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INSERM et NIH

le 5 avril 2003

La comparaison des budgets de l’INSERM et du NIH, ainsi que celle de leur évolution récente, est consternante.

par Vincent Mignotte, chercheur à l’Institut Cochin - mignotte@cochin.inserm.fr

La recherche biomédicale (publique) française est assurée en grande partie par l’INSERM, qui héberge 13.000 personnes dont 6.000 chercheurs dans ses unités. Parmi ces 13.000 personnes, 5.000 sont directement salariées par l’INSERM. Viennent ensuite le Département des Sciences de la Vie du CNRS, l’INRA et le Département des Sciences du Vivant du CEA.

Le budget de l’INSERM s’élevait à 539 millions d’Euros pour 2001. En 2002, ce budget est descendu à 445 millions d’Euros (1). En 2003, les annulations d’autorisations de programmes et leur répercussion sur les crédits de paiement se montent d’ores et déjà à 10% du budget mais pourraient en fait atteindre 30% (ce qui donnerait alors un chiffre de 0,7 x 445 = 311,5 millions d’Euros).

Aux Etats-Unis, le National Institutes of Health a pour mission "d’étendre la connaissance fondamentale sur la nature et le comportement des systèmes vivants et d’améliorer et développer de nouvelles stratégies de diagnostic, traitement et prévention des maladies" (2). Il regroupe 27 instituts (National Cancer Institute, National Institute for Allergy and Infectious Diseases...) et finance les travaux de chercheurs des universités, centres médicaux, instituts de recherche et hôpitaux du pays.

En 2001, le budget du NIH était de 20,5 milliards de $, puis 23,6 milliards de $ en 2002 et 27,3 milliards de $ en 2003, soit autant d’Euros (2). Ces chiffres représentent une croissance budgétaire annuelle de plus de 15% par an, qui s’est étendue de 1998 à 2003 et a permis le doublement du budget du NIH sur cette période (voir figure 1). Ceci a permis le financement de projets scientifiques de plus en plus nombreux et une croissance spectaculaire du nombre de chercheurs post-doctoraux dans les laboratoires américains. Il faut préciser enfin que le NIH consacre 53% de son budget à la recherche fondamentale et 47% à la recherche appliquée.

L’administration américaine, démocrate puis républicaine, avait fait de la recherche une priorité nationale. Nous sommes bien loin de la réalité française.

Quelles sont les perspectives pour 2004 ? Suite à la perte de la navette spatiale, au fléchissement de l’économie américaine et à la guerre en Irak, les budgets fédéraux alloués à la recherche et au développement ne croîtront probablement pas autant l’année prochaine. Le projet du gouvernement américain pour l’année fiscale 2004 propose une hausse globale de 4,4%, avec une priorité donnée à la recherche du Département de la Défense et du Département "Homeland Security" (3, 4). Pour sa part, le NIH ne recevrait que 2,7% d’augmentation. Il faut préciser que le NIH supprimerait alors certains investissements dans de nouveaux bâtiments pour redistribuer ce budget à la recherche, ce qui permettrait en fait une augmentation de 7% ! (3, 4). Notons que le Congrès sera certainement soumis à des pressions afin de relever le niveau de financement de la recherche au-dessus du projet gouvernemental.

Encore un chiffre : 2,7% d’augmentation de budget pour le NIH représentent 726 millions de $, soit une fois et demi le budget annuel total de l’INSERM...

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Figure 1 : Croissance du budget du NIH de 1978 à 2003 et prévision pour 2004 (4).

Au-delà de leur valeur absolue (et encore... les USA ne sont que 5 fois plus peuplés que la France et le budget du NIH est 60 fois celui de l’INSERM), ces chiffres montrent que pendant que l’effort de recherche civil français s’affaiblit constamment, et de plus en plus rapidement, l’effort américain sur la recherche fondamentale atteint des niveaux jamais connus, signe de la confiance dans les retombées économiques de cette recherche dans les décennies à venir.

Références :

(1) L’INSERM en chiffres. http://www.inserm.fr

(2) National Institutes of Health, Press Release for the fiscal year 2003 President’s Budget. 4 février 2002. http://www.nih.gov/news/budgetfy200...

(3) FY ’04 budget proposes defense and homeland security increases, modest growth or cuts for other R&D programs. Révisé le 7 mars 2003. http://www.aaas.org/spp/rd/prev04p.pdf

(4) NIH budget growth slows to 2 percent in FY 2004. Révisé le 25 février 2003. http://www.aaas.org/spp/rd/nih04p.pdf