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Happy Birthday Lisbologna !

Nous irons à Vienne, nous irons à Bruxelles souffler les bougies du Processus de Bologne et de la Stratégie de Lisbonne

le 3 mars 2010

Bologne brûle…

Du 11 au 14 Mars à Vienne, la Conférence des Ministres de l’Education de l’Union Européenne célèbrera (avec un an de retard) le dixième anniversaire du Processus de Bologne.

Signée en 1999, la déclaration de Bologne promettait d’harmoniser les cursus universitaires en Europe pour faciliter les échanges étudiants. Son résultat : des « entraves à la mobilité qui pourraient découler des modifications structurelles engendrées par le processus de Bologne. Les rares données disponibles semblent indiquer que l’instauration de structures en trois cycles peut entraîner une stagnation temporaire, voire une réduction de la mobilité des étudiants durant une phase d’adaptation. » [1].

Le processus de Bologne visait aussi à instaurer des « cursus modernisés et flexibles à tous les niveaux et correspondant aux besoins du marché du travail » [2]. Il les a ici désarticulés, là comprimés et contraints (révoltant la communauté académique allemande), et partout il prend pour critère de modernité ces besoins du marché du travail que nul ne peut prévoir, pas même les entreprises conviées à définir les programmes.

Quant à la hausse des droits d’inscription effective ou prévue partout en Europe, elle est conforme à la pudique « diversification des ressources » recommandée au niveau européen

C’est pourquoi nous serons à Vienne du 11 au 14 mars au contre-sommet international Bolognaburns organisé par les étudiants autrichiens en réponse à la Conférence officielle célébrant l’anniversaire de Bologne. C’est pourquoi en particulier nous participerons à la manifestation du 11 mars à partir de 15 heures.

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Lisbonne est un brasier…

Les 25-26 Mars 2010, à Bruxelles, le Conseil Européen des chefs d’Etat et de gouvernement célèbrera les dix ans de la Stratégie de Lisbonne.

La stratégie de Lisbonne pour plus de croissance et d’emploi promettait d’investir 3% du PNB en recherche et développement. Elle fête son anniversaire par un piteux 1,90% (soit un progrès de 0,5% par rapport à 2000) avec de fortes variations selon les Etats. Des coupes budgétaires cruelles trouent le tissu de l’enseignement supérieur et de la recherche : des milliers d’emplois scientifiques sont menacés dans les universités britanniques, où plusieurs dizaines de milliers de candidats ne trouveront cette année pas de place ; en Italie la loi Gelmini interdit de remplacer plus d’un enseignant-chercheur sur deux et les universités sont contraintes de vendre leurs biens immobiliers les plus prestigieux.

Recherche-éducation-innovation : le triangle magique de la connaissance qui devait nourrir la croissance et l’emploi a viré au lit de Procuste : il ampute impitoyablement la recherche de ce qui ne sert pas à court terme l’innovation technologique et prive du même coup celle-ci des ruptures scientifiques qui la nourrissent. Les plus brillants scientifiques britanniques se sont récemment élevés contre un nouveau système d’évaluation fondé sur cet aveuglement

L’autonomie des établissements d’enseignement supérieur et de recherche promue au niveau européen se définit par « de nouveaux modèles de gouvernance interne basés sur l’adoption de priorités stratégiques et sur une gestion professionnelle de leurs ressources humaines, de leurs investissements et de leurs procédures administratives » [3] récompensant « les qualités de leadership ». Ces nouveaux modèles sont à l’œuvre : le Danemark pleure sa liberté de recherche ; comme en France la loi LRU, la loi Gelmini concentre en Italie les pouvoirs entre les mains des présidents d’université, et en Espagne, la Ley de Ciencia s’apprête a faire de même.

C’est pourquoi, comme membres du Collectif Printemps 2010, nous co-organisons le Sommet Alternatif « Pour une autre Europe de la Connaissance » le 25 Mars au Parlement Européen à Bruxelles, où avec tous les présents nous énoncerons nos exigences et notre projet.

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Et nous empêcherons EU-2020 de nourrir l’incendie

En même temps qu’il célèbrera l’anniversaire de Lisbonne, Le Conseil Européen des 25-26 mars décidera l’agenda européen des dix prochaines années, baptisé Europe-2020.

Les documents préparatoires, qui se réfèrent explicitement aux « valeurs fondamentales de la stratégie de Lisbonne » en préfigurent la teneur. Ils fixent comme objectif «  l’acquisition dans les universités et les centres de recherche d’une base de connaissance fortement élargie et en constante évolution qui puisse rapidement se transformer en produits, services, approches et méthodes innovants dans l’économie et la société en général ; » Ils affirment « la nécessité de réformer plus avant les modes d’administration et les structures de financement des universités en vue d’une autonomie et d’une responsabilisation accrues, afin de permettre le développement d’un flux de recettes plus diversifié et de favoriser une collaboration plus efficace avec le monde de l’entreprise et de doter les universités des moyens nécessaires pour jouer leur rôle dans le triangle de la connaissance au niveau mondial ; »  [4]

Les instances européennes allèguent invariablement que l’enseignement supérieur et la recherche relèvent des Etats-membres, lesquels invoquent l’Europe pour masquer leur responsabilité. Il y a eu la « vague anomale » qui a soulevé à l’automne 2008 les universités italiennes, la révolte des étudiants espagnols et le mouvement français du printemps 2009. Cet automne deux mois d’occupation des universités autrichiennes puis allemandes ont entraîné dans leur sillage d’autres pays européens. Des grèves secouent actuellement les universités britanniques.

Le moment est venu d’agir de concert.

C’est pourquoi nous invitons l’ensemble de la communauté scientifique à prendre part massivement avec nous à l’un et l’autre contre-sommets, en faisant le voyage de Vienne et de Bruxelles ou à défaut à prendre part aux actions organisées localement .

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[1] Commission Européenne, Communication de mai 2006

[2] Commission Européenne, Communication de mai 2006

[3] Commission Européenne, communication de mai 2006

[4] Conclusions du Conseil et des représentants des gouvernements des États membres, réunis au sein du Conseil le 26 novembre 2009, sur le renforcement du rôle de l’éducation en vue d’assurer le bon fonctionnement du triangle de la connaissance, publiées 12-12-2009 au Journal officiel de l’Union européenne