Alain Perez des Echos, "muse" de Sarkozy
Par
, le 10 février 2009Par Henri-Edouard Audier
Comment Sarkozy a-t-il pu faire un tel discours de haine, allant même au-delà du contenu catastrophique de sa politique ? Son inspirateur : un militant anti-CNRS qui se prétend journaliste, l’inénarrable Alain Perez des Echos, qui nous crache dessus depuis des années.
L’article d’Alain Perez du 08/01/09 et le discours de Sarkozy du 22/01/09
Il y a une très forte convergence entre cet article et le discours de Sarkozy qui a fait un tollé dans notre milieu : mêmes arguments, mêmes chiffres choisis, mêmes insultes. Exemples :
"A budget égal, le chercheur public français produit entre 30 et 50 % de moins de savoirs que son homologue allemand ou britannique" (Perez) et "Je ne veux pas être désagréable, à budget comparable, un chercheur français publie de 30 à 50% en moins qu’un chercheur britannique" (Sarkozy).
"En terme d’effectifs, la recherche publique française (…) devance d’environ 13 % celle du Royaume-Uni" (Perez) et la France a "environ 15% de chercheurs statutaires en plus, que nos amis Anglais" (Sarkozy).
"Les budgets n’expliquent pas non plus ces variations [nombre de publications]" (Perez) et "La recherche serait-elle uniquement une question de moyens et de postes ?" (Sarkozy).
Et au sympathique " je vous remercie d’être venu, il y a de la lumière, c’est chauffé……" de Sarkozy, parlant d’un laboratoire public, correspond "la léthargie des chercheurs hexagonaux anesthésiés par le doux oreiller du fonctionnariat" de Perez.
Nous avons déjà répondu sur la fausseté des affirmations
Depuis près d’un an est sur le site SNCS et sur le site SLR une comparaison de statistiques internationales (ici). Dans le discours de Sarkozy commenté (ici) nous avons répondu point par point aux mensonges. Soulignons trois aspects :
Le "fantasme d’un budget de la recherche le plus élevé du monde", cher à Sarkoperez est basé sur une confusion volontaire entre "le financement de la recherche publique" (organismes, universités, agences), pour lequel le classement de la France est plus que médiocre, avec "le financement public de la recherche" qui inclut l’aide au privé, la recherche industrielle d’Etat, la recherche militaire et la participation grands programmes technologiques (chapitre 3 du premier document cité).
Pour les publications, dans le chapitre 9, il est montré que le coût d’une publication en France est comparable (légèrement moindre) que dans les autres pays. Sauf le Royaume-Uni semble faire mieux que pratiquement TOUS les autres pays avec un paramètre (les dépenses de la recherche académique) qui nous semblait honnête, même s’il est défavorable à la France.
Plusieurs mois avant que Sarkoperez parle de la productivité comparée par chercheur nous écrivions (chapitre 9) : "La deuxième difficulté [pour faire des comparaisons internationales] vient du fait que les services statistiques nationaux ne comptent pas encore de la même façon. Ainsi beaucoup de pays ne décomptent pas les post-docs et les doctorants parmi les chercheurs, particulièrement les Anglo-saxons : si on compare le coût d’une publication par chercheur, cela n’a aucun sens". Or c’est exactement l’argument qu’utilise Sarkozy pour assassiner le système français.
Un aide de camp préparant les "réformes" par la dévalorisation des scientifiques
Il serait vain de faire le tour de tous les crachats que nous avons reçu de cet écrivassier qui, comme nous l’écrivions, est au journalisme "ce que les guérisseurs sont à la médecine et le Sacré-Cœur à l’art roman". Nous nous en tiendrons à l’article commentant le rapport de la Cour des comptes sur le CNRS : "Le bon, les brutes et le truand" (ici). Il se terminait ainsi :
"Raconté par le dernier survivant de la Pravda, réfugié aux Échos, le rapport de la Cour - tronçonné, recomposé et surinterprété - sert de machine de guerre à ce militant anti-CNRS, au point d’en perdre toute référence déontologique. Il faut dire, qu’à l’évidence, la ministre et un conseiller de Sarkozy lui avaient prêté leurs lunettes pour mieux interpréter le texte. Pour donner le ton, deux intertitres qualifiant le CNRS pour le lecteur pressé : « usine à gaz » et « structure obsolète ». Après avoir épilé et caricaturé toutes les expressions du rapport désagréables pour le CNRS, il en rajoute : « En clair, les unités de recherche n’en font qu’à leur tête », « cette pratique autocratique risque de coûter cher au contribuable », « cette prérogative [la stratégie scientifique] appartient au pouvoir politique et non à une poignée de scientifiques rêvant d’autogestion post-soixante-huitarde [Migus ?] », « [le Comité national] évalue selon des méthodes endogamiques », « l’habileté des fonctionnaires à maintenir en vie des structures obsolètes », etc. Mais la dernière phrase explique tout : « Autant de points qui présagent des négociations musclées entre le CNRS et le ministère avant la signature du prochain contrat de plan quadriennal. » On comprend mieux que la ministre ait fait tant de confidences au dernier survivant de la Pravda". Nous y sommes.
Bien entendu Sarkozy, comme Perez, ont raison contre tous. La position des présidents du Conseil scientifique et des CCS de l’INSERM critiquant la réforme de l’organisme : ignorée.
Le vote unanime de la CP-CNU demandant le retrait du "décret" : ignoré. La position du Conseil scientifique du CNRS refusant le démantèlement de l’organisme, celle de tous les présidents de Conseil de département ou des présidents de sections du Comité National : ignorées. Le soutien de tous les partis de gauche au mouvement actuel : ignoré ; "du reste ils n’ont rien à proposer". Celui de Bayrou semble aussi passer à la trappe. Tout comme la protestation, il va sans dire, polie de l’Académie des sciences qui ne fait pas recette.
Il est donc hautement significatif que Sarkozy ait choisi une telle "muse".