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Accueil / Actualités / Assises Territoriales à Paris

Assises Territoriales à Paris

Par KELLER Angélica , le 7 octobre 2012

Mardi 2 Octobre se tenait une réunion des assises territoriales de l’ESR (Ecole Boulle, Paris 75012) ;

SLR et SLU avaient décidé de ne pas participer à cette réunion (voir ici)

Voici deux impressions recueillies ce jour-là, l’une à l’intérieur, par un « chercheur embedded » (1), l’autre à l’extérieur (2).

1. Des Assises à dormir debout - X… « chercheur embedded » à l’école Boulle le 3 octobre 2012

Autant vous le dire tout de suite, j’ai assisté aux Assises Territoriales de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en Ile de France en usurpant une identité. En effet pour assister à ces assises sur la recherche il fallait évidemment ne pas être chercheur et malheureusement ... je suis chercheur.

Lire en entier ici

2. Impressions d’Assises

Paris, mardi 2 octobre vers 13h30, le soleil brille timidement devant l’école Boulle à côté de la Nation. Les élèves discutent devant l’entrée. Deux jours avant, le quartier résonnait des slogans de la manifestation contre le traité austéritaire européen. Une voiture de fonction garée sur le trottoir, seul indice du grand événement démocratique qui allait commencer : les assises territoriales de l’ESR en Ile de France. Sur le trottoir, la CGT commence à distribuer des tracts, SLR et SLU ont déployé leurs banderoles. La télévision ne semble pas s’être déplacée. Personne ne sait très bien quand la réunion commence et encore moins qui y est convié. Le recteur de l’académie de Paris, sans doute l’heureux usager de la voiture de fonction et gentil organisateur de la manifestation sur invitation, vient aimablement se présenter et nous serrer la paluche. Le bruit court que la réunion commence à 14h30. Nous sommes en avance. Nos rangs de vieux habitués des manifestations anti-Sarkozy se garnissent petit à petit. Un flot maigrelet de voitures de fonction déverse mollement un petit contingent de cravatés inconnus dont on aurait du mal à croire qu’ils ont un jour travaillé dans un laboratoire, si ne se mêlaient à eux quelques anciens et toujours collègues promus à de plus hautes fonctions et quelques amis qu’on était plus habitué à voir sous nos banderoles. Les organisations représentatives (que représentent les autres invités ?) ne semblent pas se presser au portillon. Une petite troupe féminine en uniforme vient pourtant d’arriver et commence à aider ces messieurs-dames à ouvrir la porte vitrée qui donne accès au hall d’entrée de l’école. Auraient-ils oublié l’usage de cet instrument élémentaire ? En tout cas, ils ne doivent guère être plus nombreux que nous. L’ambiance est surréaliste, pitoyable ou scandaleuse suivant l’humeur du moment. Me revient comme souvent la scène finale du film de Jean Vigo, Zéro de conduite. Un peu exagéré sans doute, mais utile diversion à un sentiment envahissant d’échanges de condoléances sur feu le changement dans l’ESR. Tout cela n’est pas vraiment drôle, beaucoup le ressentent sûrement. Le nouveau gouvernement et les technocrates divers que nous avons vu passer sont pour la plupart coupés de la réalité du monde du travail post-sarkozien dans l’ESR et ailleurs, à moins qu’ils n’aient contribué à sa mise en place. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, pas un jeune chercheur, pas un maître de conférence, pas un technicien, par un doctorant, pas un précaire parmi eux. Une occasion d’expérimentation démocratique irrémédiablement gâchée. Ce n’est pas entièrement nouveau, on en a eu trop souvent l’expérience avec les exécutifs régionaux de la gauche d’avant le changement, mais la rupture semble beaucoup plus nette, profonde et globale. La rupture (pas celle qu’on attendait) est bilatérale. C’est la légitimité politique qui est en cause, sans doute la nouveauté majeure de cette période postélectorale. D’un côté, les organisateurs donnent l’impression qu’ils laissent sombrer les assises dans le ridicule sans réagir. Est-ce volontaire ? Est-ce l’incapacité à donner du sens à une initiative qui n’en a plus aucun, aucun d’avouable en tout cas ? De l’autre côté, les personnels ont silencieusement mais clairement exprimé leur avis : ils s’en fichent ; l’indifférence est totale. Deux mondes qui n’ont rien à se dire. Pour nous, militants syndicaux de base, la situation est difficile. Comme tous nos collègues, nous n’avons n’ont guère envie de consacrer une énergie, par ailleurs constamment sollicitée par l’effondrement des conditions de travail dans les établissements, à participer à une mobilisation impossible dans un processus dont tout le monde est maintenant certain qu’il ne mènera à rien qui ne soit déjà voulu par ses initiateurs. Comment faire ? Sans doute revenir aux fondamentaux, arrêter de se laisser imposer un timing et un format qui ne nous apporte rien. En bref, construire des mobilisations sur nos revendications, nous n’en manquons pas.

communiqué par Bernard Jusserand