Les « chercheurs à vie » : une tare de la recherche ?
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, le 2 mai 2004Les mêmes qui aimeraient voir les chercheurs devenir des enseignants chercheurs avancent souvent l’idée que le système du chercheur à vie sclérose la recherche. Cette idée qui sent la naphtaline est ressortie des tiroirs par tous ceux qui veulent mettre en place une organisation hiérarchique de la recherche dans laquelle les chercheurs n’ont aucun espace de liberté. Les chercheurs comme les fruits auraient tendance avec le temps à devenir blets, ce qui oblige à les consommer jeunes. Bien entendu, ce raisonnement n’est pas applicable aux académiciens et universitaires qui sont apparemment soumis à des lois physiologiques différentes, l’âge ne faisant que les bonifier ! Ceux qui tiennent ces « raisonnements » si l’on peut qualifier ainsi ces lieux communs dépourvus de toutes démonstrations, sont tous des cadres aux fonctions élevées, aux multiples salaires et qui fleurtent avec tous les pouvoirs politiques. Pourquoi les chercheurs devraient ils être conduits vers la sortie et pas les médecins, les avocats, les artistes, ou les ingénieurs des ponts et chaussée, les architectes, etc, etc ? François Kourilsky qui avait déclaré quand il fut DG du CNRS « En France on a jamais réussi à instituer les post-doc, j’y arriverai ! » avait imaginé la mise en place d’un système de tri sélectif des chercheurs par entretien personnalisé. Après 10 ans de bons et loyaux services le CR se voyait audité par sa direction de département qui lui conseillait soit de continuer ou d’aller exercer ses talents dans l’enseignement ou le privé, cela avait un nom : la mobilité. Ce tri sélectif devait aussi concerner les DR2 agés de 50 ans. Seul le grade de DR1 conférait la stabilité de l’emploi. Les entretiens expérimentaux (dépourvus de valeur statutaires) commencés dans le secteur SdV se sont révélés décevants pour la direction, les CR ne se laissaient pas faire. Quant aux DR !! Le projet fut abandonné ! Dans la dérégulation F Kourilsky était un peu en avance sur son temps. 10 ans après, certains dans le milieu qui veulent des chercheurs soumis à la hiérarchie, jugeant la période plus favorable prenant prétexte des Etats généraux reviennent à la charge. Ah si comme dans le privé on pouvait gérer le personnel à flux tendu, embaucher, dégraisser en fonction de la demande, ou plus exactement en fonction des projets ! mais ce statut quel carcan ! Le problème pour ces Académiciens et autres hiérarques vivant dans l’Olympe de la recherche bien au dessus des besogneux de laboratoires, c’est que les précaires qui sont massivement dans le mouvement de lutte veulent être embauchés sur statut et que les chercheurs statutaires ne sont pas prêts d’être pris pour des Kleenex que l’on jette après usage.