A qui de droit
Par
, le 13 mai 2004Cette lettre a pour objet de vous faire part de mon ressenti, à chaud, des différentes perturbations qui agitent notre profession, et plus largement, d’un contexte national et international. Vous y trouverez sans doute les raisons qui me poussent à me mettre en marche et à rejoindre les rangs des « Chercheurs en colère », malgré une charge de travail par ailleurs importante et une disponibilité minimale. Parmi les différentes raisons possibles, celle majeure qui me pousse à sortir de ma réserve et mon silence est l’avenir médiocre et sombre que nous réservons aux jeunes que nous formons, si nous ne réagissons pas. Compte tenu du nombre préoccupant de voyants rouges qui s’allument, à l’échelle nationale, européenne et mondiale, je pense que le moment est venu d’agir et réagir. Ce courrier est structuré comme suit : I 11 mars 2004, annonce des Etats Généraux de la Recherche sur fond de terrorisme international. II 11 avril 2004, Pâques ou le passage III 11 mai 2004, quelques propositions
A qui de droit Maître de Conférences En colère Chercheuse en recherche « de base » en Science des Matériaux Valorisation pédagogique et industrielle potentielle 11 mai 2004
Bonjour, Cette lettre a pour objet de vous faire part de mon ressenti, à chaud, des différentes perturbations qui agitent notre profession, et plus largement, d’un contexte national et international. Vous y trouverez sans doute les raisons qui me poussent à me mettre en marche et à rejoindre les rangs des « Chercheurs en colère », malgré une charge de travail par ailleurs importante et une disponibilité minimale. Parmi les différentes raisons possibles, celle majeure qui me pousse à sortir de ma réserve et mon silence est l’avenir médiocre et sombre que nous réservons aux jeunes que nous formons, si nous ne réagissons pas. Compte tenu du nombre préoccupant de voyants rouges qui s’allument, à l’échelle nationale, européenne et mondiale, je pense que le moment est venu d’agir et réagir. Ce courrier est structuré comme suit : I 11 mars 2004, annonce des Etats Généraux de la Recherche sur fond de terrorisme international. II 11 avril 2004, Pâques ou le passage III 11 mai 2004, quelques propositions
I 11 Mars 2004, annonce des Etats Généraux de la Recherche sur fond de terrorisme international 1.1) 12h à 14h, A.G. des personnels : Parmi les différentes informations, j’en capte deux principales à mon coeur, les propos rapportés d’Axel Kahn à Paris et la nécessité de valorisation sociale de la recherche, ouvrir les Etats Généraux au reste de la population qui paie pour la recherche. * Les propos d’Axel Kahn à Paris : va-t-on opposer deux projets de société antagonistes ? Le pire où l’on penserait que la précarité et la peur sont les pré requis pour obtenir l’excellence. L’insécurité et la pression maximale rendraient le chercheur performant dans sa recherche permanente de contrats pour financer ses recherches et son salaire. Le pire mais on le vit déjà, me rapportent nombre de personnes travaillant dans les entreprises ou les hôpitaux ou ne pouvant plus travailler parce que chômeurs oubliés le long de la route et sacrifiés au nom de la compétitivité. La doctrine du pire se généralise à toutes les entreprises semble-t-il, histoire d’éviter que le Français moyen ronronne dans sa routine ou s’endorme dans ses petits acquis et son confort de routine. Le pire, ou compétitivité, excellence et innovation dérivent vers compétition acharnée, pression, surpression et rythme infernal, exacerbant individualisme et égoïsme, générant stress, incompréhension, méfiance et violence, violence externe ou implosion interne, dépression burn out et mort pour tous les perdants au profit des rares gagnants. L’homme au service de la technologie, de l’économie, du marché et du profit, rendu soudain esclave de ses propres créations, au nom de la liberté libérale ? Produire et travailler à en crever, je pense à cette nouvelle maladie de burn out qui tue de plus en plus au Japon, du cadre à l’ouvrier anonyme, et dont les statistiques ne cessent d’augmenter et d’inquiéter. Me reviennent à l’esprit les commentaires échangés en ma présence par deux « hauts » responsables, lorsque je travaillais dans une grande entreprise industrielle. Ils approuvaient une certaine technique de gestion des cadres pratiquée et éprouvée du type : confier à deux jeunes cadres deux missions voisines, à leur insu, et sélectionner le meilleur au bout d’un an, en licenciant ou contraignant le perdant à la démission ; lorsque le cadre commence à dominer son sujet, le muter géographiquement et professionnellement, le cadre stressé et inquiet étant susceptible de donner le meilleur de lui-même. Sans commentaires pour moi, pour cette stratégie de gestion du cadre en cultivant l’excellence par l’insécurité. Soyons alors honnêtes et ne nous étonnons pas de cette spécificité française en termes de leader en consommation de tranquillisants et anti dépresseurs. (Heureusement, j’appris également des choses utiles dans cette entreprise : je pense avoir fait une bonne expérience de l’industrialisation d’un procédé. J’appris également l’importance d’une bonne gestion des relations humaines, pour la réussite d’un procédé multi disciplinaire et nécessitant une bonne synergie entre acteurs de métiers complémentaires mais différents. Nos collègues chercheurs étaient payés entre autre pour produire notes techniques et publications, nous étions payés pour réussir l’industrialisation et assurer le démarrage d’installations dans les meilleures conditions de sécurité. J’appris bien mieux qu’en thèse à travailler en équipe, et je dois reconnaître que les relations avec mes collègues ingénieurs procédés, de projet et de bureau d’études et les équipes techniques et de production furent parfois plus faciles et plus sereines qu’avec certains de mes collègues chercheurs de l’entreprise, très stressés et préoccupés par leur carrière et leur moyenne de publications). Le pire, ne pas croire en l’être humain et lui préférer un concept abstrait, le leurrer et l’enfermer dans un système qui lui échappe, le priver de sa liberté au profit de la liberté de sa création, le productivisme qui le déréalise, le déshumanise, le dépersonnalise, le bouffe le vide et finalement le rejette comme fantôme vidé de sa substance, dans la cohorte des exclus et chômeurs, au nom d’un certain libéralisme triomphant, entité artificielle inhumaine mais libre, nourrie et repue de toute cette liberté volée aux gens, aux vivants, au profit d’un concept mondialisé. Le pire ...ou la montée très préoccupante du harcèlement moral au travail (cf. nouvel Obs. du 6 au 12 mai 2004) et ses conséquences extrêmes en termes de suicides. L’être humain ne peut plus être responsable sous la pression et la contrainte. Un autre indicateur rouge sur une conséquence éventuelle de cette gestion du pire, à l’heure ou l’on apprend d’une part la mort du père de la néo natalité, médecin chercheur combattant au service de notre humanité, et la montée préoccupante de la grande prématurité en France. Que se passe-t-il donc en ce moment qui voit émerger de nouvelles pathologies, qui feraient qu’un être humain en construction dans le ventre de sa mère biologique se verrait en si grand danger au sein de sa mère qu’il serait préférable pour lui de naître bien avant son terme officiel ? Un autre indicateur incandescent sur la prise de conscience de l’impact de la pollution chimique (atmosphérique, matériels, alimentaire..) sur notre santé avec l’émergence et la croissance de maladies « modernes » graves voir mortelles. Merci au collectif de chercheurs et philosophes d’avoir pris position à ce sujet. Puissent les gouvernants à l’échelle nationale et européenne vous entendre, vous écouter et agir en conséquence. Le pire à l’échelle de notre planète, qui semble craquer de nos excès et s’épuiser par notre hyper compétitivité et notre hyper productivité, notre si jolie planète bleue vue de l’espace, l’homme sera-t-il l’artisan principal de la prochaine bio extinction ? Le pire ... Ou le meilleur où l’on penserait que l’excellence peut être obtenue par un système qui respecte les gens dans un environnement scientifique stable. Utopie de doux rêveurs ? Le meilleur, ou compétitivité innovation et excellence seraient pensés en respectant l’être humain et son environnement. Respect de l’être humain, du milieu naturel et des ressources, de la différence source de richesses intérieures et extérieures, travail coopératif et mutualisation de ressources, créativité et développement durable, respect et devoir vis-à-vis des générations futures, travail en équipe tout en respectant l’individu dans sa différence, la liberté nourrit la liberté. Utopie ou réalisme ?. Le meilleur, ou croire en l’être humain, mais prendre conscience qu’il n’est qu’une des matérialisations de la vie, et lui rappeler son cadre, qui le nourrit, entre ciel et terre, poussant ses racines profond dans cette terre qui est tout simplement, mais qui n’est pas la sienne, lançant ses frondaisons vers le ciel ou son esprit vole. Et l’image d’une posture taoïste et donc ancienne me vient à l’esprit : l’être humain debout, droit mais souple entre ciel et terre, main gauche en haut paume vers le ciel qui caresse le ventre du dragon vert, animal symbolique chinois du printemps créatif mais parfois colérique, main droite en bas, paume vers la terre, qui caresse le dos du tigre blanc d’automne, qui trie coupe et protège, l’être humain au milieu, regardant droit devant lui, son esprit porté vers le ciel et en avant vers le phoenix rouge de l’été, son dos bien droit et calé, lové contre la tortue noire d’hiver, lui libre dans sa rectitude, le cœur pacifié et l’esprit apaisé, libre d’agir, de vivre et de marcher sur le chemin, et traverser avec prudence la surface d’un étang gelé, heureux parce ce qu’il est, tout simplement, et qu’il vit. Qu’importe l’origine de traditions humanistes millénaires. Prenons seulement le temps de regarder autour de nous, d’observer et d’entendre les messages verbaux ou autres, prenons le temps de lire notre histoire, de comprendre nos racines, de nous repositionner à notre juste place dans un environnement international. Il est parfois utile, voir nécessaire pour perdre moins de temps, et gaspiller moins d’énergie, de comprendre et connaître « le bon usage de la lenteur » tel que l’écrivit un certain philosophe, Pierre Sansot. Puisse le livre « planète attitude » (édité par WWF) informer et essaimer des germes solides de prise de conscience et d’agir auprès des éco- citoyens. Libres dans notre rectitude, la responsabilité requiert liberté et autonomie dans un certain respect. * Valorisation sociale et éducative de la recherche : D’abord les constats : crise européenne de vocation auprès des jeunes, qui n’ont plus envie de faire des études scientifiques et technologiques, ces sciences dures à études longues et difficiles, pour une perspective de carrière de moins en moins rémunératrice, et pour les plus motivés d’entre eux, une perspective d’émigration vers des contrées plus accueillantes pour les cerveaux qui pédalent vite, au hasard l’Amérique et son mythe d’eldorado version recherche moderne. Certains jeunes préfèrent ce qui paye, les secteurs de l’économie et du management voient fleurir de jeunes vocations, et les entreprises voient débouler à tout niveau des managers dynamiques à dents longues qui restructurent sans vergogne, avec parfois des conséquences dramatiques sur la technique, tant il est vrai que la technique requiert une latence minimale de maturation, et un manager incompétent techniquement, s’il ne sait pas s’entourer et écouter de bons techniciens, peut casser beaucoup d’œufs et couler beaucoup de secteurs d’entreprises, tout en se garantissant une carrière confortable et rémunératrice. Paroles entendues lors de l’AG : les états généraux, par définition clergé, noblesse et tiers état, doivent s’ouvrir au reste de la population contribuable. Si le scientifique veut faire le professeur, le reste de la population pourrait être tenté de jouer au sale gosse. Sauvez la recherche en l’ouvrant aux autres ! Les autres ? les associations de malades et toutes celles qui ont besoin d’expertise scientifique, et madame et monsieur tout le monde, qui paient pour la recherche. Attention à la course effrénée vers toujours plus de savoir et de connaissances. Le risque est une certaine déprise avec la réalité. N’oublions pas de cultiver notre jardin, observer autour de nous, conscientiser notre environnement naturel, nous ouvrir à la diversité culturelle de notre planète, prendre le temps de prendre connaissance des cultures anciennes, d’en analyser la symbolique et extraire les graines et le terreau susceptibles de nous faire progresser. Et surtout, quel que soit notre niveau scientifique et technologique, n’oublions pas de rester humbles devant la vie, car notre connaissance si grande nous paraisse-t-elle, n’est qu’un petit îlot dans l’océan de notre ignorance. Soyons nous, tout simplement et cultivons notre humanité qui n’est jamais trop grande. Je pense que l’excellence ne peut être obtenue que si notre compétence en humanités est comparable à notre compétence scientifique et technique, en restant à notre place de madame et monsieur tout le monde, et non pas enfermés dans une pureté scientifique et tour d’ivoire. Soyons simples aussi. Attention à un vocabulaire trop hermétique. Il nous faut redécouvrir la valeur et la simplicité des mots, et ne pas abuser du verbe et de la parole en noyant notre interlocuteur par un flot d’informations qui ne sont pas nécessairement à sa portée du moment. (Sur ce point, je dois reconnaître que j’ai de gros progrès à faire). L’incompréhension engendre la méfiance qui peut dégénérer en violence et conduire au rejet. Soyons fermes et honnêtes, pratiquons le parler vrai, dénonçons les propos démagogues et la gueule de bois, trop souvent utilisés par nos politiques, qui n’ont certainement pas été élus par le peuple pour l’endormir et lui mentir. Quant à nous enseignants et formateurs, pour nos étudiants qui choisissent envers et contre tout de suivre des études en « sciences dures », n’oublions surtout pas de semer en leurs esprits scientifiques les graines nécessaires à leur développement en « humanités ». Nous personnels INPG, si nous ne voulons pas que notre manifeste ne soit que production pieuse d’utopie, encourageons la l’introduction ou la réintroduction d’un passeport de compétences en humanités. Vous mes collègues, je considère comme dangereux le fait de certains, qui exacerbent l’orgueil des élites en encourageant les meilleurs étudiants sur le parcours de l’excellence, sans leur rappeler l’humilité de leur existence. Attention à ce compliment poison et pervers « vous êtes nos élites » si vous oubliez de compléter « mais le meilleur dans sa performance scientifique n’est qu’un humble grain de sable dans l’océan de la vie, ni meilleur ni pire que son voisin plus modeste ». La recherche est prioritaire dans notre pays, nous dit-on ? Nombre de subventions votées par l’assemblée nationales en 2002 n’ont toujours pas été versées. Quelle entreprise accepterait cette situation inacceptable ? La recherche est prioritaire ? jamais jusqu’à présent aussi peu de postes n’ont été créés, malgré des besoins criants. On propose à notre jeunesse à tête bien faite et bien pleine Bac + 8 et plus de se battre pour quelques CDD au salaire assez bas. La recherche française et ses fonctionnaires, une exception européenne qui porte atteinte au dynamisme de cette recherche ? ? ? Certes, les chercheurs Allemands, confrontés à la précarité de leur fonction jusque tard dans leur carrière, nous envient nos emplois stables mais certainement pas nos salaires, remarquablement bas comparés aux autres pays de l’Europe (Ouest). Si j’ai bien compris, je gagne à compétences et fonction équivalentes, bien moins qu’un collègue Allemand et environ 3 à 4 fois moins q’un collègue Américain. Que m’importerait, si ce complément de salaire que je ne touche pas servait réellement à rémunérer un autre maître de conférences comme moi. Que m’importerait, si nous pouvions recruter les jeunes de haut niveau scientifique et technique que nous formons, quand le boulot est là et à faire. La recherche est prioritaire ? Le budget recherche 2004 voté par la France est le plus bas, comparé à celui proposé par les autres états membres de la Communauté Européenne. Me reviennent en mémoire les propos d’un représentant du parlement européen, à France Inter, qui dénonçait ce fait et s’inquiétait de cette contradiction française, préjudiciable à ses yeux. Mon expérience ? Toute mon activité de recherche repose sur l’expérimentation spatiale en Science des Matériaux. Je participe à deux Microgravity Application projets européens, un projet intégré et un Topical Team, tous managés par l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Depuis que je suis arrivée dans mon nouveau labo (avril 2002), je n’ai pas encore reçu de financement de l’agence spatiale nationale (CNES), en grande difficulté budgétaire, et j’ai pu continuer à travailler jusqu’à présent grâce à l’ESA, à l’Europe, et au principe de solidarité mis en place dans mon laboratoire. Je rentre d’un workshop organisé par l’ESA et l’ESF (Europeen Scientific Fundation), où les agences nationales ont rapporté ce type de difficultés majeures, et la nécessité pour nous chercheurs de nous organiser à une échelle européenne, tout en demandant une meilleure coordination entre la commission européenne, l’ESA, les agences nationales et les instituts nationaux. Le problème c’est que notre pays est extrêmement endetté. Est-il alors moral dans ce contexte lourd, de demander plus de moyens et de postes ? Je réponds oui, quand il s’agit de la survie de notre recherche menacée de démantèlement et promise à l’extinction, quand la plupart des autres pays également endettés (USA, Japon, Allemagne ....) choisissent délibérément de booster leur recherche. Je réponds oui, quand mon cœur se noue de dégoût, lorsque j’apprends les sommes vertigineuses détournées dans l’affaire Elf. Et pour une affaire révélée, combien prospèrent encore et engraissent des délinquants à col blanc sur le dos de la France d’en bas, celle qui n’en peut plus de payer pour tous, et de devoir gérer la survie au quotidien plutôt que la vie tout simplement. Nous ne pourrons plus payer les retraites ? Passe la réforme que l’on connaît avec les désordres et remous associés. Je fis grève deux jours, pour rien, avec le sentiment douloureux de ne pas être entendue, comprise ni respectée, comme tous mes autres collègues enseignants, qui se battirent en vain. Il nous faut devenir raisonnable et nous serrer la ceinture, et ne pas transmettre ce fardeau explosif aux générations futures. Certes, mais en même temps, les grands patrons, les meilleurs bien sûr, ceux qui se proclament capitaines d’industrie, font voter à leurs chères entreprises le principe de rente à vie, après leur départ pour une retraite bien méritée, la rente étant calculée pour maintenir le salaire actuel. Impressionnant et cela passe dans l’indifférence générale. Il s’agit de certains représentants et non des moindres de la France d’en haut vous comprenez. A propos, que penser des salaires de nombre de patrons, dans cette période dite d’austérité ? Ces salaires là se portent bien, certains augmentent même significativement alors que certaines entreprises concernées ferment pour faillite, se restructurent ou se délocalisent. Avec ces salaires et rentes excessives, combien de smic ou de retraites au smic l’état pourrait-il payer ? Mais il s’agit peut-être de récompenser les « travailleurs », les vrais qui portent l’avenir de la France, quant aux smicards à vie, ne mériteraient-ils pas leur terne et lourd destin ? (Rassurez-vous, je ne pense pas ces propos provocants). Toujours à propos de salaires, que pensez-vous de l’exemple donné par cette équipe ministérielle, qui à peine arrivée au pouvoir, commence par voter l’augmentation de ses propres salaires, les salaires de la précédente équipe étant considérés comme trop bas, eu égard à la fonction et la prestigieuse mission ? Que penser des affaires de financement occulte des partis, qui secouent périodiquement la France, partis de Gauche comme de Droite, sauf que les dernières en cours concernent des périodes post loi pour assainir la pratique illégale. Femme de bientôt 45 ans, mère de trois fils, enseignante et chercheuse de terrain, Bac + 8, modeste grain de sable sollicitée pour prendre des responsabilités dans des projets européens (non rémunérées mais rapportant quelque argent à mon labo., et ouvrant mon action de chercheuse à l’échelle européenne), fonctionnaire et fière de l’être, je « pèse » environ 2400 Euros net / mois, je n’éprouve aucune culpabilité vis-à-vis du contribuable (dont je fais partie) qui paie pour mon salaire et ma recherche, j’ai plaisir à faire mon boulot, et je souhaite seulement que l’on me laisse travailler en paix, moi et mes collègues chercheurs et enseignants chercheurs, et que l’on nous permette d’embaucher dans des conditions décentes les jeunes chercheurs que nous formons, en fonction de nos besoins et des moyens nécessaires pour honorer nos contrats, dès lors que nous estimons que leurs compétences et leur potentiel de recherche le justifient. 1.2) 11 mars 2004, les attentats de Madrid Je rentre de mon travail, j’écoute France Inter dans le bouchon du soir, et paf, un coup de poing au ventre, qui a enfanté de trois fils, une baffe à la tête, celle qui ne comprend pas, mourir à Madrid, Al kaeda, barbarie. Sans commentaire. Et je pense, dans ma douleur d’être humain, blessée par toute cette violence récurrente : automne 2002, 11 septembre, le réveil de la barbarie ; printemps 2003, la guerre d’Irak, barbarie d’état, l’opinion publique mondiale descend dans la rue et dit non, le peuple Espagnol refuse cette guerre inique dans sa grande majorité, l’humanité dans son rêve de démocratie va-t-elle s’imposer en cette aube de nouveau siècle ? La réponse est froide et tombe comme un couperet. Non, la loi du plus fort a encore de beaux jours. Le pétrole apparaît raison d’état qui justifie une nouvelle barbarie. Pire, derrière le prétexte du pétrole, c’est la religion qui se profile pour justifier une nouvelle guerre dite préventive et dans les faits franchement sale. Plutôt patrimoine de notre humanité occidentale, berceau de nos origines abritant notre Eden mythique, l’Irak est écrasé et fume de ses ruines, son pétrole est sous contrôle américain, son musée légendaire fut pillé à portée d’indifférence de soldats. Mais l’Irak résiste encore et toujours, sauf que sa terre rouge de massacres se convulse sous les attentats. Un des derniers pays laïc « fort » des mondes Arabes est tombé. Cette guerre contestable et contestée donna certainement prétexte à nombre d’êtres humains fragilisés de choisir le fanatisme et l’obscurantisme, qui prospère sur la misère l’ignorance et l’oppression des peuples. La violence appelle la violence et la guerre a toujours appelé la guerre. Je pense que le concept de guerre préventive est pervers et dangereux. Je crains que l’actualité sur le scandale des tortures sur les prisonniers Irakiens ne me donne malheureusement raison. 11 septembre 2002, printemps 2003, 11 mars 2004, sans compter les multiples attentats dans le monde entier, j’espère que ces faits ne sont pas les premières manifestations d’une sorte de guerre finale apocalyptique ou Armaggedon ou jihad entre intégrismes opposés ( protestant, islamiste et sioniste). Car alors notre planète bleue livrée à la montée incontrôlée de l’obscurantisme serait en très grave danger. En ce printemps 2004, voici une piqûre de rappel barbare infligée au peuple Espagnol, ce même peuple qui descendit massivement dans la rue pour dire non à la guerre, et ne fut pas écouté ni entendu de son gouvernement d’alors. Un point positif de cette actualité tragique fut la réaction immense du peuple agressé, qui se retrouva majoritairement dans la rue pour refuser cette histoire écrite avec le sang des innocents, puis aux urnes dénonça sans état d’âme un gouvernement politique sourd à son peuple, sourd au cri de la rue, et prêt à tout et au mensonge, pour se maintenir au pouvoir. Le peuple a voté, et l’avenir fera la part de justice. Mais quel rapport avec les Etats Généraux de la Recherche ? Je me souviens cette remarque de jeunes : tu es chercheur, tu travailles pour les militaires ? Un de mes collègues scientifiques, contraint par sa hiérarchie d’arrêter toute activité de recherche dans le domaine de l’expérimentation spatiale, m’avoua récemment travailler à présent beaucoup pour les militaires. Certes on peut faire de la recherche utile dans tous les domaines, y compris celui-ci. C’est surtout un secteur qui bénéficie encore de beaucoup d’argent. L’actualité internationale peut poser le problème ou la nécessité d’avoir une armée forte. Je ne rentrerai pas dans ce débat aujourd’hui. Par ailleurs, comme modeste chercheuse à réputation internationale dans mon petit domaine de compétence scientifique, j’ai l’honneur et le plaisir de fréquenter quelques conférences internationales, et d’y rencontrer et échanger avec mes confrères scientifiques du monde entier. Je dirais que les deux obstacles principaux à ces déplacements internationaux sont les guerres et l’émergence de nouvelles maladies épidémiques, comme le SRAS par exemple. Je veux seulement pointer sur la nécessité pour chaque scientifique de faire un état des lieux, du type : Quelle est ma motivation ? Quels sont mes objectifs ? Quels moyens puis-je utiliser pour y parvenir ? Comment ces projets s’insèrent-ils dans le contexte national et international ? Sont-ils en accord avec des considérations éthiques ? 1.3) Et les femmes ? Femmes du monde, mères au combien souvent bafouées, bridées non entendues et incomprises. Je ne sais pas si « la femme est l’avenir de l’homme », comme l’a écrit en son temps Aragon, et encore moins si le proverbe « ce que femme veut, Dieu le veut » est fondé. Ce que je sais, ce que je vois et enregistre, c’est que les pays ou les hommes méprisent leurs femmes, les cachent les privent de liberté s’opposent à leur instruction les enferment voir les tuent en toute légalité, ces pays là souffrent de guerre endémique, se convulsent dans les conflits, souvent ne retiennent pas leurs enfants qui partent en mourant, j’ai peur que ces pays soient tristes, écrasés de violence et de haine et sans avenir, tant qu’ils persistent dans cette erreur et injustice de croire que l’homme est le seul chef digne de vivre et en enfermant maltraitant humiliant sa compagne il renie sa mère et transforme sa terre en enfer. Ces propos doivent être considérés avec prudence car je n’ai jamais visité ces pays. Sans doute abritent-ils aussi de belles richesses humaines, culturelles et environnementales, que la guerre et les conflits altèrent et dégradent. Pourtant si j’ai bien compris, je crois que le Coran n’a jamais écrit et institutionnalisé pareille défiance et répression envers les femmes. Remarquez dans nos évangiles non plus, je n’ai rien lu qui justifie notre culture et tradition judéo-chrétienne qui longtemps considéra la femme comme un peu sorcière et très suspecte, assurément pas adulte ni responsable. Et dans notre pays des droits de l’homme justement, il fallut attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour que nos mecs daignent accorder le droit de vote aux femmes, en remerciement des bons services rendus pendant la guerre par le sexe dit faible. A propos pourquoi le projet politique issu de la résistance à la fin de la guerre fut-il abandonné et oublié ? Remarquez on ne va pas se plaindre, en Suisse les femmes n’ont toujours pas le droit de voter. Et moi scientifique je dus et dois me battre encore plus pour me faire une petite place au soleil de la recherche, et à présent reconnue internationalement dans mon modeste domaine de compétences, j’ai parfois le vertige en cherchant les trop rares collègues féminines dans les congrès internationaux que je fréquente et je m’étonne de me retrouver parfois seule conférencière féminine parmi tous mes collègues masculins. C’est la vie, et dans ma jeunesse je fus au combien surprise de prendre conscience que le milieu métallurgiste que j’avais choisi pour ma thèse était de tradition plus misogyne que la chimie et le génie chimique qui constituait ma formation initiale. Je pense que ce n’est pas un hasard si peu de femmes en France ont des postes à haute responsabilité dans nos universités et nos institutionspolitiques.Manque demotivation pour la fonction, ou manque de motivation pour plonger dans la mare aux canards, parfois infestée de requins ? Et parmi celles qui sont parvenues à ces postes, combien furent brisées au moindre faux pas ? Et pour les « gagnantes », combien durent sacrifier en partie leur vie familiale et privée au profit de leur « carrière », au risque de perdre une partie de leur humanité dans cette « aventure » ? Mais nous les femmes en France avons le droit de nous exprimer et de voter et bénéficions d’une certaine liberté. Me reviennent en mémoire les propos d’un de mes ancêtres colporteurs d’Oisans, qui écrivait alors à son frère, vers 1860, se réjouissant des bons résultats à l’école de sa fille aînée : « frère, réjouis toi des bons résultats scolaires de ta fille, et encourage la à persévérer dans son instruction. Les filles de notre pays sont vraiment trop malheureuses et maltraitées. Elles n’ont pas nos couilles et ne peuvent pas prendre la route, voir du pays et se sortir de leur condition de grande pauvreté comme nous autres garçons ». A titre anecdotique, dans ma famille, les « pédagos » succédèrent aux marchands colporteurs via l’école publique et Jules Ferry. J’ai donc appris très jeune que la priorité était l’école et que mon indépendance et ma liberté même au sein d’un couple serait étroitement liée à mon activité professionnelle. Dans nos écoles d’ingénieur, j’ai parfois constaté qu’un étudiant qui se contente d’un 12 de moyenne pouvait être accepté comme optimisant son temps et ses ressources. Une étudiante avec un 12 ne peut assurément faire mieux et est donc moyenne. Par ailleurs dans mon milieu professionnel, quand un mec se met en colère, on dit qu’il a du tempérament, voir du courage. Quand une femme se met en colère elle devient hystérique, ou au moins tourmentée. Certes la colère est source de dommages, par la violence qu’elle peut véhiculer. Mais une colère juste est parfois nécessaire, elle peut alors être associée au courage. A propos des droits de l’homme, moi je préférerais que la France soit le pays des droits de l’être humain.
II 11 avril 2004, Pâques ou le passage Mais pour en revenir au contexte international révélé par le 11 mars 2004 ou mourir à Madrid, je pense à un mec venu parmi nous, il y a environ 2000 ans, d’une filiation pas commune, qui passa sa courte vie à prier pour son peuple et s’évertuer à lui transmettre un beau message d’amour, avant de mourir dans les tortures que l’on sait pour sauver son peuple, c.a.d. nous les humains par sa mort tourmentée. Et je songe à son cri « pardonnez leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». 2000 ans plus tard, nous ne savons toujours pas ce que nous faisons, l’inconscient est à la mode et gouverne semble-t-il une partie de nos actions, pour le meilleur et pour le pire. Le XXe siècle a accouché de deux guerres mondiales, d’une Choa et de plusieurs génocides. La première guerre vit la fin des monarchies et des empires de la vieille Europe. La deuxième guerre fut une convulsion qui vomit les intégrismes nazis et fascistes. La Choa et les divers génocides (dont le récent du Rwanda) furent peut-être la conséquence de pensées malsaines intolérantes et racistes, entretenues depuis souvent bien longtemps et institutionnalisées par certains partis au pouvoir. Le XXIe siècle paraissait bien démarrer, dans la prolifération d’ouvertures et d’échanges entre pays parfois lointains, une certaine mondialisation de l’information et de la culture. C’était sans compter sur la montée des intégrismes religieux ou éventuellement d’état. Quand on regarde notre passé, on voit ce que cela donne l’intégrisme et le fanatisme quel que soit le contexte et l’origine : l’inquisition pour l’intégrisme catholique, l’intégrisme politique de droite comme le nazisme et le fascisme, ou de gauche comme le communisme à la Staline. Alors prenons garde à la montée des intégrismes protestants, islamistes et sionistes, qui menacent la démocratie les chrétiens les juifs et les musulmans et finalement risquent de menacer l’humanité entière si il est vrai que toute cette violence et intolérance prend sa source dans un délire d’Armaggedon et d’apocalypse. Attention enfin à un intégrisme politique plus sournois mais pervers j’ai nommé l’ultra libéralisme et la mondialisation qui en découle. Malraux avait-il donc raison, lorsqu’il annonçait que ce nouveau siècle serait religieux, ou ne serait pas ? On dit que le printemps, c’est avec la montée de la sève l’émergence d’idées nouvelles, l’imagination et la créativité. Si cette créativité se sent bridée et ne peut s’exprimer, si l’incompréhension survient, alors la colère peut s’installer. On dit que le sentiment du printemps est la colère. On dit qu’il faut savoir pardonner. Si on a été agressé, c’est qu’on n’a pas été compris, il faut aussi comprendre les agresseurs. Pardonner c’est donner encore plus, condamner c’est se damner en soi, mais pour pardonner il faut d’abord comprendre. Transmuter sa colère en compassion, passion en soi, c’est un joli programme. Que voulait-il donc nous faire comprendre, cet être humain paraît-il famélique et qui savait garder son calme en toute circonstance, et ne parler que d’amour ? Sept jours pour qu’advienne la lumière et puis marcher vers le feu de la lumineuse nuit de Pâques. On dit que ce mot là signifie passage ou transformation. Cette année 2004 vit une Pâques commune aux chrétiens orthodoxes, catholiques et protestants, sur fond de conflit au Moyen Orient et de suite de sale guerre en Irak.
III 11 mai 2004, quelques propositions
Comme Hélène Cherrucresco (anagramme de « Chercheurs en colère »), je considère que la recherche publique a trois objectifs principaux : produire des connaissances, les diffuser et les valoriser. En tant qu’enseignante et chercheuse, je me définis comme : Productrice en ressources de connaissances scientifiques, dans mon domaine de recherche en solidification Productrice en ressources pédagogiques, et communication par ma mission de formation des jeunes, étudiants et doctorants. Actrice pour valoriser ces ressources : o Applications dans le domaine de l’éducation : diffusion des connaissances, mise à jour continuelle des enseignements de spécialité en fonction de l’évolution de la recherche, e-learning et e-teaching par les TICE, si possible en copyleft o Applications éducatives, informatives et sociales : porter à connaissances dans un langage suffisamment simple et précis pour être compris par toute personne non scientifique, ou scientifique d’un autre domaine. o Applications industrielles : l’optimisation et le contrôle d’un procédé d’élaboration d’un matériau passe par la compréhension des différentes étapes de transformation de la matière rencontrées lors de cette élaboration. Cela nécessite souvent une intégration « up-down » de macro à nano échelle via micro puis retour « bottom-up » du nano au micro puis macro élément référent.
Certes une valorisation industrielle est requise (surtout pour les PME et moyennes entreprises). On pourrait espérer des grandes entreprises qu’elles financent au moins en partie leur propre recherche (l’une des plus faibles de l’OCDE paraît-il). Comme le dit Hélène C., « le fruit de ma recherche payée avec nos impôts doit te bénéficier. Si je découvre un sarcophage, tu dois pouvoir l’admirer sans verser un sou à une fondation privée. Si je découvre la nocivité d’un produit, je dois pouvoir le faire savoir sans craindre la pression de l’industrie (cf. amiante). Si je développe un logiciel dans le service public, je dois pouvoir choisir de le rendre libre (cf. le pingouin sympathique Linux). Si j’écris un livre, je dois pouvoir choisir de le mettre en copyleft ». C’est dans cet état d’esprit que nous développons avec un confrère et l’aide de l’INPG, un site web de e-learning et e-teaching d’élaboration des matériaux à partir de la phase liquide. Notre objectif est simple et clair : proposer un produit libre et gratuit, accessible à tout étudiant, chercheur ou enseignant désirant s’informer, se former ou approfondir ses connaissances dans ce domaine. Un projet européen devrait nous permettre de proposer une version anglaise de ce cours en ligne, et donner ainsi une dimension européenne puis mondiale à ce projet. L’Europe actuelle donne l’impression de s’occuper majoritairement de commerce, de monnaie et de police. Elle vient de s’agrandir très récemment. Hélène C. propose « Soyons inventifs, créons des « labos de l’Europe » dans lesquels les chercheurs du monde entier travailleront en toute indépendance sur des programmes d’intérêt commun : l’histoire des cultures, la sécurité alimentaire, les risques de pollution chimique (cf. l’appel très récent des scientifiques et philosophes), la sécurité collective internationale, les écosystèmes ».... Le problème des marées noires ne peut être résolu qu’à l’échelle européenne. Nos rivages européens resteront en grand danger, tant qu’une marée noire coûtera moins chère que la réfection ou l’interdiction des bateaux poubelles. C’est tout le circuit de production et distribution du pétrole qui est à revoir. L’avenir dépendra du travail coopératif ou non entre chercheurs, techniciens, producteurs et distributeurs, juges et politiques, cohérence et cohésion des états membres. Il nous faut apprendre à mieux communiquer entre nous, en redécouvrant un langage simple et précis, accessible à tous, et à mieux communiquer avec les autres, les non scientifiques qui paient par leurs impôts (comme nous) pour nos recherches. Il nous faut apprendre à élargir nos projets multi disciplinaires en sollicitant nos collègues des sciences sociales, qui peuvent disposer d’outils nous permettant peut-être de mieux évaluer les impacts de nos recherches en termes juridiques, environnementaux, santé, sécurité et sûreté. Je pense qu’une partie de notre avenir réside dans les actions d’échanges « horizontaux » ou « fertilisations transversales ». Un exemple, la solidification issue de la culture métallurgique a fait de grands progrès avec les contributions significatives des spécialistes de mécanique des fluides et les physiciens (via l’informatique et le numérique). Les bios matériaux et bios technologies connaîtront un développement encore plus important lorsque les médecins, pharmaciens et scientifiques (SPI, Science et Génie des Matériaux) seront capables de communiquer dans un langage minimal commun, via les informaticiens, automaticiens et numériciens. On pourra alors vraiment parler de Génie des bios matériaux. La contribution active des sciences sociales permettra de définir au mieux un cadre juridique aux projets émergents et leurs applications potentielles, dans le respect de notre environnement et en précisant les impacts sur notre santé et les mesures éventuelles de sécurité, prévention ou précaution, selon le besoin. Un exemple, les OGM : modifier la structure doit inciter à la prudence. Il est nécessaire de bien penser ses objectifs et les moyens mis en œuvre pour les atteindre, en différant dans le temps les applications type Monsanto, selon le principe de précaution, et en encourageant la recherche fondamentale afin de permettre au scientifique de mieux comprendre les mécanismes structuraux qu’il manipule et ainsi éviter qu’il ne se transforme ou ne soit pas perçu comme un apprenti sorcier. Un autre exemple : les applications du champ magnétique terrestre à objectif thérapeutique se multiplient. Il semble que certains champs magnétiques alternatifs ou induits soient plus ou moins nocifs pour la santé (cf. téléphone portable et ses antennes relais), en fonction de l’intensité mais surtout de la fréquence et de la durée d’exposition au phénomène parasite ou induit. Cela mérite réflexion et recherche complémentaire pour éclaircir tout cela. Il semble que la pollution chimique (atmosphérique, alimentaire et matérielle) soit à l’origine d’une augmentation drastique des allergies et poly allergies, et de maladies modernes (en frappant en nombre croissant jeunes et vieux) comme le cancer. Autant de thèmes qui requierent un travail coopératif avec mutualisation de ressources entre secteurs pluri disciplinaires, en s’inscrivant clairement avec une coordination rationnelle des différentes échelles du site, de la région, de l’état et de l’Europe. Un bon exemple à l’échelle de l’Europe : les projets intégrés, avec une intégration des activités scientifiques, une intégration financière et sectorielle, une seule équipe de la recherche fondamentale à l’industrialisation, multi partenaires et multi pays européens. Encore nous faut-il définir ou préciser le rôle des sites, de la région, de l’état et de l’Europe. Notre structure de pensée occidentale nous a habitué à faire du « up-down » du général au spécifique, puis à l’ultra spécifique, ce qui fait qu’un spécialiste d’un niveau très spécifique aura du mal à comprendre son collègue, d’un niveau spécifique différent. A nous de ré inventer un langage commun pour ré équilibrer par du « bottom-up » du spécifique au général tout en restant clair et précis. N’oublions pas en ces temps troublés qui éclairent la montée guerrière des intégrismes religieux et de l’obscurantisme de mettre nos compétences scientifiques au service des êtres humains et de notre si jolie planète bleue, vue de l’espace. Les voyants rouges de notre actualité internationale et de notre planète doivent nous pousser à agir, dans le respect d’une éthique humaniste. L’enjeu est de proposer une solution alternative prenant en compte notre environnement, ses ressources et ses richesses, dans le respect de l’être humain et son écosystème. Si nous ne relevons pas ce nouveau défi, alors il nous faudra prier selon notre spiritualité intérieure pour que notre jolie planète ne s’épuise de notre productivité et compétitivité et n’évolue vers une bifurcation explosive. Moi je me bats pour continuer mon activité de recherche dans de bonnes conditions et je souhaite que nos politiques élaborent un cadre plus favorable pour l’avenir des jeunes que je contribue à former. D’autres se battent (de plus en plus nombreux) pour travailler tout simplement. D’autres encore se battent (les plus nombreux ?) pour vivre tout simplement. Comme il est bien écrit dans l’introduction de « Planète attitude » (ed. WWF) notre nouveau millénaire s’ouvre sur des défis technologiques sans précédent : changements climatiques causés par l’effet de serre, biodiversité appauvrie, déforestation intensive (forêts tropicales), ressources en eau douce, épuisement des ressources naturelles et pollutions irréversibles. Il apparaît de plus en plus évident que le thermomètre de croissance PNB n’est pas un bon instrument pour apprécier l’évolution vers un véritable mieux être. Une nouvelle mesure de l’impact de l’homme sur la planète est proposée par la recherche : l’empreinte écologique. A titre indicatif, un Français a besoin d’environ 5,3 hectares de surface biologiquement productive pour subvenir à ses besoins (1,5 hectare pour un Chinois, 0,5 pour un Africain du Mozambique, 10 pour un Américain US). Sachant que notre planète met à notre disposition 1,9 hectare par personne, nous Français sommes donc en surrégime par rapport aux ressources de notre planète. Si tous les êtres humains vivaient comme un Français, il nous faudrait deux autres planètes pour pouvoir vivre tous ensemble. Un premier pas vers une solution alternative pourrait être de replacer l’être humain dans son milieu, entre ciel et terre, lui demander de prendre le temps de réfléchir à ses objectifs, aux moyens pour les réaliser, en prenant en compte la gestion durable de ses ressources disponibles. A l’époque ou la science nous apprend qu’un œuf fécondé par un coq est « anti-cholestérolique » ou du bon usage du coq dans un poulailler, nous avons sans doute encore des choses à apprendre de la nature, à commençant par la respecter et nous respecter nous-mêmes et les uns avec les autres. Voilà. Comme d’habitude je suis longue et guère synthétique. J’ai juste saisi l’occasion des Etats Généraux de la Recherche pour exprimer mon ressenti sur cette actualité. Ces Etats Généraux prendront une dimension importante par leur ouverture aux non scientifiques (en d’autre temps on eut parlé du Peuple).
Cordialement, Une enseignante et chercheuse De terrain En colère En combat pour son activité de recherche Et pour les jeunes que je contribue à former Chercheuse en recherche « de base » en solidification Impliquée dans des projets européens managés par l’Agence Spatiale Européenne Impliquée dans un projet de cours en ligne de la solidification, discipline multi disciplinaire, à vocation « gratuit » Qui peut continuer sa recherche grâce et par l’Europe et l’ESA. .