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Danemark : État des lieux

le 7 décembre 2009

Mobilisations européennes contre les politiques d’ESR actuelles

http://redfriforsk.blogspot.com/2007/01/improve-danish-research-and-education.html


Echantillons de la presse européenne sur les réactions aux réformes de l’ESR

Danemark

http://www.cphpost.dk/news/national/88-national/44820-students-protest-over-funding-issue.html


Lisbeth Verstraete-Hansen, Professeure associée, HEC Copenhague*

English abstract

Denmark : The Situation in Higher Education and Research in May 2009

By Lisbeth Verstraete-Hansen, Associate professor at the Copenhaghen Business School (Department of International Culture and Communication Studies)

(Paper prepared for the meeting « For Another Europe of Knowledge », which took place on May 2009, 30th in Paris)

Due yo the reforms conducted since 2001, Denmark is considered as a good pupil by the official European standards. These reforms resulted in :

  • a process of merging of institutions dedicated to higher education and research
  • a university governance based on direction boards composed in majority of people taken out of the university ; elected universites chairmen but hired vice-presidents and deans
  • funding allotted in increasing proportions by a Strategical Research Agency focused on applied research at the expense of structural university funds, which are themselves based on performance indicators (students "employability", capacity to capture external funding etc) ; research assessment by bibliometrics is still in debate.
  • a severe loss in academic freedom

Widely hostile reactions have been hindered by the local tradition of « social peace » but a petition initiated by the blog « Forskningsfrihed » (Research Freedom) was signed by 3000 scholars out of 8000. The 2003 Law is being assesed by a panel of experts whereas the government has already announced it will not be modified (English abstract by M.-P. Gaviano)

Communication pour la journée « Pour une autre Europe du Savoir » qui s’est déroulée le samedi 30 Mai 2009 au « 104 », 104 rue d’Aubervilliers, Paris.

Suite à la conférence ministérielle tenue à Louvain fin avril, un communiqué de presse diffusé par le Ministre des Sciences, de la Technologie et du Développement a annoncé que, dans la course aux réalisations des objectifs fixés pour 2010, le Danemark occupe la deuxième place après l’Écosse et devant la Suède ! Cela en dit déjà long sur la situation des universités danoises qui, depuis 2001, année où le gouvernement actuel est arrivé au pouvoir, voient les réformes (timidement amorcées par le gouvernement précédent) se succéder à un rythme plus que soutenu.

En synthétisant un peu, on peut parler d’une triple réforme touchant : les structures, le mode de gouvernance et le financement.

1/ Réforme structurelle implique la fusion – obligée – des universités -*soit avec d’autres universités, soit avec les hautes écoles techniques, pédagogiques et commerciales qui, depuis 1992, sont considérées commes des établissements supérieurs d’enseignement et de recherche et régis par la loi sur les universités ; -*d’autre part les « organismes de recherche finalisée » destinés à éclairer les décideurs sur les conséquences de leur politique.

À l’avenir, une partie du financement des universités devraient provenir de la recherche finalisée, ce qui veut dire, entre autres, que les universités doivent entrer en compétition pour obtenir des contrats de recherche sur des projets « préformulés » par l’administration publique... → Pensée critique mise sous pression. Des résultats indésirables feront passer les contrats et l’argent ailleurs, vers des chercheurs ou des établissement plus « coopératifs » !

Curieusement, la réforme structurelle ne repose sur aucune analyse préalable mais uniquement sur le postulat qu’il y avait trop d’universités ou de centres universitaires pour un petit pays. [N’empêche que ces temps-ci, le ministre a lancé l’idée de la création d’une nouvelle université... privée… ]

2/ Réforme de gouvernance introduite par la loi sur les universités votée en 2003. Cette loi, qui vise à transformer le mode de gouvernance des établissement de recherche sur le modèle de l’entreprise, a aboli l’autonomie collégiale à tous les niveaux.

Avant 2003, le président de l’université, les doyens de la faculté et les directeurs d’UFR étaient tous élus par les enseignants-chercheurs.

Aujourd’hui, un Conseil d’Administration – dont la majorité des membres, conformément à la loi, sont recrutés hors de l’université – élit le président ; le président embauche le vice-président et les doyens ; ces derniers embauchent les directeurs d’UFR. Les relations entres ces différents niveaux de pouvoir sont réglées par des contrats précisant les objectifs à atteindre.

Les enseignants-chercheurs siègent au conseil académique de chaque faculté, mais ce conseil joue un rôle purement consultatif et n’a aucun recours légal contre les décisions prises par la direction.

3/ Réforme de financement

  • Diminution du budget alloué directement aux universités et création d’une Agence Nationale de la Recherche Stratégique à côté de l’Agence Nationale de la Recherche Libre dont les moyens sont nettement inférieurs à l’Agence Stratégique.
  • Allocation de moyens en fonction d’indicateurs divers dont je citerai quelques-uns :
    • Bibliométrie : L’incertitude règne. Une première tentative d’établir des listes d’autorité a échoué. 68 sous-comités composés de chercheurs reconnus ont établi des listes dans autant de domaines ; or, leurs listes ont été corrigées par des instances ministérielles si bien que les chercheurs ont ensuite refusé d’accorder de la légitimité au résultat final. L’exercice est à recommencer
    • Capacité d’attirer des « financements externes » ;
    • Nombre d’étudiants inscrits aux examens et la durée de leurs études ;
    • « Employabilité » des candidats.

Réactions :

En ce qui concerne la loi sur les universités, elle a certes suscité des résistances sous forme d’analyses et de commentaires très critiques, mais aucun mouvement de résistance coordonné comparable à ce que vous vivez en France. Les associations syndicales, de leur côté, ont formulé des critiques et organisé des conférences-débats, mais elles sont tenues de respecter « le devoir de paix sociale », ce qui veut dire que les arrêts de travail concertés sont contraires à la loi pendant la durée de la convention. Une pétition nationale a été engagée par un comité lié au blog « Forskningsfrihed » [fr : Liberté de recherche] l’année dernière ; elle a recueilli 6500 signatures dont 3000 venant des enseignants-chercheurs. Le nombre peut vous paraître dérisoire, mais 3000 chercheurs – sur les 8000 que compte le pays [de 5,5 millions d’habitants] – est un nombre qui prouve que le mécontentement et les frustrations sont très répandus.

La pétition demandait, entre autres, une révision de la loi sur les universités en vue de mieux protéger la liberté de recherche individuelle [menacée notamment par l’obligation de recourir au financement externe, par les programmes stratégiques et « d’excellence » qui jouent les universités les unes contre les autres, etc.].

De fait, la loi garantit la liberté de recherche aux « universités » mais non pas au « chercheur individuel ».

Bilan :

La loi sur les universités est actuellement en cours d’évaluation par un comité d’experts internationaux – tous étrangers et tous désignés par le Ministre qui a déjà fait savoir qu’il n’entend rien changer au mode de gouvernance actuel... Par ailleurs, le comité d’évaluation compte deux représentants qui ont un passé à l’OCDE et qui ont déjà participé a l’exercice il y a cinq ans ! Dans le rapport d’évaluation remis en 2004, le comité a décrit la loi comme « un pas dans la bonne direction », alors ... difficile d’espérer que le comité actuel arrivera à une autre conclusion !

*HEC Copenhague : Établissement de recherche et d’enseignement supérieur public. Depuis 1992 régi par la loi sur les universités.