lettre au président, rapport CNRS
le 29 janvier 2009
Je reprends ce rapport, déposé d’abord le 12 décembre 2008, après avoir écouté le discours du Président de la République sur l’enseignement supérieur et la recherche, prononcé le 22 janvier 2009. Le Président m’explique, ainsi qu’à tous les autres enseignants-chercheurs, chercheurs, ingénieurs et personnels administratifs du pays dont il a la charge, que je participe à des « structure obsolètes » qu’il est impératif de réformer, sous peine de voir le pays continuer à plonger dans la crise qui le frappe’ nous participons, selon les dires de M. Sarkozy, d’un système dans lequel « celui qui agit est en même temps celui qui s’évalue » ; qui « gaspille temps et argent » comme « nulle part en France ». A contrario, de nouvelles agences telles que l’ANR contribueraient à la rénovation et la modernisation de notre service public de la recherche. Je suis au regret de constater, étant à la fois chercheur CNRS et coordinatrice d’un programme à l’ANR que, loin des contre-vérités de M. Sarkozy, le CNRS est l’agence qui fait évaluer ses chercheurs chaque année par des pairs (fiches annuelles d’activité) ; tous les 2 et 4 ans sur la base de listes de productions scientifiques et de rapports de recherche entre 15 et 30 pages ; pendant que l’Agence Nationale de la Recherche verse en moyenne 225 000 euros à des équipes entre 10 et 30 personnes, sur 3 à 4 ans, au sortir de quoi elle projette actuellement de les évaluer sur la base d’un rapport de 10 pages (DIX pages). Que M. Sarkozy ne vienne donc pas nous faire la leçon sur des agences soi-disant rétrogrades qui évaluent aussi régulièrement leurs chercheurs, pendant qu’il met en place des agences qui n’évaluent rien du tout et paient beaucoup. Etant statutairement appelée à rendre compte de mon activité, je demande aux autorités du CNRS de transmettre ce rapport d’activité, par voie hiérarchique, au Président Sarkozy, afin qu’il puisse prendre les mesures coercitives qui s’imposent et dont il fera légitimement usage étant donné les pleins pouvoirs qu’il s’est octroyés par son élection.
Anne VERJUS
Anne Verjus Chargée de Recherche au CNRS Triangle, Umr 5206 Université de Lyon