La maladie du not-made-at-home
Par
, le 19 février 2004Un billet d’humeur... à prendre avec humour.
La maladie du NOT-MADE-AT-HOME frappe les labos L’éternité sert aux américains
Il y aurait paraît-il une nouvelle maladie ! Les politiques ne sont pas prévenus. C’est encore tout frais. Attention à la déshumanisation ! Je vous explique. Lundi 16 février Messieurs Raymond Barre et Jaques Delors nous ont sur France 2 expliqué, rappelé, martelé, asséné ! que la recherche française était en retard, souffrant d’un manque affreux de c-o-m-p-é-t-i-v-i-t-é. Ils ne savaient pas sans doute pas que nous souffrions d’un mal horrible et profond, s’insinuant et sinueux, ici dit en langage international : le NOT-MADE-AT-HOME, traduction : pas fait à la maison. Le syndrome du not-made-at-home, c’est quoi ? Vous croyez vous capables de contribuer à la « recherche-qui-en-France-se-meure-cause-qu’y-à-pas-assez-d’inventeurs-d’innovations-d’argent-en-France » ? Vous faites erreur, c’est pas possible (ou alors « très long et très difficile ») car cette nouvelle maladie sévie dans certains labos de recherche et industries de pointe. Définition : le not-made-at-home est une syndrome qui paralyse l’ensemble des membres d’une équipe de recherche à la vue d’un brevet qui ne vient pas des labos où ils travaillent. En apparence, rien n’est visible mais sitôt la vérité dévoilée qu’ils avaient pas eu l’idée, hop plus rien ne bouge ! Les budgets se congèlent, leur participation à l’expertise s’amenuise, les projets se ralentissent et le temps devient l’éternité... Vous ne le saviez pas encore : L’éternité c’est la dernière invention en France pour être compétitif en matière de brevet.
Ce n’est pas tout. En plus il y a une loi. En tant qu’honnête citoyen votre projet doit être testé, évalué et pour cela vous allez devoir accepter une loi : La loi dite du congnitivo-comportementalisme maximum !!! C’est comme celle de l’em...dement maximum mais en plus fin, oui en plus fin. C’est l’archétype du règne absolu, et de la tromperie autocrate. Théorème du futur : « Il n’y aura bientôt aucun système en France qui pourra exister sans avoir été EVALUE par ces messieurs les cognitivistes-comportementalistes ». Pourquoi ? hé bien au nom de la science. Par ce que vous croyez que c’est facile vous l’être humain avec son instabilité, ses désirs, son manque à être, sa subjectivité, et puis en plus ses souffrances ?! La science cognitiviste, elle au moins affirme connaître « scientifiquement » les comportements du genre humain par une analyse des processus qui président chez les gens. En un mot le cerveau, c’est comme un ordinateur, un lieu où se déroulent des circuits d’informations à travers des processus. Voilà c’était pas la peine d’angoisser avec toutes ces histoires de souffrances, de rapport au temps et à la mort, à la jouissance et tout le fatras. En vérité je vous le dit, avec le cognitivo-comportementalisme l’être humain peut enfin vivre son immortalité tranquille ! Enfin quoi bon sang, vous n’allez pas l’ennuyer avec des trucs bizarres, c’est quoi ces histoires de fous, la vie, la mort, le temps, les angoisses, ect on est dans le high-tech là, pas dans la paranoïa, et tout le monde sait que la consommation est libératrice, nos frustrations ordinaires, et que le temps et tout le reste c’est qu’une grosse croyance. Y a qu’a fonctionner... « processer », et ne pas y penser.
Au large l’humanité ! Comme vous l’avez constaté, pas d’éventail des possibles. Pas de sujet, pas de « je te parle, je te cause, je pense que je suis pendant que j’y suis ». Là pas. « Processer », et ne pas penser et tant qu’a faire ne pas y être !
Bon allez, c’est bien connu nous les Bonobos on a pas de cerveaux on pense pas on « cognite ». Si, si on congnite ! La preuve demandez aux cogniticiens, notre cerveau c’est un process : JE SUIS UN PROCESS ! Un ordinateur moi j’en ai un. Hé l’ordi tu penses ? Y répond pas. Tant pis. Disons que si, par exemple moi je décide que je peux trouver du nouveau dans cet ensemble de circuits prédictibles (ha le rêve : le sujet prédictible ! ) il faudra que je trouve un cognicien (ticien ?) pour qui l’éternité n’est pas une vertu et qui aimerait bien que la France, beau pays, voit fleurir des innovations venant de toutes parts, sans que lui-même se sente lésé d’un quelconque manque à jouir. Un être humain honnête en somme, pas un saint. Pour finir, une question existentielle me tarabuste. Un être humain honnête vivrait-il par hasard en ce moment dans certains labos ou industries de pointe françaises ? En attendant la réponse, l’éternité sert aux américains...
Den Doctorant, inventeur. Paris