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Accueil / Actualités / Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy

réactions à l'article «Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy»

  • Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy : comment la signer ?

    6 novembre 2006, par Ilaria Castellani

    Bonjour

    je decouvre cette lettre ouverte un peu par hasard. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir vue passer sur une des listes de SLR, a-t-elle ete diffusee autrement que par le biais du site web ?

    Je signerais volontiers la lettre mais la procedure a suivre n’est pas precisee. C’est peut-etre pour ca qu’il y a 0 signatures, alors que la lettre date du 9 octobre...

    - Ilaria Castellani, membre de SLR06 (et de l’assoc SLR)

  • Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy

    9 octobre 2006, par Didier Coste

    Chers amis de SLR,

    Je fais circuler depuis samedi une réaction aux récents propos de Nicolas Sarkozy qui, à travers une analyse des évolutions de l’Université et de la recherche dans d’autres pays que je connais bien, va, avec d’autres arguments, exactement dans le même sens que la lettre ouverte de Bertrand Monthubert, dont je partage entièrement le point de vue. Voici ce texte, dont on retranchera ce qu’on voudra :

    Vers une université de l’inculture

    Les récentes déclarations de M. Sarkozy concernant l’avenir de l’Enseignement Supérieur en France peuvent essentiellement se résumer ainsi :
    - plus d’argent et de moyens, oui, mais pour des formations professionnelles dont la rentabilité à court terme est évidente (si les Français veulent acquérir ou entretenir une culture, libre à eux, mais ce sera payant, et très cher) ; il serait un peu fort que l’État (le contribuable) doive entretenir la formation des citoyens à l’exercice de l’esprit critique ;
    - plus d’autonomie, voire une autonomie totale des établissements, certes, mais au seul profit de "l’entreprise" (régionalement implantée), sous le prétexte des « bassins d’emploi ».

    Conséquences :

    1) disparition programmée des disciplines réflexives, critiques et spéculatives, particulièrement en Sciences Humaines et Sociales et surtout dans le domaine des Lettres et des Arts, dont la rentabilité économique à court terme et les bénéfices pour l’entreprise ne sont pas quantifiables ;

    2) la culture, au sens noble du terme (ce qui comprend, bien sûr, les traditions populaires) sera encore plus réservée qu’aujourd’hui aux élites socio-économiques qui peuvent s’en payer le luxe ;

    3) la mobilité des étudiants, comme celle des enseignants-chercheurs, sera strictement fonction des besoins professionnels, en particulier dans le secteur technologique (la "culture d’entreprise" se substitue entièrement à l’humanisme, la "boîte" au voyage) ;

    4) la loi militaire de l’entreprise s’appliquera sans contrôle aux étudiants comme aux enseignants-chercheurs et aux autres personnels ("à prendre ou à laisser", "hire and fire"), les privant, plus encore qu’aux États-Unis, de toute indépendance d’esprit ("academic freedom").

    Conclusions :

    1) En voulant imiter servilement le système étasunien, M. Sarkozy ne tient aucun compte de la différence des traditions (mécénat culturel aux États-Unis, pas en France, rentabilité du prestige culturel pour les universités américaines, pas pour les universités françaises), d’où la menace imminente d’une dégradation peut-être irréversible des études humanistes, interculturelles et internationales, autres qu’anglo-saxonnes, comme elle s’est réalisée en moins de vingt ans en Australie, dans un contexte très analogue à celui de la France.

    2) M. Sarkozy confond régionalisation entrepreneuriale et régionalisation culturelle. La seconde a donné d’excellents résultats en Espagne ; la première, se traduisant par la création de nombreuses universités privées (et souvent confessionnelles) dans un contexte inadapté (contrairement aux États-Unis) a été, le plus souvent, un échec cuisant chez notre voisin espagnol.

    3) M. Sarkozy veut mettre fin au peu de démocratie qui existe dans la gouvernance des universités françaises sous la forme de l’action des conseils élus (grands conseils et conseils d’UFR) ; certes, les équilibres et les compromis qu’ils réalisent sont souvent loin d’être satisfaisants et ne vont pas toujours dans le sens des dynamiques souhaitables, mais ils sont un contre-pouvoir et un pouvoir d’initiative indispensable face à certains Présidents casseurs ou immobilistes.

    M. Sarkozy ne connaît qu’une loi : celle du marché à court terme. Les femmes et les hommes de culture, sous son règne, devraient encore une fois fuir la France s’ils veulent non seulement innover mais conserver son patrimoine intellectuel. Souhaitons qu’ils puissent trouver refuge dans quelque université américaine dont Jack Lang aura accepté la présidence et où Bill Clinton, non George Bush, sera fait docteur honoris causa.