VIII- Les personnels : le mépris en prime
Par
, le 5 avril 2008"Je sais combien le pays récompense mal ses élites scientifiques, je sais que la rémunération des chercheurs français est deux ou trois fois inférieure à celle des autres pays comparables au nôtre. Je sais combien est grande, pour les meilleurs, la tentation de céder aux sirènes de l’étranger. Je voudrais vous dire ma détermination pour (...) que soient enfin dignement rétribués les métiers de la recherche".
Nicolas Sarkozy, Orsay, 2008
Huitième chapitre de la série : Le budget de la recherche raconté à Sarkozy.
Résumé
La qualité du recrutement dans l’enseignement et la recherche, pour la décennie qui vient, se joue en ce moment. Pour la maintenir, il y a trois conditions. D’abord donner des perspectives d’emploi pour les jeunes scientifiques en affichant un plan pluriannuel de l’emploi scientifique et en mettant fin à la précarité. Ensuite, rendre les carrières attractives et les promotions transparentes ; sous cet aspect, la proposition du Président de la République de multiplier par deux ou trois les salaires nous semble exagérée [1] ; une augmentation moyenne et progressive de 50 % serait déjà bien. Enfin, il faut des moyens et conditions de travail corrects, respectant le droit à l’initiative scientifique et à la prise de risque.
Introduction
Le sort fait une catégorie sociale (salaires, statuts, exercice de l’activité) est directement lié à la conception qu’a, non seulement la société, mais aussi l’Etat de l’activité en question, de l’importance qu’il lui donne, des finalités qu’il lui assigne. Sous cet aspect, le retard que prennent la France et l’Europe en matière d’investissement dans la recherche (à l’exception de quatre ou cinq pays) a pour corollaire des salaires qui n’ont rien d’attractif. L’attractivité des métiers ne se limite pas aux salaires. Le chamboulement en cours dans les structures de la recherche, dans ses finalités, comme dans ses modes de financement et d’évaluation, a des répercussions profondes sur tous les métiers, et pas seulement par le développement de la précarité. Désormais, les titulaires aussi sont des rouages dans le pilotage de la recherche. Mieux, on les fait collaborer à la destruction d’un système que les scientifiques, ensemble, avaient construit.
[1] Notons que nous n’y croyons pas !