9 mars 2004 : motion du Conseil Scientifique de l’Université de Rennes 1
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, le 14 mars 2004Le Conseil Scientifique de l’Université de Rennes 1, réuni ce 9 mars 2004, décide à l’unanimité, en solidarité avec le mouvement spontané des chercheurs et enseignants-chercheurs, de suspendre ses travaux et de proposer un texte à adresser au Ministère de la Jeunesse, de l’Éducation Nationale et de la Recherche.
L’Université de Rennes 1 a pour mission la création et la diffusion de savoirs. Ces deux missions, qui sont aussi celles des universités du monde entier, ne peuvent être menées à bien que si enseignement supérieur et recherche sont intimement liés. Les universités sont aussi le lieu privilégié où se fait la formation à la recherche et par la recherche. Une conséquence directe de cette situation : l’immense majorité des chercheurs et des personnels d’encadrement technique supérieur sont issus des universités. Il apparaît donc paradoxal que le débat sur la recherche soit la plupart du temps limité à l’évocation du financement des grands organismes de recherche et de la situation de leur personnel.
Dans l’immédiat, les réductions de crédits et d’emplois handicapent le fonctionnement des laboratoires mais, bien pire, ceci n’offre qu’un avenir sombre aux jeunes générations de chercheurs, doctorants et post-doctorants, qui faute d’emplois appropriés, devront s’expatrier ou changer de métier. Il est en outre à craindre que la dégradation en cours ne devienne rapidement irréversible, au détriment de la qualité de la recherche française, de son potentiel d’innovation et à terme de la croissance économique.
Ainsi, l’Université de Rennes 1 demande solennellement que :
1. le caractère indissociable de l’enseignement supérieur et de la recherche soit affirmé de manière irréversible dans l’ensemble des disciplines,
2. les universités soient des partenaires majeurs des discussions qui conduiront à la mise en place d’une loi d’orientation et de programmation,
3. l’activité de recherche, qu’elle soit spécifique à l’université ou en partenariat avec les grands organismes, soit mieux prise en compte dans l’évaluation des universités et dans l’attribution des moyens en personnel,
4. les moyens financiers et humains progressent de manière significative. Le remplacement d’emplois permanents par des emplois précaires est inacceptable.
5. soient mises en place -dans la concertation- les dispositions légales donnant aux universités les moyens d’accéder à une meilleure autonomie qui, dans le cadre de règles nationales, leur permettra d’assurer leurs missions avec une efficacité accrue.
Le Conseil Scientifique de l’Université de Rennes 1 demande à ce que soient prises de toute urgence des dispositions pour un retour à une politique de soutien ferme à une recherche publique, à la hauteur des ambitions de notre pays dans le contexte européen et international et porteuse d’espoir pour les jeunes générations.