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Universités italiennes en révolte (mai-juillet 2010)

le 28 juin 2010

Version actualisée au 20 juillet 2010

Les universités italiennes sont engagées depuis mai dans un nouveau bras de fer avec le gouvernement sur les derniers volets de la loi Gelmini (les premiers datent de l’automne 2008) dont le vote au Sénat, retardé depuis plusieurs mois, est imminent. Est entre autres prévue la non-reconnaissance du statut d’enseignant des "chercheurs" (catégorie la plus "basse" des personnels universitaires) qui souvent assurent gratis des tâches d’enseignement sans lesquelles les universités ne peuvent fonctionner. Cette non-reconnaissance et un recrutement désormais sur contrat à durée limitée multipliera, selon les opposants, le nombre de précaires déjà massif (voir Le travail précaire dans les centres de recherche et dans l’Université italienne).

S’ajoutent de très lourdes coupes budgétaires. Et l’augmentation des droits d’inscription destinée à les compoenser.

Occupations et grèves de se sont succédées depuis mai et les examens sont actuellement bloqués dans de nombreuses universités (voir le site de l’ANDU).

Quelques articles récents dans la presse transalpine :

  • 18 mai 2010 La Repubblica Universités. Occupations en chaîne contre la loi Gelmini : « les étudiants sont avec moi » : Bari, Naples, Florence, Turin, Bologne, Palerme, Milan, et Rome en tête. Cours suspendus au moins jusqu’à samedi. La protestation des chercheurs contre la « situation dramatique dans laquelle se trouvent les centres de savoir en raison des coupes budgétaires imposées par le Ministère"
  • 3 juin 2010 Corriere del Mezzogioro Tous dans la rue contre la réforme Gelmini : ce matin à Naples sit-in de protestation organisé par les chercheurs et les enseignants chercheurs des universités de Campanie
  • 24 mai La Repubblica Université bloquée pendant une semaine. Les chercheurs : "Pour nous aucun avenir". Du 17 au 22 mai arrêt des cours pendant une semaine dans toutes les universités italiennes.
  • 24 juin 2010 La Repubblica Les présidents sonnent l’alerte : « En 2011, ce sera l’effondrement » Entretien avec Enrico Decleva, president de la CRUI [CPU italienne] : « si les coupes sont celles qui sont prévues depuis deux ans, non ne serons plus en mesure d’exécuter les budgets… »
  • 28 juin Il Messagero (hors ligne) Examens bloqués et occupations : le très chaud mois de juillet des universités. Protestation des professeurs et des chercheurs contre les coupes budgétaires : du 5 au 9 juillet assemblées et occupation des présidences.

Voici l’appel à la poursuite de l’action publié le 24 juin 2010 par les diverses organisations universitaires :

Contre le projet de loi sur l’université et la loi de finances (Déclaration unitaire)
  • 1er juillet Assemblées générales d’université dans les Présidences
  • du 5 au 9 juillet Semaine nationale de mobilisation

Réaffirmant le jugement négatif qu’elles portent sur le projet de loi 1905 concernant l’université que le Sénat s’apprête à discuter et sur la loi de finances qui frappe durement l’Université et ceux qui y travaillent, les organisations et les associations de l’Université prennent acte avec satisfaction de la mobilisation croissante toujours plus adéquate à la gravité de la situation.

Les instances collégiales et les assemblées ont en effet adopté ou sont en train de d’adopter les formes de protestation qui sont préconisées par les organisations et associations universitaires (grève des professeurs et chercheurs concernant les tâches d’enseignement légalement non obligatoires ; participation le 1er juillet aux assemblées d’université dans les présidences avec occupation symbolique de celles-ci) et en de nombreux cas vont au-delà (invitation à la démission des charges académiques et suspension de l’activité d’enseignement)

Pour intensifier la protestation, les organisations et les associations universitaires proposent du 5 au 9 juillet une semaine nationale de mobilisation de tous les personnels (enseignants, précaires, agents techniques et administratifs, étudiants) pendant laquelle, entre autres actions, seront convoquées des assemblées permanentes d’université et de faculté, de façon à impliquer pleinement les étudiants.

Les Présidents et les Conseils d’université sont fermement invités à de pas entreprendre d’action qui puisse en quelque façon faire obstacle aux actions de protestation.

ADI, ADU, AND, ANDU, APU, CGA, CISAL, CISL-Università, CNU, CONFSAL-CISAPUNI-SNALS, FLC-CGIL, LINK-Coordinamento Universitario, RdB-USB Pubblico Impiego, RETE 29 APRILE, SNALS-Docenti Università, SUN, UDU, UGL-Università e Ricerca, UILPA-UR

Vidéos

-*Turin 18 mai 2010 : occupation de la présidence de l’Université (Si le lecteur ne s’affiche pas cliquez ici)

(Résumé F. Delarue)

Cette première vidéo, tournée à Turin, évoque la journée nationale de mobillisation de mai 2010 en Italie contre la politique de recherche menée par le gouvernement Berlusconi. Y sont dénoncés la précarisation de la recherche publique italienne, le recours accru aux externalisations, une réforme sans financement pérenne des activités de recherche, l’introduction après la laurea (bac + 6) d’une période de précarité de 15 ans avant l’obtention d’un poste de titulaire en lieu et place des concours existants.

-*Milan 18 juin 2010 : Sous les huées ("Vergogna ! Vergogna ! Honte ! Honte !), M.Stella Gelmini, Ministre de l’éducation et de l’enseignement supérieur (en compagnie du journaliste Mario Giordano) est chassée avant d’avoir pu tenir sa conférence (si le lecteur ne s’affiche pas, cliquez ici)

(Résumé F. Delarue)

Cette deuxième vidéo montre, un mois plus tard à Milan, l’impossibilité pour Mario Giordano, directeur de News Mediaset (société de production qui offre ses services à Mediaset, groupe médiatique fondé par Silvio Berlusconi) et Stella Gelmini, ministre de l’Instruction publique de tenir la réunion prévue le 18 juin . Le casino (bordel en italien) est tel que l’un des premiers participants hurle de dépit (vogliamo ascoltare, uscite, fascisti = nous voulons entendre, sortez, fascistes !) tandis qu’un des organisations de cette opération brandit au contraire une affiche "la ministre de l’instruction publique déclare la guerre à l’école publique"¨.

Voir aussi

Mise à jour au 6 juillet 2010 :

30 juin dans Nature (en anglais) Strikes could ’break’ Italy’s universities

1er juillet Corriere della Sera La ministre de l’éducation M. Gelmini admet l’échec de la réforme du cursus universitaire en 3+2 (équivalent Licence+ Master] qui s’était substitué au traditionnel diplôme en 5 ans. L’échec tiendrait selon elle d’une part à la prolifération coûteuse de l’offre de formation et de l’autre au fait que les étudiants sont trop nombreux à poursuivre en master.

2 juillet La repubblica Naples. Après la SUN (Seconde Université de Naples) déjà paralysée par la mobilisation, la protestation s’étend à l’Université Frédéric II. Examens bloqués dans les facultés de sciences, des sciences pour l’ingénieur, et de psychologie.

3 juillet La repubblica Bologne. Sans les « chercheurs » cours bloqués. L’année prochaine, les cours de 1ère année ne démarreront pas à la rentrée à la Faculté des sciences de l’enseignement si la Ministre Gelmini ne revient pas sur la réforme des « chercheurs », qui ferme le recrutement dans cette catégorie. C’est l’annonce choc et du doyen de la Faculté, où les chercheurs (53 sur 130 enseignants en tout) assurent 40% des cours. Si la ministre ne recule pas, les inscriptions de 1ère année qui devraient débuter fin juillet n’auront pas lieu. A l’université de Bologne 700 chercheurs ont annoncé qu’ils n’assureraient pas les cours en septembre.

5 juillet Salerne Corriere del Mezzogiorno Après les lettres la philosophie et les science pour l’ingénieur, la Faculté de Pharmacie de Salerne adhère au mouvement de protestation (blocage des cours et des examens).

5 juillet La repubblica et 6 Juillet La repubblica Rome. Coupes budgétaires à l’Université de la Sapienza : 1/3 d’enseignants en moins (soit 1400/1500 postes), l’an prochain. Les examens se tiendront en juillet de nuit à la chandelle pour protester contre les ténèbres dans lesquelles les coupes budgétaires plongent la recherche et l’enseignement. Le président de l’Université justifie l’extinction du corps des chercheurs en affirmant qu’il faut chasser de l’université les tire-au-flanc qui ne produisent rien en recherche.

Mise à jour au 19 juillet


7 juillet La Repubblica A Rome examens à ciel ouvert. Ils se poursuivront de nuit.


13 juillet Il mattino di Padova A Padoue, un chercheur et deux enseignants-chercheurs en grève de la faim contre les réformes et les coupes budgétaires.


15 juillet La Repubblica Coupes budgétaires et réformes divisent le front académique.

L’agitation contre les la réforme Gelmini se poursuit avec manifestations, sit-in, blocage des examens ou des trouvailles de circonstances comme les examens à ciel ouvert ou de nuit. (…) Outre le blocage des examens l’année académique se dessine sur un horizon fort tourmenté. Et la division interne à l’université se révèle encore mieux dans la combinaisn de la réforme avec les coupes budgétaires imposées par Tremonti. Les coupes sont condamnées par tous chercheurs, professeurs, doyens présidents (…) Mais au-delà c’est le désaccord : les présidents se plaignent « d’attendre encore que le vote du projet de réforme de l’université soit mis à l’agenda du Sénat. Subsiste le risque concret que le projet de réforme ne soit pas approuvé par le Sénat avant la pause estivale. » Ainsi donc le projet de loi, qui aux yeux des chercheurs risque d’être le coup de grâce, est pour les présidents l’ultime moyen de sauver l’université.


18 juillet Il Sole La loi de finances rectificative confirme la cure d’austérité pour l’université.

En 2011 le budget fixe pour le fonctionnement des universités recevra 5,9 milliards d’euro, une baisse de 17% par rapport à 2010 (au lieu des 7,2 milliards prévus). En 2012 le budget s’élèvera à un peu plus de 6 milliards, mais ne pourra complter sur les 750 millions supplémentaires (dont 400 pour 2011) d’augmentation prévus dans les premières esquisses de la loi rectificative et supprimés, dans l’urgence et la précipitation, de la version officielle du projet, aujourd’hui en phase conclusive à la Chambre. (…)


19 juillet Il Messagero (hors ligne) : Université un loi pour abolir la valeur légale du diplôme universitaire. Proposition de loi du Popolo della Libertà [parti de Berlusconi].

(Résumé) Il s’agit pour le député du PPL de remplacer la valeur de certification nationale des diplômes par un simple titre académique de façon à susciter la concurrence entre les universités dont l’égalité ne serait qu’un trompe l’œil. Un document publié à l’automne dernier par les mInistres de l’éducation et du travail allait déjà dans la même direction : « A la valeur légale nationale des diplômes doit progressivement se substituer une logique d’accréditation des cours (…)"

Examens de nuit à l'Université La Sapienza de Rome

Vidéo

14 juillet : A l’Université de la Sapienza (Rome), examens en nocturne Si le lecteur ne s’affiche pas, cliquez ici

Sur les banderoles : "Une nuit sans sommeil ne tuera pas nos rêves", "Génial ! Les fainéants ne dorment pas la nuit !" (allusion aux propos du président Frati dénonçant les chercheurs tire-aux flancs)