Propositions concernant le statut des chercheurs / enseignants-chercheurs
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, le 15 juin 2004Le comité local SLRU d’Ivry fait des propositions concernant le statut des chercheurs et enseignants-chercheurs
Dans le thème Les acteurs et les métiers de la recherche : Statuts et rôle des acteurs de la recherche : chercheurs et enseignants chercheurs
LE STATUT FONCTIONNAIRE Les dangers liés à la précarisation de certains emplois ont été soulignés à propos des ITA. Les mêmes remarques et réserves peuvent être exprimées à propos des activités de recherche. Le recours au CDD peut être utile en effet pour l’accueil de chercheurs étrangers, ou pour la réalisation de certains programmes. De ce point de vue, les règles qui encadrent actuellement le recours au CDD ou aux vacations applicables aux laboratoires, bien souvent, ne permettent pas correctement de répondre à ces besoins ponctuels. Le système doit cependant conserver un caractère accessoire et en tout état de cause ne pas servir à remplir des tâches qui, par nature, sont pérennes.
Propositions : ° Réfléchir à un cadre de contrats à durée déterminée plus adapté, à la fois strictement encadré et qui permette véritablement de satisfaire des besoins ponctuels, sans pour autant risquer de précariser des tâches plus pérennes. ° Pourquoi ne pas réserver certains de ces postes à des étudiants en thèse, chercheurs en formation le temps que dure la réalisation de la thèse. Voilà bien un contrat à durée déterminée par excellence.
STATUT ENSEIGNANT-CHERCHEUR L’ensemble des participants s’est accordé sur le fait que les relations parfois difficiles entre l’université et les établissements de recherche résultent entre autres des conditions très dégradées dans lesquelles les enseignants exercent leur métier, en particulier s’agissant du volet recherches :
Manque de temps pour la recherche, en particulier les maîtres de conférence en début de carrière, pour cause de surcharge d’enseignements, de tâches administratives.
Manque de reconnaissance du statut de maÎtre de conférences, notamment dans les disciplines dans lesquelles existe une agrégation du supérieur.
Manque de locaux et de structures dédiés à la recherche
Propositions : ° Faciliter la mobilité vers les établissements de recherche et donner la possibilité aux enseignants-chercheurs de faire de la recherche sans enseignement pendant 4 ou 5 ans. Il est en effet important de prévoir des périodes suffisamment longues pour permettre la réalisation de véritables recherches. °Possibilité de profils de postes Université avec davantage de recherche et moins d’heures d’enseignement. ° Favoriser les échanges de postes ° Répartir plus équitablement les charges administratives, qui, actuellement se font sur une base de volontariat…et quoi qu’il en soit les identifier clairement et les prendre en compte dans l’évaluation. ° Renforcer l’aide technique et administrative par des recrutements importants de personnel ITA/IATOS
Points de désaccord : Sur la délégation du premier cycle vers les PRAG, importance rappelée par plusieurs de la présence des professeurs d’université, tout au long du cursus.
STATUT DU CHERCHEUR La place des chercheurs dans l’université Cette question doit être clarifiée sur plusieurs points, à la fois dans les relations entre chercheurs et enseignants et au regard du statut même des chercheurs.
° La nature des enseignements La plupart des enseignements assurés par les chercheurs le sont dans leurs domaines de spécialité ; rien d’étonnant, dès lors qu’ils consacrent la majeure partie de leur temps à la recherche. La posture n’est pas tout à fait la même qu’un enseignant-chercheur. Les heures d’enseignement occupent une place accessoire. C’est donc en bonne logique qu’elles s’inscrivent dans le prolongement des activités de recherche. Par ailleurs, faut-il inciter les chercheurs à participer à l’enseignement en particulier en 1er cycle ? Est-ce véritablement là où la présence des chercheurs est la plus utile ?
° Présence des chercheurs dans les instances A été évoqué le faible pourcentage des représentants CNRS dans les conseils scientifiques, dans les commissions de spécialistes des Universités, au CNU et dans les Ecoles doctorales, alors que les universitaires sont présents au Comité national du CNRS, élus en collège A2 et B2 ou nommés.
° Encadrement des travaux de thèse La formation des étudiants (thésards et DEA) à la recherche doit passer par un encadrement à travers les laboratoires de recherche et les chercheurs doivent avoir une place dans la formation et l’encadrement à la recherche. Actuellement, elle est exceptionnelle alors que l’encadrement de la recherche entre pleinement dans les fonctions des chercheurs. Cet aspect devrait être davantage cadré et institutionnalisé. La question des relations entre laboratoires et universités à propos de l’encadrement d’étudiants a été pointée comme source de difficultés et de conflits, notamment lorsque le directeur de thèse ne fait pas partie d’un laboratoire ou une d’une unité rattachée à l’université. Une clarification a à nouveau été souhaitée. A également été évoquée la question de la préférence régionale (qui s’exprime par exemple dans l’allocation de bourses).
°L’évaluation et l’enseignement C’est la plus grande opacité dans la prise en compte de l’activité d’enseignement en termes d’évaluation.
Propositions ° Augmenter le nombre de chercheurs voulant un détachement à l’université. Vœu pieux ? Le système a existé, pourquoi n’a t-il pas fonctionné ? Il faut sans doute mettre en œuvre des moyens incitatifs côté chercheurs et côté Université d’accueil. ° Un des moyens pourrait être de raviver et d’amplifier la politique d’échanges de postes chercheurs/ enseignants-chercheurs dans des conditions plus encadrées, par exemple dans le cadre d’un contrat recherche/enseignement avec un budget de recherche à la clé, les deux aspects n’étant pas déconnectés. ° Des charges d’enseignement ou d’encadrement d’étudiants rendues obligatoires pour les chercheurs ne sont pas rejetées. Faut-il contraindre ou inciter ? Un bon chercheur est-il toujours un bon enseignant et inversement ? A la réflexion, le système pourrait davantage fonctionner sur un mode incitatif et encourager soit des périodes d’enseignement, soit des échanges de postes, soit encore une participation régulière à un enseignement.
° La création de CR classe exceptionnelle est favorablement accueillie mais non pour la raison qu’il y a trop peu de postes de DR. Il faut impérativement augmenter les possibilités de postes DR. Le très petit nombre de postes démobilise la communauté des chercheurs et est aussi la cause de certains dysfonctionnements dans l’évaluation.
° Créer des changements d’échelons au mérite (proposition déjà formulée, les participants sont d’accord).
° La prise en compte de l’enseignement dans l’évaluation.
Pour l’avenir L’hypothèse d’une fusion des corps chercheurs/enseignants chercheurs est totalement rejetée
En suggérant la création d’un corps unique, on raisonne comme si la conception de la recherche était la même à l’Université et au CNRS. Or les conceptions, les méthodes, la gestion du temps, les modalités n’obéissent pas aux mêmes exigences, ne s’inscrivent pas dans le même cadre. Le continuum formation recherche est un modèle propre à l’Université et les contraintes liées à l’enseignement font que la recherche ne se fait pas dans les mêmes conditions, que les priorités dégagées, ne sont pas les toujours convergentes . La recherche à l’université s’organise autour du noyau dur de l’enseignement. Dans les établissements de recherche, le centre de gravité est dans la production scientifique et la communication des résultats. Par conséquent, penser que le basculement de certaines équipes vers l’Université ne change rien, c’est ignorer la spécificité de la recherche au CNRS. C’est risquer aussi que disparaissent les disciplines ou thématiques qui ne sont pas enseignées à l’université ou qui restent minoritaires.
Il faut conserver les deux statuts de chercheurs et enseignants-chercheurs, avec des passerelles à moduler. L’enseignement et la recherche constituent deux métiers différents qui ne sont pas forcément interchangeables.
Renforcer les lieux de mixité recherche / enseignement :
Université et établissements de recherches développent déjà d’étroites collaborations qu’il est important de poursuivre. En cela, le CNRS ou d’autres établissements de recherches ne doivent pas devenir de simples agences de moyens. Il est essentiel qu’elles restent de véritables partenaires. Renforcer les synergies est en soi une bonne chose, ainsi que rapprocher les institutions mais rapatrier la recherche purement et simplement à l’Université n’est pas pertinent.
°Les lieux de mixité tels que les UMR doivent conserver leur place ; c’est jusque là une des seules marques concrètes de ce rapprochement.
° D’autres instances de décisions doivent aussi s’ouvrir d’une façon plus institutionnelle à la mixité :
les écoles doctorales dès lors qu’une des fonctions des chercheurs est l’encadrement de la recherche
les instances qui traitent de la recherche à l’université (exemple BQR).