L’Association "Sauvons la Recherche" Groupes de travail Comités loc. et transv. Université de printemps 2011 EUROPE
Accès thématique Emploi et précarité Communiqués de SLR Actualités communiqués partenaires
Médiathèque Les archives Documentation revue de presse Tribunes et Contributions
accueil contact plan du site admin
caractères +caractères -
article
réactions (1)

Réponse de M Michel Vauzelle

Par François Coulier, le 16 mars 2004

Réponse de Mr Michel VAUZELLE

Vous m’interpellez sur ma position de candidat face à la crise sans précédent que connaît aujourd’hui la recherche dans notre pays. Vous pouvez être assurés de tout mon soutien, à la fois dans le combat que vous menez aujourd’hui, et qui concerne tous les citoyens, et dans l’organisation du grand débat national que vous avez obtenu du gouvernement.

Ce qui se passe aujourd’hui est particulièrement grave. La recherche publique est un élément essentiel de la modernité d’une société. Cette modernité, en la matière, c’est d’abord la maîtrise de son destin, le refus de se retrouver à la traîne de tel ou tel grand pays qui serait à la pointe de la recherche. La modernité, c’est ensuite l’ouverture d’esprit, la compréhension du monde et des rapports entre les êtres humains, la culture au sens le plus noble du terme. Et la modernité, enfin, c’est la vitalité économique, la croissance et les emplois.

Sans recherche publique, aucun de ces objectifs ne peut être atteint. Ceux qui veulent aujourd’hui répondre à la crise par un rapprochement de la recherche publique et des entreprises se trompent de moyen. Bien sûr, l’utilisation par l’industrie des résultats de la recherche doit être favorisée. Mais comment ne pas voir que pour que cet échange soit équilibré, il faut que la recherche publique ait les moyens de son autonomie. La vision que certains cherchent à installer d’une recherche qui devrait être "économiquement rentable" est dangereuse. La recherche produit ses meilleurs effets sur le dynamisme économique lorsque, justement, elle est conduite sans finalité économique. On ne compte plus les innovations technologiques majeures qui découlent des résultats les plus inattendus de la recherche fondamentale.

Derrière ce débat sur les finalités de la recherche se dessinent les contours du discrédit social dont certains, au plus haut niveau de l’Etat, cherchent à frapper les chercheurs. Comme vous l’avez souvent rappelé, plus que les moyens financiers, ce sont les moyens humains qui sont déterminants. Il ne peut pas y avoir de recherche sans chercheurs. La recherche est une aventure humaine, c’est une affaire de passion.

Or, la passion ne peut rien face au manque de débouchés professionnels pour les jeunes chercheurs. Cette pénurie de postes, sur laquelle le gouvernement ne veut rien céder au motif qu’il faut réduire l’emploi public, montrant bien la dimension idéologique de sa position, ne pose pas seulement le problème de la "fuite des cerveaux". Il pose aussi celui de la "crise des vocations". Comment motiver des jeunes pour le métier de chercheur dans un environnement aussi incertain.

C’est pour cet ensemble de raisons que je réponds très favorablement à votre question sur l’aide qu’apportera la Région, si j’en suis réélu Président, concernant l’organisation locale des assises nationales de la recherche. Je le ferai d’autant plus volontiers que cette démarche de concertation et de dialogue est au coeur de mon projet politique. Ceux qui parmi vous ont été amenés, au cours de la mandature qui s’achève, à travailler avec la Région le savent bien.

Au cours de mon mandat, j’ai triplé le budget de la recherche, et j’ai jeté les bases d’une grande politique de la vie étudiante, conscient qu’au delà des problèmes sociaux, il ne peut pas y avoir de recherche de qualité sans un accueil sérieux des étudiants sur notre territoire. Un effort particulier a aussi porté sur la culture scientifique, sa diffusion, sur l’information due aux citoyens (aménagement de l’Agora des sciences, etc.).

Pour la prochaine mandature, je propose d’accentuer encore ces efforts. Je porterai à 1 000 le nombre de bourses de doctorat financées par la Région. Je développerai le partenariat avec les Régions Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon, dans la lignée de l’accord de coopération signé avec Midi-Pyrénées. Je proposerai que la Région finance, sur la base d’appels d’offres régionaux, de grands programmes de recherche transversaux. Et bien sûr, je poursuivrai la politique actuelle de financement des équipements de recherche, de construction ou de réhabilitation des bâtiments universitaires et de recherche, de diffusion de la connaissance, de mobilité internationale. Je travaillerai au renforcement de la lisibilité des nos équipes car je veux que la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur soit une grande Région de recherche, reconnue pour son potentiel.

Mais tout cet effort, qui en 2004 représente plus de 8% du budget total de la Région, ne peut avoir de sens que s’il accompagne et démultiplie les effets d’une politique nationale ambitieuse pour la recherche publique, établie sur des bases pluriannuelles, avec respect, continuité et ambition. Je forme le voeu que les assises de la recherche permettent de jeter les bases de cette politique. C’est pourquoi j’en soutiendrai l’organisation avec un sentiment d’urgence impérieuse.

Michel VAUZELLE