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réactions à l'article «Guide pratique pour réussir la manif du 6 décembre »

  • Einstein et les brevets

    5 décembre 2007, par V. Rossetto

    Albert Einstein a déposé plusieurs brevets parmi lesquels un voltmètre ultrasensible, un système de réfrigération, un appareil de correction auditive.
    Il y en aurait plus de quarante...

    Le texte de banderole suggéré sur ce point est donc à éviter !

  • Guide pratique pour réussir la manif du 6 décembre

    5 décembre 2007

    Bouh, le physicien qui sait même pas qu’Einstein a déposé des brevets pour.... un nouveau type de frigo, inventé avec Szilard si ma mémoire ne me joue pas des tours. Mais on n’en fabriqua aucun, si ma mémoire est toujours bonne....
    Et pourquoi ce slogan sur les journalistes qui doivent démissionner ? Des noms !
    Sylvestre Huet

    • Guide pratique pour réussir la manif du 6 décembre

      6 décembre 2007

      Salut Sylvestre,

      Tu es décidément incollable. Le père Einstein a donc posé un brevet pour un frigo. A ma décharge, reconnais que cela n’a pas laissé de trace indélébile dans l’histoire de l’humanité.

      Bon, mais donc quid de ce slogan sur les journalistes. Je rappelle le slogan pour ceux qui liront ce commentaire : « un bon journaliste est un journaliste qui démissionne ». En effet, entre temps, certains de mes camarades du CA de SLR m’ont fait retirer un certain nombre de ces slogans jugés de mauvais goût, incluant celui-ci et d’autres plus durs encore tels que « Julliard, rend nous service, tais toi ! », ou encore « quelqu’un a vu le PS ? ».

      Alors que dit ce slogan : non pas qu’aucun de vous n’a de talent, mais que compte-tenu des modes de fonctionnement des institutions journalistiques, il semble difficile voire impossible d’exercer la profession de journaliste si celle-ci est entendue autrement que comme fournisseur d’une information formatée permettant de vendre du papier ou de la pub et de maintenir un ordre social et politique compatible avec les intérêts des propriétaires des ces institutions.

      Pas de jugement de valeur individuel donc, et aucune, vraiment aucune différence entre un journaliste de libé, du figaro ou de TF1. Vous êtes les uns et les autres confrontés à des logiques qui vous dépassent et qui vous interdisent une pratique « normale » de votre métier, quand bien même vous auriez parfois le sentiment de bien faire. Vous devez vous plier à une hiérarchie incompétente (journalistiquement parlant), à des logiques de productivité qui conduisent au baclage, à des choix éditoriaux liés aux intérêts des actionnaires, etc. Alors vous faites un métier, bon an mal an, pour vivre notamment, ce qui est une raison légitime, mais aucun de vous ne fait du bon journalisme (il faudrait bien sûr nuancer sur qques journaux un peu obscur dont l’économie minimale peut permettre de faire fonctionner marginalement d’autres logiques).

      Quand ce slogan invite les journalistes à démissionner, il indique ce qui est le réel obstacle à leur pratique : non leur qualité d’écriture, non leur engagement professionnel, et même leur courage parfois, mais leur lien avec l’institution qui les emploie. Car le journalisme a cela de commun avec la recherche qu’il ne peut se pratiquer seul, et que la qualité de ce qu’il produit dépend moins de la qualité des individus que de la solidité des règles internes qui les organisent. Et je te passe les tentatives pathétiques de Schneidermann ou autres de retrouver sur le blog leur liberté journalistique, quand ces blogs n’ont en réalité d’existence que dans la mesure où ils prolongent leur travail dûment encadré pour une vraie feuille de chou.

      Mais pourquoi un slogan de ce type dans une manif sur la recherche. Parce que ce dysfonctionnement du champ journalistique a des conséquences sur nous, mouvement sociaux, et qu’il peut être utile de temps en temps de le rappeler. En l’espèce, la façon dont cette institution a traité ce mouvement est en partie à l’origine du déferlement invraisemblable de violence, physique et symbolique, qu’ont subi les étudiants mobilisés. Pour prendre le cas de Libé, l’édito de ton patron du 9 novembre est l’archétype de ce mépris déguisé en « compréhension du malaise étudiant ». Et oui, Sylvestre, tu en portes de fait la responsabilité, quand bien même tu n’aurais pas écrit la règle qui veut que Joffrin, ce gouffre de bêtise boursouflé d’autosuffisance, soit celui qui écrit l’édito sur l’université quand ta compétence en la matière aurait dû te désigner sans l’ombre d’un doute.

      Mais rassure-toi, bientôt vous autres journalistes ne serez plus seuls. Quand la justice de ce pays sera définitivement aux ordres du pouvoir politique, alors je dirai : « un bon juge est un juge qui démissionne ». Et quand, avec cette loi et celles qui vont suivre, nous chercheurs seront piégés dans des formes d’organisations où le pouvoir hiérarchique pourra devenir plus important que la compétence scientifique, où l’évaluation par les pairs sera un vieux souvenir, et où la compétition se portera principalement sur le nombre de contrats décrochés, alors ce jour là, qui n’est pas si lointain, il faudra sans doute dire qu’ « un bon chercheur est un chercheur qui démissionne ». Ce qui est une autre façon de dire qu’il n’y a plus de chercheur, car plus d’institution capable d’assurer les conditions de production du savoir scientifique.

      « Un bon journaliste est un journaliste qui démissionne » n’est donc pas un slogan insultant contre des individus désignés à la vindicte populaire comme l’ont pensé mes gentils camarades. Il est le constat désabusé d’un échec collectif à avoir su préserver l’un des acquis de l’après guerre, inscrit explicitement dans le programme du CNR, à savoir une presse libérée des intérêts marchands. Et que ce constat est d’autant plus amer que nous serons les suivants à subir le même sort.

      Bien à toi,
      Georges Debrégeas