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Une nouvelle ambition pour la recherche

Par Alain Trautmann, le 21 novembre 2012

Le texte ci-joint, "Une nouvelle ambition pour la recherche", a été rédigé dans la perspective des Assises de l’ESR (enseignement supérieur et de la recherche). Il a été adopté conjointement par le C3N [1] et par la direction du CNRS. Il a en outre reçu le soutien d’une grande majorité des membres du Conseil Scientifique du CNRS.

Pour le C3N, ce texte ne remplace pas mais complète le point de vue et les revendications exprimées dans le texte du C3N déposé en septembre 2012 sur le site des Assises de l’ESR

Les propositions du texte commun C3N-direction du CNRS sont certes très en deçà de celles de la C3N (pour comparaison, la version proposée par les représentants de la C3N à la direction est également accessible ; elle fournit des justifications détaillées, soulignant l’importance des deux points qui suivent). C’est néanmoins la première fois que la direction du CNRS se prononce très clairement, et avec des représentants des scientifiques, pour un plan pluri-annuel pour l’emploi ainsi que pour la défense d’une recherche libre ou autonome ou curiosity driven . Une telle défense est importante dans le contexte actuel, où la recherche qui est largement nettement privilégiée est celle ayant des applications potentielles à court terme.

Sur ces deux questions, quelques extraits du texte :

(…) On oppose facilement recherche fondamentale et recherche appliquée, et c’est alors en général pour préférer l’une à l’autre. L’ambition pour la recherche suppose au contraire de dépasser cette opposition pour mettre en avant, aux côtés de la recherche dite finalisée, la recherche qu’ici nous appellerons libre : c’est-à-dire la recherche dont le projet est défini de façon autonome par ceux qui la conduisent, que ce soit individuellement ou de façon collective . La recherche libre coexiste avec la recherche qu’on dira pilotée ou dirigée, dont le projet est proposé sinon imposé par un acteur extérieur. La recherche libre suppose que le temps soit donné à ses auteurs pour la mener à bien, sans limitation a priori du temps dont ils auront besoin pour atteindre leurs objectifs. Elle fait l’objet d’évaluations régulières a posteriori, portant sur les progrès réalisés et les résultats obtenus en chemin, selon une périodicité raisonnable. Enfin ses objectifs sont de nature variée, allant de la quête pure de connaissances à la recherche d’applications technologiques, en passant par la volonté de répondre à des questions posées par la société. La recherche libre peut impliquer toutes sortes de personnels et mettre en œuvre toutes sortes de partenariats – universités et organismes publics et privés, entreprises, acteurs du monde économique comme de la société civile, au niveau national et international.

La qualité de la recherche influence largement l’enseignement dispensé dans un pays, et plus particulièrement l’enseignement supérieur. A cause de la qualité des connaissances qui permettent de former des jeunes à fort potentiel, futurs employés et futurs entrepreneurs ; mais aussi à cause de l’approche qui caractérise ensemble la recherche libre et l’enseignement, celle du questionnement, du doute, de la capacité à se remettre en cause.

(…)

Au nombre des traits caractéristiques du « modèle français » de recherche et d’enseignement supérieur, les carrières scientifiques stables et démarrées jeune – et au plus près de la thèse pour les chercheurs et enseignants-chercheurs – jouent un rôle essentiel. Ce recrutement précoce, parce qu’il évite que les chercheurs se retrouvent, entre 30 et 40 ans, en situation instable, favorise une féminisation relativement plus forte, en France, des personnels de la recherche. Par ailleurs, la réputation attachée à ces emplois permanents permet d’entretenir un haut niveau de qualité de recrutement, comme en témoigne le fait que, alors même que le nombre de candidats aux concours ne cesse d’augmenter, chaque année, 30% environ des candidats admis comme chargé de recherche du CNRS sont de nationalité étrangère. Pour préserver cette spécificité, il faut développer l’attractivité de ces postes statutaires.

Aujourd’hui, en plus de maintenir l’emploi scientifique statutaire en remplaçant les départs à la retraite : il faut résorber la précarité et redonner aux carrières scientifiques dynamisme et inventivité. Cela suppose un plan d’emploi pluriannuel pour toutes les catégories de personnel de la recherche. L’objectif n’est pas d’augmenter les effectifs totaux actuels, mais simplement de revenir à des proportions de postes permanents conformes aux exigences d’une recherche de haut niveau. La productivité des personnels en sera nettement accrue.

[1] Le C3N, qui comprend une vingtaine de personnes, est une coordination des responsables des trois instances qui forment le Comité national de la recherche scientifique : Président et bureau du Conseil scientifique du CNRS, Président et bureau de la Conférence des présidents de section du Comité national (CPCN), présidents des Conseils scientifiques des Instituts du CNRS.

Actuellement, Sophie Duschesne est porte-parole du C3N, Bruno Chaudret Président du CS du CNRS, et Philippe Büttgen président de la CPCN.