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L’ANR, des expertises pour se faire battre

(fable moderne)

le 31 mars 2011

L’ANR a besoin de nos expertises pour fonctionner, par ailleurs en sélectionnant l’excellence lors des derniers appels à projex, elle a signifié à beaucoup d’entre nous leur médiocrité. La contradiction devient insupportable, c’est ce qu’exprime Christophe Monnin dans cette lettre adressée à l’ANR. Refusons d’être expert et disons le ici.

Voici la lettre de refus d’être expert pour l’ANR que Christophe Monnin, DR au CNRS, vient d’adresser.

Cher Monsieur

Je suis perplexe de recevoir une quelconque sollicitation de l’ANR au titre de " ma compétence scientifique et ma reconnaissance dans mon domaine d’expertise", que mes divers déboires avec votre agence tendent à nier.

Voici 4 ans que nous avons soumis divers projets à l’ANR, projets qui ont TOUS été rejetés. Le comble a été de recevoir en 2009 un avis très favorable nous incitant à soumettre à nouveau notre projet, ce que nous avons fait en changeant uniquement la date du document. Le résultat a été, l’année suivante, une démolition en règle de toutes les rubriques de notre projet. Il va sans dire qu’un tel sérieux et un tel suivi dans l’évaluation attestent de la rigueur avec laquelle l’ANR gère le financement de la recherche. Notons aussi que dans sa clairvoyance, l’ANR a financé en 2010 un seul des 10 projets sur la production naturelle d’hydrogène (un sujet sans doute anecdotique) que les équipes universitaires françaises (dont la notre) lui ont soumis durant plusieurs années consécutives.

L’ANR a été créée pour être une machine de guerre contre les EPST ainsi qu’un outil pour drainer l’argent public vers le privé via le Crédit Impôt Recherche, une des pires niches fiscales de la République, tâches dont elle s’acquitte tout à fait bien, en même temps que la précarisation de l’emploi.

Vous comprendrez donc facilement qu’il m’est difficile d’apporter mon concours à cet organisme dont je souhaite la disparition la plus rapide possible.

Cependant, comme TOUT l’argent de la recherche publique est maintenant dans les caisses de l’ANR, il me semble logique de continuer à essayer de récupérer ce qui nous appartient, nous acteurs de la recherche publique.

Vous devriez donc financer les yeux fermés le projet que vous me demandez d’expertiser. Ce mode d’évaluation ne sera pas pire que la loterie ANR.

Enfin il est ironique de lire que mon avis serait déterminant pour un éventuel financement. Le taux de financement des projets de recherche a été décidé EN AMONT par la bureaucratie qui met en place la RGPP et qui se félicite dans ses rapports d’avancement d’un taux de succès des soumissions de 20%. L’appel à une évaluation par les pairs comme on a pu la connaitre n’est plus qu’une mascarade cachant l’arbitraire.

Salutations distinguées.

Christophe Monnin