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Conférence de presse du comité SLR Besançon - Franche-Comté (1)

Par François Vernotte, le 20 mars 2004

Une trentaine de personnels de l’université de Franche-Comté et de doctorants ou post-doctorants étaient représentés par Gilles Bossuet (ITA), François Vernotte (directeur démissionnaire), Guy Moreels (vice-président section 34 du CNU), Philippe Huetz (post-doctorant) et Laetitia Peifer (vice-présidente association des doctorants de Franche-Comté).

Les médias représentées étaient l’Est Républicain et Les dépêches-Le Progrès, pour la presse écrite, France Bleue Franche-Comté et Radio Bip, pour la radio, et France 3 Franche-Comté pour la télévision.

Intervention de François Vernotte :

Je vais commencer par un bref historique de la mobilisation : une pétition a été lancée au début du mois de janvier pour alerter l’opinion publique sur les problèmes de la recherche et pouvoir négocier avec le gouvernement le gel des crédits et les 550 annulations de postes. Afin de rétablir un climat de confiance, le préalable à toute discussion avec le gouvernement comportait :
- le dégel des crédits gelés en 2002 et 2003
- la restitution des 550 postes de chercheurs, ingénieurs, techniciens et administratifs
- la mise en place d’états généraux de la recherche.

La réponse du gouvernement a été :
- le dégel de 2/3 des crédits
- la mise au concours de 120 postes
- la programmation d’assises de la recherche organisées par les ministères concernés.

Les démissions sont alors devenues effectives : 1331 directeurs de laboratoires au niveau national ; une dizaine à Besançon sur 40 laboratoires, parmi lesquels, 5 des 9 directeurs de laboratoires associés au CNRS ou a l’INRA, mais aussi 320 signataires de la pétition. En Franche-Comté, un comité local a été créé.

Le gouvernement a ensuite répondu par le mépris : "pas de marchandage a la petite semaine", puis par une tentative politicienne d’assimilation du mouvement à une opposition d’un groupe de gauche à un gouvernement de droite. Le malaise, est bien plus profond et bien plus ancien, même s’il s’est considérablement amplifié ces deux dernières années, avec le double langage consistant à parler de la recherche comme d’une priorité alors qu’on l’ampute d’une partie importante de ses postes et de ses crédits. Ce n’est pas non plus l’immobilisme des fonctionnaires qui bloque toute possibilité de reforme, comme on l’entend trop souvent, puisque nous sommes les premiers à réclamer des états généraux de la recherche, à la condition toutefois qu’ils ne soient pas organisés "d’en haut".

C’est la position de la recherche qui est en cause, et avec elle la situation de ses acteurs qu’ils soient chercheurs, techniciens, administratifs, ingénieurs, ou plus encore doctorants et post-doctorants.

La politique mise en oeuvre ne se soucie que des recherches à finalités immédiates et menacent directement les sciences humaines et plus généralement ce qui est théorique ou fondamental. Pourtant, ce sont les recherches fondamentales d’aujourd’hui qui donneront les applications de demain ce que résume assez bien la formule "Ce n’est pas en améliorant la bougie que l’on a inventé l’électricité" ! Il s’agit donc d’une politique à court terme, suicidaire pour l’avenir proche et donc indigne d’un pays comme la France.

De même, les projets de réformes annoncés, que ce soit pour le CNRS, les autres organismes de recherche, les universités, etc. flirtent tous avec le modèle anglo-saxon. Mais les chercheurs américains, s’ils n’ont pas un statut leur garantissant un emploi stable, ont un avantage important par rapport a nous : est-on prêt a augmenter les salaires de 50 à 100 % pour restaurer la competitivite des emplois de la recherche en France par rapport aux carrières dans les autres pays ? Peut-on disposer des ressources budgétaires équivalentes, en pourcentage du PIB, à celles consacrées à la recherche aux États-Unis ? Effectivement, il y a 2 modèles pour la recherche : soit un statut garantissant une certaine tranquillité d’esprit pour pouvoir entreprendre des projets de longue haleine ; soit une recherche basée sur des contrats avec des salaires importants. Mais en aucun cas, l’association précarité + bas salaires ne peut engendrer une recherche de qualité.

Le 9 mars 2004 à Paris, Axel Kahn, que l’on ne peut guère taxer d’extrémisme, a très justement souligne que l’enjeu des luttes menées à travers l’action du collectif "Sauvons La Recherche", était historique : c’est d’essayer de conserver sur cette planète au moins une autre façon de faire de la recherche scientifique à côté du modèle dominant anglo-saxon. C’est, dans le domaine scientifique, le refus d’une "pensée unique", qui ne peut être que nuisible à la créativité de l’humanité dans son ensemble.

Au-delà, c’est toute une vision de la société qui est en cause, et notre combat n’est pas isolé, il rejoint celui des hospitaliers, des personnels de l’éducation, des intermittents du spectacle...

Il n’y a pas eu une mobilisation de la recherche d’une telle ampleur depuis longtemps, bénéficiant même de soutiens inattendus tel que le commissaire européen à la Recherche Philippe Busquin. La détermination est extrêmement grande, à Besançon comme dans le reste de la France, et nous comptons en profiter pour nous atteler des lundi à l’élaboration locale des états généraux de la recherche.

Dans l’immédiat, nous donnons rendez-vous à tous ceux qui souhaitent soutenir ce mouvement demain à 11h30, devant la présidence de l’Université de Franche-Comté (en face du marché) pour un "pique-nique citoyen".

Je dois avouer que j’ai emprunté sans vergogne plusieurs phrases aux collègues démissionnaire Marseillais dans l’excellente motion qu’ils ont lues au DG du CNRS. Qu’ils en soient remerciés.