancienneté précises. Les personnels précaires de la recherche sont des travailleurs qui, dans la plupart des cas, sont en possession de plusieurs diplômes : "Laurea" [NDLR : l’équivalent d’une maîtrise], doctorat, qualifications (obtenues par concours) pour accéder à des postes de professeur universitaire, expériences professionnelles à l’étranger, parfois pluriannuelles, de nombreuses années de formation, toutes choses ayant coûté des centaines de milliers d’euros à la collectivité pour atteindre de très hauts niveaux de spécialisation. La condition de précarité contractuelle de ces personnels est la conséquence logique de presque une décennie de gel des embauches et de coupes dans les effectifs de titulaires, auxquels la Loi de finances 2007 (ainsi que la suivante) était censée mettre fin.
La classe politique dans son ensemble reconnaît que la recherche dans un pays civilisé n’est pas un choix facultatif : les investissements dans les secteurs de la recherche posent les bases pour la croissance, le développement et la sauvegarde d’un pays.
Les financements et les salaires de la recherche publique italienne sont parmi les plus bas des pays développés ; imposer des réductions supplémentaires dans les effectifs titulaires des Instituts (loi 133/2008, approuvée en août 2008), supprimer en quelques mois les procédures de stabilisation, rendre difficiles ou impossibles les renouvellements contractuels sans prévoir un plan de financement pour de nouveaux concours, sont des mesures qui conduiraient à une crise de l’ensemble du système de recherche italien. L’Institut National de Géophysique et Vulcanologie compte 1000 travailleurs, 40% desquels ont un contrat à durée déterminée. L’INGV effectue une activité de recherche avec des résultats de très haut niveau : en 2008 il s’est avéré être le premier Institut de Géophysique au monde pour la qualité des travaux et des publications (source : sciencewatch.com), 75 % desquels incluent parmi leurs auteurs au moins un travailleur précaire.
Outre l’activité de recherche, une autre mission importante confiée à l’INGV est la surveillance de l’activité sismique et volcanique sur tout le territoire italien. L’Institut contribue ainsi de façon structurelle au système de Protection Civile. Dans les 3 salles de surveillance, les personnels statutaires et précaires se côtoient 24 heures sur 24 et 365 jours par an pour la surveillance du territoire italien et pour garantir une prompte intervention en cas de tremblement de terre ou d’éruption volcanique. Rendre plus qu’incertain l’avenir de 400 personnels précaires signifie aussi mettre en danger tout ce système et créer les prémisses pour une perte de personnel hautement spécialisé. Dans le cas d’un éventuel accident sismique ou volcanique, il ne sera plus possible de fournir au Département de la Protection Civile et au Ministère de l’Intérieur, avec les modalités garanties jusqu’à aujourd’hui par l’Institut, les informations nécessaires pour une intervention immédiate dans les zones touchées. L’essentiel de la presse italienne, directement liée au pouvoir, ne fait pas état de cette grave situation, alors que plusieurs manifestations et protestations sont en cours dans tous les secteurs de la recherche italienne. La discussion de l’amendement en question est prévue le 9 octobre prochain. Nous vous prions de relayer cet appel et de nous soutenir, chacun à sa manière, afin que le gouvernement italien prenne conscience de la l’importance primordiale de la sûreté et du monitorage, dans un pays à forte activité sismique comme l’Italie.
Les employés précaires de L’Institut National de Géophysique et Vulcanologie
Mail : precari@ingv.it Tel : +39 06 51 860 633 Web : http://precariatingv.wordpress.com ; http://www.ingv.it