L’action dans la clarté des objectifs pour gagner ensemble !
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, le 25 mars 2004La mobilisation dans la recherche n’a pas cessé de progresser atteignant une ampleur inégalée ; le 19 mars 20-25000 personnes manifestaient à Paris, 3000 à Marseille, 2500 à Nice, 1000 à Toulouse etc !! La participation des précaires au mouvement est massive. Que demandent les manifestants : des postes et des moyens financiers pour les laboratoires. Que leur a répondu le gouvernement ? " Le système de recherche est arrivé à ses limites il faut le réformer pour lui donner plus de flexibilité ". De bonnes fées agissant en sous marins du pouvoir politique distillent chacune leurs prétendus remèdes complaisamment rapportés par la presse. Tous ces remèdes ont un point commun, l’éclatement du statut de titulaire de la Fonction publique dans les organismes de recherche et la transformation de ces organismes en simples agences de moyens. Le statut de titulaire serait cause de rigidité, de sclérose, la précarité à contrario source d’excellence et de fécondité intellectuelle permettrait de sélectionner les meilleurs qui auront le privilège d’accéder à un emploi stable. La dilution des chercheurs dans le corps des enseignants chercheurs proposée par certains (Conférence des présidents d’université, Baulieu, Allègre ?), nous ramènerait plusieurs décennies en arrière. Nous passerions d’un recrutement national à un recrutement local, qui permettrait aux mandarins de contrôler les hommes sur les sites, ce qu’empêche le statut national de chercheur. Le statut de chercheur fonctionnaire décrié par tous ceux qui veulent éclater les garanties statutaires des salariés protège les chercheurs de leur hiérarchie. En outre, il permet toutes les mobilités. C’est pour cela qu’il doit disparaître, les chercheurs ne doivent plus avoir aucune autonomie professionnelle, ils doivent être de simples exécutants des programmes décidés par le pouvoir politique. La précarité et la casse du statut sont les clefs de l’organisation de la recherche pour les différents pouvoirs politiques qui veulent en finir avec l’autonomie de la démarche scientifique. Ce statut n’a pas été octroyé généreusement par le gouvernement en 1984, il a été imposé par les personnels. Les 550 CDD représentent un enjeu majeur pour le système de recherche que le gouvernement veut édifier. C’est le tout début d’une organisation centrée sur le travail précaire institutionnalisé. Le plan Larrouturou/Mégie pour le Cnrs vise à ce que 15 % des emplois de chercheurs titulaires de l’organisme soient remplacés en 2010 par des CDD. A l’Inserm le Directeur Général a déjà mis en application cette politique avec les programmes " Avenir ". La revendication de la transformation des 550 CDD en postes de titulaires est non seulement légitime mais stratégique. Il y a donc bien accord sur le fond entre les directions d’organisme et le gouvernement. Dans ces conditions, ne pas porter d’appréciation sur les plans Larrouturou/Mégie et " objectifs Inserm " de C Bréchot revient à laisser se mettre en place concrètement une politique dangereuse pour les personnels et la recherche. Ne serait il pas paradoxal de porter le fer contre le gouvernement et d’éviter de le porter contre ceux qui rendent concrète cette politique ? Ces questions sont incontournables au moment où démarrent les Etats généraux qui sont censés réformer le système de recherche. Nous pouvons nous interroger sur leur intérêt si le Cnrs et l’Inserm font comme si elles n’existaient pas ? Ce, d’autant que le Comité d’Organisation des Etats généraux comprend des personnalités qui n’ont jamais caché leur hostilité au statut de titulaire. Il est par conséquent légitime de connaître les positions des uns et des autres et en particulier de ceux qui sont au plus près de l’organisation des Etats généraux. Il faut qu’ils entendent les revendications avancées sur un certain nombre de points clefs notamment le statut de chercheur, l’age et le niveau de recrutement. Si ces questions ne sont pas abordées ouvertement, les Etats généraux risquent d’aboutir à des conclusions totalement opposées aux revendications exprimées par l’immense majorité des personnels des laboratoires qu’ils soient chercheurs et ITA statutaires ou qu’il sagisse de chercheurs et d’ITA en situation de précarité.