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Lettre ouverte à Christian Bréchot

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le 15 mai 2003

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Nous demandons que l’argent disponible pour les Contrats d’Interface soit affecté au maintien des contrats Avenir et des postes verts.

Paris, le 15 mai 2003

Monsieur Christian BRECHOT Directeur Général de l’INSERM 101 rue de Tolbiac 75013 PARIS

Monsieur le Directeur Général,

Depuis le début 2003, une série de mesures gouvernementales mettent en péril l’appareil de recherche en France, au niveau du budget des équipes comme de l’emploi, en particulier, pour l’Inserm, les postes verts et les contrats Avenir.

Les postes verts constituent un système souple et efficace qui, en permettant de faire venir en France pour une durée limitée de jeunes chercheurs étrangers expérimentés, dynamise le potentiel de recherche à l’Inserm tout en enrichissant nos relations avec nos partenaires. Ces postes sont affectés, après une évaluation rigoureuse par des pairs, à des chercheurs qui ont fait la preuve de leurs qualités scientifiques. Les postes verts, dont l’utilité est unanimement reconnue, ont été supprimés pour 2003, et pire encore, des postes affectés en 2002 qui devaient prendre effet cette année viennent également d’être supprimés. Le caractère absurde d’une telle mesure est aggravé par le fait qu’elle entraîne une rupture, au moins morale, de contrat avec les bénéficiaires sur le point de rejoindre des laboratoires français, ce qui risque d’avoir des conséquences fort dommageables sur notre crédibilité auprès de nos partenaires étrangers. On a vu ces semaines-ci des chercheurs plus déterminés que d’autres tempêter, menacer, et finalement récupérer leurs postes verts qui venaient d’être annulés. D’autres, plus résignés, ont définitivement perdu ces postes, démontrant qu’on a bien tort de supporter l’insupportable.

Les Contrats Avenir de l’Inserm que vous avez créés à l’Inserm il y a deux ans constituent un autre élément très positif du système de recherche actuel. C’est, dans la ligne des ATIPE CNRS qui ont largement fait leurs preuves, une des rares mesures par lesquelles le système de recherche français donne des moyens à des jeunes dynamiques, et qui constituait une mesure incitative de retour pour des chercheurs en stage post doctoral à l’étranger. Là encore, une politique responsable voudrait qu’on amplifie ce système, pas que l’on s’y attaque. Vous venez de décider de réduire substantiellement le financement de fonctionnement attribué à ces contrats et de supprimer le poste vert qui devait y être associé. Résultat ? Ces contrats perdent leur attractivité, et de jeunes chercheurs brillants qui au terme d’un processus très sélectif, pouvaient bénéficier de ces contrats, devant la faiblesse de la nouvelle proposition, renoncent à revenir en France. Est-ce ainsi que l’Inserm lutte contre la fuite des cerveaux, une question dont vous déclarez qu’elle vous préoccupe ?

Au même moment vous voulez mettre en place les Contrats d’Interface, qui devraient aboutir à attribuer des primes substantielles (1500 euros mensuels pendant 5 ans) à un certain nombre de chercheurs INSERM ayant évidemment déjà un salaire. A leurs côtés travaillent de jeunes chercheurs hors statut, dont le travail est fondamental pour l’activité de nos laboratoires, dont les revenus sont le plus souvent inférieurs à ces seules primes. Vous souhaitez favoriser l’excellence en considérant (à tort ou à raison) que ce qui peut attirer des chercheurs talentueux et ambitieux, ce sont des revenus élevés. Lorsque ces Contrats ont été proposés, de nombreuses voix se sont élevées pour dire que l’attribution à la hâte de primes importantes à des chercheurs en place n’était pas un bon moyen de promouvoir l’excellence. D’excellents chercheurs pouvant prétendre à ces primes ont, pour des raisons éthiques par rapport à leurs collègues de travail, refusé de demander ces contrats. Vous avez persisté. Le résultat est que le nombre de Contrats attribuables en 2003 (100) est supérieur au nombre de demandes considérées comme recevables par la commission ! Effectuer une sélection pour favoriser l’excellence dans ces conditions n’est évidemment pas raisonnable. Puisque de l’argent existe, dont le montant correspond à plusieurs dizaines de postes verts, dont l’importance pour l’excellence de la recherche française n’est plus à démontrer, il nous paraît choquant voire provocateur de persister dans cette attribution de prime à des chercheurs en place, en renonçant à faire venir en France des chercheurs étrangers et en décourageant le retour de brillants jeunes chercheurs. Ce serait suicidaire pour l’Inserm. Nous ne pouvons pas croire que vous souhaitiez cela.

Vous objecterez qu’il ne s’agit pas de la même ligne budgétaire. Pourtant, dans les deux cas, il s’agit d’argent de l’Etat, donc des contribuables, censé être utilisé pour la Recherche. Vous êtes, contrairement aux fonctionnaires de Bercy, responsable de décider dans le détail de l’utilisation de l’enveloppe budgétaire affectée à l’Inserm. Nous ne disons pas qu’il est facile de faire passer de l’argent d’une ligne budgétaire à une autre. Nous disons que c’est indispensable.

Nous savons que ces décisions s’inscrivent dans le cadre de restrictions budgétaires appliquées à tous les secteurs qui, comme la recherche, sont considérés par nos dirigeants comme non prioritaires pour le pays. Vous ne sauriez approuver ces restrictions. Mais nous aurions aimé entendre une voix forte, autorisée, s’y opposer avec vigueur au plus haut niveau. Nous attendions que vous défendiez l’appareil de recherche dans ce qu’il a de plus indiscutable, comme d’autres l’ont fait.

Monsieur le Directeur Général, nous défendons une certaine idée de la recherche ; nous espérons que vous la partagez. Nous vous demandons instamment de faire en sorte que l’argent disponible pour les Contrats d’Interface soit affecté au maintien des contrats Avenir et des postes verts.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Directeur Général, à nos respectueuses salutations

Premiers signataires de cette lettre ouverte : Alain TRAUTMANN, Hélène GILGENKRANTZ, Dominique DAEGELEN, Paul-Henri-ROMEO, Pierre-Olivier COURAUD, Jean GIRARD, Catherine FOURNIER, Stefano MARULLO, Richard BENAROUS, Sylvie GISSELBRECHT, Gérard GACON, Philippe NAQUET, Jacqueline MARVEL, Luisa DANDOLO, Jean-Jacques FOURNIE, Georges BISMUTH, Marie-Ange VENTURA, Serge BENICHOU, Pascal MAIRE, Christian DAVRINCHE, Jacques BERTOGLIO, Cécile TONNELLE, Jean-Charles GUERY, Cécile PRUVOST-CZAPEK, Jean-Philippe BREITTMAYER, Christian BILLARD, Eric SOLARY, Sophie VAULONT, Stéphane MERESSE, Jacques NUNES, Elisabeth HOUSSAINT, Daniel OLIVE

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