réactions à l'article «Désintérêt des étudiants à l’égard des études longues dans les sciences ’’dures’’»
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Désintérêt des étudiants à l’égard des études longues dans les sciences ’’dures’’
8 avril 2009, par ALEXANDRE HEDAN
La recherche aura fait un grand pas quand elle prendra pour premier critère la volonté ; la volonté à elle seule peut faire d’un être tout ce qu’il rêve de devenir. Mais comme l’accès aux sciences n’est réservé qu’aux élites qui ont eu la chance (et seulement la chance) de ne pas être expulsés du système éducatif, la science est condamnée à stagner avec ses paramètres hermétiques (disciplines) les uns aux autres sans jamais mêler bon-sens et performance.
Ce n’est pas l’intérêt des étudiants pour les sciences "dures" qui est en cause mais la sélection "toute puissante" de ces derniers...Un chercheur seul et sans diplôme.
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Désintérêt des étudiants à l’égard des études longues dans les sciences ’’dures’’
4 février 2009, par un citoyen de base
En tant que non spécialiste, je trouve le constat intéressant, et je suis étonné qu’il n’ait suscité aucune réaction !
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Désintérêt des étudiants à l’égard des études longues dans les sciences ’’dures’’
24 avril 2008
"Qu’en pensez-vous ?". Que du bien ;-)
Au sein de mon université - et ailleurs, de nombreux collègues refusent cette explication.
Ils invoquent, dans le désordre, selon la lune :la pédagogie ringarde de nos filières (tarte à la crème ; comptons grâce aux tickets caisse),
les collègues du secondaire qui font mal leur boulot (sympas mes collègues du supérieur si supérieurs ; et le merdier au Lycée, c’est la faute aux tocards du Collège ; quant à l’illettrisme au collège, les nazes d’instits sont les seuls responsables - maudites méthodes B-A.BA..., etc etc),
le manque de "lisibilité" des filières (le LMD devait gommer tout ça, je me marre encore...), notre absence dans les salons lycéens, bahuts, pour vendre nos filières...
et très rarement la disparition des secteurs traditionnels d’embauche des scientifiques :
l’enseignement ( -11 000 postes cette année dans l’EN, on en parle ? En unités usines qui délocalisent, ça fait combien ?), l’encadrement en BIATOSS si pauvre en France (voir taux européen !)
la recherche dans l’industrie (industrie, industrie, remember), qui préfèrent sous-traiter avec les chercheurs permanents des universités&EPST, si peu chers, cela évite la gestion de "ressources humaines" ;
mais aussi les heures sup’ effectuées par les collègues : le volume d’heures complémentaires/sup’, càd au delà des 192h (PU / MCU) ou 384 h (PRAG),
équivaut à environ 17 000 POSTES (3 812 359 heures, chiffres 2003 du ministère de mémoire) ! Eh oui, 17 000 postes temps plein (voir une pétition "les heures sup tuent l’emploi" que nous avions lancé il y a quelques mois et qui a eu un succès incroyable...http://www.sudeducation.org/article206.html
Depuis, le slogan "travailler plus pour gagner plus" déculpabilise ... et de nombreux salariés se découvrent ... cocus depuis !Réduire ne serait-ce d’un tiers ces heures (décroissance heureuse) en refusant de travailler plus - ou disons-le de grignoter à grosses dents [1] sur le temps de la recherche, la diffusion des savoirs, l’administration politique des institutions, pour faire du beurre - permettrait a priori de générer 5 500 postes ! Sympas pour les étudiants, les docteurs en CDD et contrats précaires. [1] je ne parle pas de 10-20h supp’quasi "normal" selon le formatage des UE enseignées (= 500 000 h supp à 1 million sur les 3 millions en 2003, calcul sur la base de 50 000 ens.chercheurs temps plein) mais de disons au pif 40 à 200h supp’ (si si ça existe ! Comment allons nous défendre notre statut cet été devant la population - tin, tintin, je fais 192h... et l’existence de ces heures supp ?).
Malheureusement, 53% des votants ont choisi (?) de supprimer 1 fonctionnaire sur deux, générant aussi les CDD de l’ANR, machine à précaires.
Vraiment, vraiment, tant que nous, chercheurs scientifiques, refuserons l’analyse globale de cette société, ben couillon comme ils disent dans le Poitou
nous continuerons, dans notre tour d’ivoire, à creuser la tombe des Sciences (pour tous). On pourra faire tous les colloques du monde, les tables rondes pour savoir les raisons de qui de quoi le-fils-du-boucher-en-term-S-préfère-aller-en-Droit/Pharma/Ecole commerces/ qui nous rendront heureux (?) ou importants dans le microcosme, ça ne changera rien. Il est urgent de parler de l’emploi scientifique, ça place dans la société (N.B. je ne parle pas du pouvoir d’achat mais du pouvoir de vivre mieux, ensemble).Suite à l’analyse et prise de conscience, il y aura l’action (ah c’est quoi ça ? lorsque je vois le nombre de collègues en grève...).
Alors, chiche ? Quand déciderons nous à stopper cette machine infernale avec nos petits corps et nos "brillants" cerveaux ? (et pas de discours "des sous pour la recherche" clamé par de nombreux directeurs chercheurs lors de la création de SLR, qui eux ne voyaient que le manque de main d’œuvre pour leur boutique, des sous pour des contrats précaires, donc une vie précarisée ?, quelle ironie !).
Voili voilou et à bientôt.
Gilles Frapper, enseignant-chercheur en chimie théorique à l’université de Poitiers.
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Désintérêt des étudiants à l’égard des études longues dans les sciences ’’dures’’
21 mars 2008, par Emmanuel Saint-James
D’abord merci d’avoir consacré un article à cette question que je crois fondamentale.
Je relève ensuite deux affirmations qui me paraissent inexactes.
« le problème des étudiants en science n’est pas métaphysique mais d’ordre physique »
Le marché du travail est devenu difficile dans toutes les branches, je ne crois pas que les branches scientifiques en soient tellement plus victimes que les autres. En revanche, dans le même temps, le travail intellectuel a perdu de son prestige social, la montée de l’audio-visuel en ayant une bonne part de responsabilité (en gros on a abandonné l’idéal de la Renaissance fondé sur la maîtrise du langage et on est revenu au culte médiéval des images). C’est à mon avis d’’abord cela qui est à l’origine de cette désaffection.
« Qu’est ce que cela signifie pour des étudiants de parvenir à un Master de science ? Ils n’ont pas de débouchés dans leur domaine d’étude dans le secteur privé car à leur niveau les gens qui sont pris dans les entreprises sont des ingénieurs sortant des grandes écoles. »
Les écoles dites d’ingénieurs sont aujourd’hui beaucoup plus des écoles de managers, dans lesquelles on apprend de moins en moins de science. Un employeur qui a besoin d’un expert scientifique a aujourd’hui plus intérêt à recruter un diplômé de l’université, d’autant que ses prétentions salariales sont moindres à son début de carrière au moins, toujours pour des raisons de prestige sans base réelle d’ailleurs.
En ce qui concerne les métiers scientifiques de la fonction publique, il faut rappeler que c’est suite à l’essai manqué d’augmentation des frais d’inscription en 1986 que les pouvoirs publics ont ouvertement décidé de répondre à la démocratisation de l’enseignement supérieur par une baisse du nombre d’ingénieurs (et d’administratifs) pour libérer de la masse salariale ré-affectée à des heures d’enseignement. Ces heures ont été effectuées par des enseignant-chercheurs, des thésards etc, qui du coup ont été amenées à prendre sur leur temps de recherche pour effectuer le travail indispensable d’ingénierie et d’administration qui était auparavant assuré par du personnel cantonné à ces tâches. Ajouté à la disparition de l’ancienne thèse dite de « docteur-ingénieur », vers la même époque, ce redéploiement de postes a mécaniquement augmenté le nombre de candidats au doctorat d’université, qui auparavant auraient opté pour cette ancienne thèse ou auraient décroché sans thèse un poste d’ingénieur d’étude. En dernière analyse, c’est moins les choses que le nom qu’elles portent qui ont changé.
Alors la dernière question qui reste est : notre pays veut-il rester dans la course en matière scientifique ou non ? Si oui, redonner goût aux sciences à notre jeunesse doit être notre priorité. Contrairement à ce que font croire le gouvernement actuel et les médias traditionnels, c’est moins l’université et
les organismes de recherches qui ont besoin de réformes mais l’enseignement secondaire, ou pour mieux dire (car il serait trop facile de rejeter la faute sur les autres) toute réforme qui ne s’attaque pas à la globalité du problème de la promotion de l’esprit scientifique est vouée à l’échec.