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Revendications salariales au Royaume Uni

Par Romain Brette, le 15 mars 2004

En Angleterre, le syndicat majoritaire de l’enseignement supérieur (AUT) a lancé une grève des examens (dont les soutenances de thèse) à partir du 1er mars pour protester contre la faiblesse des salaires et contre un projet de décentralisation selon lequel les grilles de salaires pourront être décidées localement par chaque université.

Outre les risques de disparités salariales entre universités, cette mesure impliquerait une énorme perte de pouvoir des syndicats nationaux dans les négociations salariales, dans un contexte où les revenus des enseignants sont, comme en France, très bas (voir le site de l’AUT). Par ailleurs, simultanément, les frais d’inscription des étudiants vont être autorisés à atteindre les 3000£ par an (cf article BBC). D’après le syndicat, ceci implique que les enseignants fraîchement engagés auront une dette représentant plus que la totalité de leur première année de salaire.

Si en France, nous n’en sommes pas (encore) là, le problème des salaires est similaire. D’après le syndicat anglais, les salaires stagnent depuis 20 ans, alors que le revenu moyen a augmenté de près de la moitié : "Over the last twenty years, academic pay has increased by just 4 per cent compared to an increase in average earnings of 45 per cent in other words, a 40% relative decline". En France, les salaires des fonctionnaires sont, en euros constants, à peu près stables (cf les salaires des agents de l’Etat sur le site de l’INSEE - on constate que les revenus des fonctionnaires n’ont quasiment pas bougé depuis 10 ans, en euros constants). Les fonctionnaires n’ont donc pas bénéficié de l’enrichissement général de la société (environ +50% du PIB en 20 ans), et autrement dit vivent au XXIe siècle avec des salaires de 1980 (voir aussi le dossier de la FSU). L’année dernière, le gouvernement n’a même pas daigné augmenter les salaires pour compenser l’inflation, ce qui signifie une baisse significative du revenu réel. Tout cela dans un contexte où les fonctionnaires sont stigmatisés comme des "privilégiés" (en témoignent les débats sur les retraites des fonctionnaires). Rappelons que, peu après les élections de 2002, les salaires des ministres ont été augmentés de 70%.

Ainsi, il me semble qu’il est tout à fait légitime de revendiquer une augmentation massive des salaires des chercheurs, mais également des autres fonctionnaires, qui sont pour la plupart dans le même cas, et d’exiger que, par la suite, les revenus des fonctionnaires suivent l’évolution des revenus moyens de la société (quelque chose comme le PIB/habitant), et non plus l’inflation. Il est d’autant plus injuste que les chercheurs ne voient pas leur revenus augmenter qu’ils sont simultanément reconnus comme étant un des acteurs majeurs de la modernisation et de l’enrichissement général de la société.

Romain Brette