Une recherche publique sans chercheurs mais avec des intermittents, voilà ce que veut le gouvernement
le 29 janvier 2004
Alors qu’un appel pour « Sauver la recherche », lancé il y a trois semaines par quelques directeurs de laboratoires annonçant leur future démission à défaut de plan d’urgence pour sauver les emplois scientifiques, dépasse les 30 000 signataires, le gouvernement continue de faire la sourde oreille et de diffuser des informations mensongères.
NON, la recherche n’est plus une priorité : sur les 5 000 postes de fonctionnaires supprimés en 2004, 550 sont pris sur la recherche publique, soit plus de 10 %, alors qu’elle ne représente que 1 % du total des postes de fonctionnaires.
NON, le budget de la recherche n’est pas en augmentation de 3,9 %. Il manque 618 millions d’euros pour atteindre en 2004 le niveau de début 2002.
En 2004, aucune création de poste à l’Université, pratiquement aucune création à I’INSERM (30 postes contre 90 en 2003). Même chute abyssale au CNRS et dans les autres organismes de recherche publique (moitié moins de créations de postes en 2004 qu’en 2002).
Et que proposeton à la place aux jeunes scientifiques après 10 ans d’études ? Quelques CDD d’un an ou 2 ans, sous payés, sans aucune perspective pour la suite. Après les intermittents du spectacle, voilà le temps des intermittents de la recherche...
La France paie la formation des étudiants et jeunes chercheurs qui sont délibérément envoyés dans le mur et finissent par aller travailler aux EtatsUnis. Donnonsnous les moyens de ne pas perdre cet investissement.
NON, les découvertes ne peuvent être programmées sur 2 ans, ni même sur 5 ou 10. Il faut se rappeler qu’entre les débuts des recherches sur la résonance magnétique nucléaire et leur application à l’imagerie médicale il s’est écoulé près de 50 ans. Croyezvous que le MEDEF paiera la recherche fondamentale ?
Le sacrifice actuel de la recherche publique française sur l’autel d’une illusoire rentabilité immédiate est une erreur politique fondamentale dont les conséquences à moyen et à long termes seront irréparables : gaspillage de l’argent des contribuables (la France forme ces jeunes scientifiques du primaire à l’université pour le plus grand profit des pays étrangers où ils sont contraints de s’exiler), perte du potentiel humain et de ses compétences en l’absence de remplacement des personnels partant en retraite (50 % des personnels du CNRS partiront d’ici 2010). Demain la France sera un pays scientifiquement sinistré.
FSU (SNCS, SNPCEN, SNEsup) , SNTRSCGT (CNRS, INRIA, INSERM, IRD), CGTINRA, CGT INRETS , CGT INED, SNPREES-FO, SNPTES-UNSA, SGEN-CFDT (CNRS, INRIA, INSERM, IRD, INRETS), SUD-Recherche-EPST, CECP (Collectif des Etudiants et Chercheurs Précaires)