Interview de Geneviève Fioraso
dans La revue socialiste universitaire
Par
, le 9 septembre 2012l’interview peut être lu ici
Extraits : Il va falloir redéployer effectivement les crédits de l’ANR vers les
crédits récurrents des laboratoires. Il faut protéger nos laboratoires, en
particulier dans la recherche fondamentale, et ne pas embêter les
chercheurs en permanence par des courses permanentes aux crédits. Ce n’est pas à l’ANR de définir une stratégie, c’est aux organismes de recherche. L’ANR doit être une agence de moyens, pas de programmation à la place des autres, un outil commun. Et puis il faut encadrer les chercheurs, les accompagner, pour inciter à aller davantage vers l’Europe.
[...]
Concernant le Plan Campus, je n’aurais pas choisi le système des partenariats publics-privés. On emprunte à des taux du privé ; or le résultat, c’est que sur les 5 milliards du Plan Campus, seuls 2,2 milliards sont consacrés aux projets eux-mêmes, le reste servant à rémunérer des organismes financiers. Ce sont eux les grands gagnants de la « politique d’excellence » du gouvernement sortant.
[...]
Je me refuse d’accepter l’idée selon laquelle il n’y aurait que Strasbourg
et l’Ile-de-France au nord de la Loir ! Il y a aussi Lille, Nantes,
Rennes, Nancy, etc. On va donc rééquilibrer les choses. En outre, à la
concurrence entre campus, nous préférerons les mises en réseau, au sein
desquelles pourront s’intégrer des universités plus petites. C’est à cela
que servira cette mission sur les Plans Campus. Car contrairement à ce que
l’on peut entendre, quand on nomme des missions, ce n’est pas pour
différer l’action : leur rôle est très concret. On agit d’ailleurs de la
même façon pour les IRT [Instituts de recherche technologique].
Pour les investissements d’avenir, il faut rééquilibrer les choses. C’est
moins problématique pour les Equipex et pour les Labex. Mais est-ce que
cela a du sens de trouver, sur un même pallier, un laboratoire labellisé
Labex, avec pléthore de moyens, et un autre laboratoire en pénurie de
moyens ? Il faut remettre à l’ordre du jour la notion de stratégie de
site, d’écosystème de site, en vue d’un travail en réseau. Et ce d’autant
plus que notre système devient inexplicable, aussi bien en direction de
l’international que vis-à-vis des interlocuteurs nationaux. Il faut par
conséquent mener un travail de simplification et c’est d’ailleurs tout
l’objet des assises que de discuter avec tout le monde comment on peut
simplifier les choses, de sorte à ce qu’il y ait en amont intériorisation
de cette réforme à venir par les acteurs eux-mêmes qui puisse conduire à
une meilleure application par la suite.
[...]
Dans cet esprit d’ailleurs, l’une de nos spécificités – et qui constitue,
quoiqu’on en dise, aussi une de nos forces à l’international – ce sont nos
droits d’inscription universitaires très bas. C’est une chance, et je l’ai
dit en Conseil des ministres. J’ai résisté aux pressions récentes qui
visaient à augmenter ces droits d’inscription. Ils n’augmenteront en cette
rentrée qu’en-dessous de l’inflation (droits et tickets restaurants) et
les bourses, elles, seront majorées au-dessus de l’inflation. C’est notre
culture. Ce ne sera jamais une recette significative pour les universités.
C’est lié à notre exigence de démocratisation.