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Appel et réflexion de personnels (administratifs, enseignants et chercheurs) de l’Université de Provence

Par Mailloux Anne, le 19 décembre 2007

Ce texte est issu de la réflexion menée par un groupe de personnels de l’Université de Provence. Il n’engage que ses signataires

Les enseignants, chercheurs et personnels BIATOSS de l’Université de Provence, désireux de s’inscrire dans le mouvement national « « Sauvons l’université » », appellent à un moratoire immédiat sur la loi LRU afin de prendre le temps de la discussion avec l’ensemble des partenaires du monde universitaire en vue d’une réforme sereine, réaliste et réfléchie de l’université. Parmi l’ensemble des analyses et remises en cause de grande qualité auxquelles a déjà donné lieu cette loi (textes de Rouen, de Paris VIII notamment), en particulier relatives à ses conséquences en termes de recrutement des personnels, de statuts de ceux-ci, de pouvoirs accordés aux CA et aux présidents d’université, ils tiennent à rappeler ce que sont les missions de l’Université publique en général et des Lettres et Sciences Humaines (LSH) en particulier.

-  L’Université répond à une mission de formation générale dispensant savoirs et savoir-faire nécessaires à l’insertion dans la société actuelle. Les outils de décryptage des discours, l’esprit critique, les capacités d’analyse sont ainsi autant de moyens dispensés par la formation universitaire et indispensables à l’éducation du citoyen responsable. En ce sens, les LSH participent pleinement du bagage de compétences nécessaire pour mener une vie professionnelle longue, faite de mobilité et de reconversions programmées. Confier à l’université un objectif d’insertion professionnelle, c’est favoriser le court terme au détriment de cette formation véritablement « « professionnalisante » », c’est également faire reposer sur les épaules des universitaires une responsabilité qu’ils ne peuvent assumer, à savoir imaginer les emplois de demain en phase avec un tissu économique local dont ils seraient capables de prévoir l’évolution, alors que les économistes comme les responsables de la prospective des grands secteurs d’activité en sont souvent eux-mêmes incapables ; c’est, enfin, faire porter aux enseignants du supérieur la mission d’orientation des étudiants au détriment des SUIO et des personnels qualifiés comme les conseillers d’orientation-psychologues. Des expériences en ce domaine ont déjà été tentées : à l’Université de Provence, un département de LSH a été récemment sollicité par de grandes entreprises de la région PACA afin de créer un DU nouveau pour les ingénieurs de ces structures. Cette approche s’est soldée par un échec, car elle reposait sur une conception erronée de ce que sont l’université publique et la professionnalisation des cursus développée par ces entreprises : celles-ci entendaient notamment définir précisément le contenu des enseignements délivrés afin de répondre au mieux aux besoins spécifiques qu’elles rencontraient ; clairement, le secteur public devait être ici au service à court terme des intérêts du privé.

-  L’Université ne doit pas, pour autant, diaboliser le privé et les LSH, en particulier, faire par là même leur le discours dévalorisant que l’on tient généralement sur elles. Oui, nos formations sont de grande qualité et peuvent intéresser des investisseurs privés - sous la forme de fondations par exemple - comme le montre le cas de l’archéologie. Il convient, cependant, de rester vigilant sur un point essentiel que ne garantit pas la loi en l’état actuel : l’indépendance de la recherche et de l’enseignement. La communauté universitaire doit impérativement conserver la maîtrise du contenu des enseignements et de l’habilitation des diplômes. Dans cet ordre d’idées, le poids trop grand accordé par la loi LRU au CA au détriment du CS et du CEVU est un réel danger, sans parler des risques inquiétants de l’hyper-présidentialisation. Le maintien du statut de fonctionnaire des enseignants-chercheurs participe également de cette indépendance de l’université. On est donc ici au fondement même du principe d’autonomie ! La « « défonctionnarisation » » progressive du personnel universitaire, inscrite dans la loi par la multiplication des voies de recours aux emplois contractuels, est un deuxième réel danger. A terme, elle risque de faire coexister statuts et intérêts divergents au sein de l’université et de dissocier enseignement et recherche en réservant cette dernière à quelques « « happy few » ». S’il semble légitime d’encourager la recherche, il est indispensable, en revanche, que celle-ci conserve son caractère public lorsqu’elle se pratique dans le cadre de l’université.

-  Ceci pose la question de l’engagement financier de l’Etat dans l’université. Le discours sur les moyens devient envahissant depuis quelque temps au point de masquer les motivations politiques qui le sous-tendent. Les objectifs affichés par les gouvernements successifs - lutte contre l’échec en premier cycle, 50% d’une classe d’âge doit obtenir la licence - reposent en grande partie sur un leurre : si tout bachelier doit pouvoir s’inscrire librement à l’université, la réussite au diplôme, en revanche, n’est pas un droit. On ne peut pas demander à l’université de pallier les carences du système d’apprentissage (ou le manque d’ambition politique à son sujet), encore moins de masquer la réalité du chômage. Le discours sur la réussite en premier cycle, articulé uniquement sur la question des moyens, est un effet d’annonce. Il faut ouvrir un réel débat à ce sujet, en préalable à toute discussion sur la réforme de l’université et a fortiori sur l’application d’une loi de réforme, en posant les vraies questions, notamment dans trois domaines :

o celui du rapport entre les grandes écoles et l’université

o celui de la mise en place d’un réel tutorat en premier cycle et des modalités de son fonctionnement

celui de la transparence dans l’affectation et la gestion locales des dotations o financières publiques et privées.

Liste des signataires Nacira Abrous, MMSH-Valorisation Europe et Activités RAMSES2 Henri Amouric, CNRS-LAMM Gérard Amy, Psychologie Valérie André, Etudes du monde anglophone Anne-Marie Arborio, Sociologie, Jean Arnaud, Arts plastiques et Sciences de l’Art Jean-Luc Arnaud, CNRS-TELEMME Chantal Aspe, Sociologie Paul Aubert, Etudes hispaniques M. Avanço Geremias, Portugais Arnaud Bartolomei, Histoire Mireille Bastien, Psychologie Nicolas Berjoan, Histoire Anne-Marie Bernardi, Sciences de l’Antiquité Jean-Luc Bonnefoy, Géographie Damien Boquet, Histoire Anne Borzillo, ITARF Informatique Danièle Nanouk Broche, Théâtre Sylvain Brocquet, Sciences de l’Antiquité Mathieu Brunet, Littérature française Anne Carol, Histoire Ernestine Carreira, Portugais Elena Chamorro Plantevin, Etudes hispaniques Georges Chiron, Histoire Déborah Cohen, Histoire Salvatore Condro, Sociologie Annelise Coquillon, Lettres modernes Cécile Cottenet, Etudes du monde anglophone Christine Cullioli, Musique Jean-Claude De Crescenzo, Master de négociation internationale José Deulofeu, Linguistique française Renato Di Ruzza, Ergologie Louis Dieuzayde, Théâtre Gilles Dorival, Sciences de l’Antiquité Sébastien Douchet, Littérature française Aline Durand, Histoire et archéologie Aurélia Dusserre, Histoire Pierre Fournier, Sociologie Véronique François, CNRS-LAMM Hélène Franconie, CNRS-Ethnologie Edith Galy-Marié, Psychologie Ghislaine Gallenga, Anthropologie Maud Gaultier, Etudes latino-américaines Annie-Paule Gauthier, BIATOS Alain Giacomi, Linguistique Pierre-Yves Gilles, Psychologie, SUIO Joëlle Gleize, Littérature française Isabelle Grangaud, Histoire, IREMAM Boris Grésillon, Géographie Andreas Hartmann-Virnich, Archéologie Hélène Hawad-Claudot, CNRS-IREMAM Jean-Marie Jacono, Musique Richard Jacquemond, Etudes moyen-orientales Michèle Janin-Thivos, Histoire Marianne Jover, Psychologie Xavier Lafon, Archéologie Guy Lambert, Etudes cinématographiques Stéphanie Latte Abdalah, CNRS-IREMAM Jacques Lautman, Sociologie Danièle Léostic , Responsable administrative Carmela Lettieri, Italien Jean-Luc Lioult, Etudes cinématographiques Isabelle Luciani, Histoire Anne Mailloux, Histoire Elisabeth Malamut, Histoire David Marcilhacy, Etudes hispaniques Sabrina Marlier, Histoire Sylvie Mazzella, Sociologie Jean-Marie Merle, Anglais Thierry Millet, Cinéma Stéphane Mourlane, Histoire Mohamed Ouerfelli, Histoire Mireille Pagèes, Sociologie Thierry Pécout, Histoire Benito Pelegrin, Espagnol Philippe Pergola, CNRS-LAMM Isabelle Pernin, Histoire Hugues Plisson, Préhistorien Nelly Rajaonarivelo, Etudes hispaniques Céline Régnard-Drouot, Histoire Caroline Renard, Etudes cinématographiques Isabelle Renaudet, Histoire Pascal Roméas, Sciences du langage Richard Roux, Portugais Catherine Rouyer, Psychologie, SUIO Sophie Saffi, Italien François Siino, CNRS-IREMAM Christian Tamisier Catherine Teissier, Allemand Mathieu Tillier, Histoire/ Etudes moyen-orientales Michel Tuscherer, Etudes moyen-orientales Martine Vasselin, Histoire de l’Art Laure Verdon, Histoire Georges Daniel Véronique, Français-Langue étrangère Claire Vialet-Martinez, Etudes hispaniques Lucien Victor, Lettres modernes Alexandre Vincent, Histoire Robert Vion, Sciences du langage Philippe Vitale, Sociologie Alice Vittrant, Linguistique Marc Weinstein, Littérature russe Isabelle Widmer, Démographie Charles Zaremba, Etudes slaves

Anne Béroujon, Histoire, Grenoble Philippe Bourmaud, Histoire, Lyon III Chantal DOMPMARTIN-NORMAND, Français Langue Étrangère (DEFLE), Toulouse Hervé Reculeau, Assyriologie (Oriental Institute, Moscou)