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L’ANR entre directement dans la bataille politique

Par Henri Audier, le 2 mai 2011

Une étape vient d’être franchie avec l’organisation d’un colloque ce 4 mai, intitulé : « L’ANR consulte les régions », et où les invités sont discriminés (voir ici le programme du colloque « L’ANR consulte les régions »).

Dans son rapport, la Cour des comptes [1] souligne l’immense pouvoir qu’a déjà l’ANR : « favoriser des innovations industrielles, faire émerger des ruptures en matière de connaissances, apporter des réponses aux questions sociétales posées par les pouvoirs publics, préparer les structures de la recherche aux programmes communautaires, soutenir la plus large proportion possible des équipes de recherche publiques et privées, accélérer le renouvellement des thématiques de recherche dans les laboratoires ». Encore faudrait-il citer aussi la prospective thématique, la représentation de la France dans les instances et organisations européennes, la mise en œuvre du Plan campus, les Instituts Carnot et, last but not least, son rôle d’opérateur dans le Grand emprunt : 18,9 Mds€. Sans parler de ses 15 000 CDD. Le tout sans aucun élu : on ne risque pas l’overdose de démocratie. »

Toujours plus ! Maintenant c’est le tour des régions. L’ANR veut-elle aussi aménager le territoire ? Quelle duplicité de sa part, elle qui a géré les appels d’offres et les classements des Labex, Equipex et Idex en condamnant, à terme, les deux tiers du territoire à devenir des déserts scientifiques. S’il faut saluer le communiqué de l’Association des régions de France qui s’alarme sur « le CNRS affaibli », on peut se demander ce que les régions vont bien aller faire dans une telle réunion, qui se tient d’ailleurs sans aucun syndicaliste, militant actif dans le secteur et même sans scientifique élu.

Ce qui, de plus, est honteux dans l’affaire, c’est que l’ANR a « trié » ses invités. Étonné de ne pas voir les « Vice-présidents recherche » de certaines régions, j’ai pris l’initiative de la contacter et j’ai ainsi appris … qu’ils n’avaient pas été invités. C’est le cas, en particulier, d’Isabelle This-Saint-Jean, vice-présidente ESR d’Ile-de-France, région qui concentre 40 % de la recherche. Non pas parce qu’elle est d’Ile-de-France (encore que Pécresse soit la chef de l’opposition de cette région), mais parce qu’elle est seule à être à la fois une universitaire et à venir du militantisme actif (elle a été présidente de « Sauvons la recherche »).

Au moment où les partis de gauche sont en train de préciser leurs propositions, la seule interprétation possible de cette initiative - accompagnée de cette discrimination - est que le gouvernement accélère pour s’efforcer, avant les élections, de concrétiser un maximum d’actes qu’il souhaite irréversibles, et pour imposer définitivement l’ANR dans le paysage.

Peut-être faut-il une agence en France, notamment afin d’assurer l’interface entre le gouvernement et les scientifiques pour organiser des programmes de recherche industrielle, voire d’intérêt sociétal. Mais elle ne devra avoir ni le même rôle, ni le même financement, ni le même fonctionnement, ni le même mode de direction, et bien sûr ni la même ampleur, donc ni le même nom que l’ANR.