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Pourquoi ne parle t’on pas des 2000 postes de MCF ?

Par jean-louis barrat, le 25 mars 2004

Au risque de deplaire, je voudrais souligner ici ce qui m’apparait comme une certaine confusion entretenue - volontairement ou non par beaucoup d’acteurs de ce mouvement, entre deux objectifs fort differents. Si cet amalgame est efficace lorsqu’il s’agit de federer les mecontentements, il risque de l’etre moins lorsqu’il s’agira de faire des propositions concretes.

La petition originale etait axee sur deux points
- l’emploi des jeunes docteurs
- les credits de fonctionnement des organismes de recherche

Aujourd’hui, c’est en pratique sur le premier point que semble se focaliser la protestation. Or, on ne peut pas ignorer pour juger ce point que environ 2000 postes de Maitre de Conferences sont aujourd’hui ouverts dans les universites (voir par exemple le site de la guilde des doctorants). Si on ajoute a ceci les postes des organismes de recherche (CNRS, CEA, INSERM, INRETS, INRA,INRIA, et j’en oublie) on arrive a un total de l’ordre de au moins 2500 postes, soit de 25 a 30% du flux annuel de doctorants qui auront la possibilite d’obtenir un poste de chercheur ou enseignant chercheur permanent. Ce chiffre peu paraitre faible, il n’est en outre pas uniforme suivant les secteurs, mais nul ne peut contester qu’il est BEAUCOUP plus eleve que ce qu’offrent les autres pays developpes.

Il y a bien sur des raisons demographiques ponctuelles a cela. Quel que soit le gouvernement, ce ratio (emplois publics/docteurs) sera beaucoup moins eleve en 2015, a moins d’envisager que le nombre de doctorants decroisse dramatiquement, ce qui nous ramenerait a la situation du debut des annees 80.

Le vrai probleme n’est donc pas tant celui de l’existence des emplois, mais plutot :

1) la faible attractivite d’une partie de ces emplois, en particulier au niveau MdC. Si il y a une veritable ’fuite des cerveaux’ c’est la qu’il faut en chercher l’origine, non dans une supposee penurie de postes. On touche alors effectivement au probleme du financement global de la recherche (au niveau du fonctionnement, de l’equipement, voire des salaires) qui est bel et bien le point ou nous sommes en retard par rapport aux autres pays.

2) les conditions d’attribution presque toujours aberrantes (procedures, dates limites, etc..), et parfois franchement scandaleuses de ces postes, qui contribuent souvent a creer un sentiment d’injustice. Il s’agit la de la structure meme du systeme de selection, et surtout de l’esprit dans le quel on le fait fonctionner, qui est sans doute largement a revoir

3) la faible reconnaissance en France, dans le secteur prive, du titre de docteur par rapport a un diplome de grande ecole. Le cercle vicieux, qui entraine beaucoup des meilleurs etudiants vers un cursus court sans these, est tres difficile a rompre.

En faisant de la creation d’emplois une revendication centrale, le mouvement entretient l’illusion qu’il est possible d’apporter une solution ’facile’ et a court terme, a des problemes structuraux beaucoup plus graves, et qui demandent des evolutions en profondeur du systeme (organisme de recherche comme universites et grandes ecoles). Si ces evolutions n’ont pas lieu, en 2015 ce ne sont pas 100, mais 3000 emplois nouveaux par an qu’il faudrait creer tous les ans pour absorber le flux de doctorants...dont les meilleurs partiront de toute facon a l’etranger plutotque de prendre un poste mal paye et sans moyens pour travailler.