La défaite de l’intelligence
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, , le 6 février 2012La voilà donc menée, cette bataille de l’intelligence annoncée par Nicolas Sarkozy lors de son triste discours du 22 janvier 2009 avec ce ton qui lui tient lieu de force. Et le résultat a un goût de défaite.
Une France réduite à huit grandes universités, dont quatre en Ile de France. Huit IDEX et leurs fondations qui concentreront tous les moyens et tous les problèmes. D’ailleurs le journal Libération nous précise : Importantes, ces sommes sont cependant surtout des dotations en capital, qui seront versées après "une phase probatoire de quatre ans", si les objectifs sont "atteints". Ainsi, lauréats depuis juillet 2011, Bordeaux, PSL et Strasbourg n’ont à ce stade reçu que 10 millions d’euros chacun pour engager leurs premières actions (rapprochements entre institutions, formations, chaires). Cette grande foire a donc d’abord pour but de déconstruire l’existant et les lauréats vont surtout investir dans l’administration (et tenter d’éponger leurs déficits). Précisons qu’à l’inverse du modèle officiel (Harvard) ces campus devront accueillir au bas mot 100 000 étudiants (à Harvard 25 000 environ). L’enjeu organisationnel est donc de taille et il n’est pas sûr que dans quatre ans ces veinards soient prêts à affronter dans de meilleurs conditions les classements internationaux, par contre beaucoup d’énergie et d’enthousiasme seront passés en pertes collatérales.
Partout ailleurs, des universités autonomes au bord de la faillite, qui doivent fermer des formations, qui économisent sur le ménage... Leur destin est-il le PUP (Pôle universitaire de proximité) un temps envisagé par le ministère ? Ces universités au rabais où les enseignements ne seront plus liés à la recherche.
L’argent devait couler à flot sur ce secteur sanctuarisé. Pourtant les chiffres sont têtus et l’OCDE n’a rien vu. La France a même reculé dans le classement des pays selon la part du PIB allant à la recherche civile. Ainsi le grand chambardement c’est fait au dépend des organismes de recherche démantelés, étranglés et sommés d’accompagner cette nouvelle politique, ces organismes qui ont pourtant fait la réputation de la France.
C’est bien un champs de ruine que cette fameuse bataille laisse derrière elle.