réactions à l'article «Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré»
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L’anarchie des communications politiques actuelles (Yannick Comenge)
21 février 2004, par y
La droite "la plus bete du monde" cumule aujoud’hui les bévues les plus stupéfiantes qui n’aient jamais existé. Inutile de pointer du doigt l’indépendance de la justice malmenée, les dégraissages des sous-diplomés, l’expulsion sociale des intermitents, le gachis des saupoudrages sécuritaires qui ressemblent plus à un "prurit intellectuellement sarkosien" qu’à une réelle politique de fond.
Je suis désormais hors moi quand finalement on voit s’afficher une extra-terrestre dans le monde de la recherche. Toute sortie de la dernière fiction, il semble que la potiche en charge de la recherche déssoive à la fois le mouvement "sauvons la recherche" mais aussi ceux qui veulent une réforme des statuts et de la vision du système de recherche Français. Hors de question de soutenir meme du bout des levres une réforme qui finalement je l’accorde consiste à une mévente de la recherche. Non, les CDD de dix huit mois renouvelables une fois ne sont pas une manière digne de proposer des travaux intellectuels qui demandent un investissement total. Non il est illusoire de demander meme à des chercheurs de se donner pour une si courte période. Une réévaluation des salaires (conséquente) qui passerait à 1800 euro pour le débutant jusqu’à 3500 pour le confirmer est nécessaire. Des CDD sont acceptables si ils sont longs et permettent un épanouissement personnel. Sinon, il est préférable pour chacun d’entre nous de préparer un CAP de plomberie, nous gagneront beaucoup plus, en ayant des loisirs et une vie !
Je crois qu’il y a apparemment un malentendu, mais la communication du gouvernement est totalement absconce et éclatée. Si la volonté du gouvernement est vraiment celle de CDD au rabais alors sa politique est misérable, obscurantiste, abracadabrantesque dans le mauvais sens su terme ! LE système actuelle vaut mille fois plus qu’un système qui ne verrait que des CDD courts s’accumuler. Mieux vaut s’exiler en masse apres avoir profité d’une jeunesse tranquille en France si la France ne veut donner qu’un fac-simile de vie de chercheur.
De Gaule doit se retourner dans sa tombe à voir tant de confusion. Trop d’hommes politiques et pas assez d’homme d’Etat s’écrirait-il. Mais après tout il semble que les seuls Gaulistes soient Bayrou ou Jospin, en effet l’UMP semble devenir une union mollement politique. -
> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
29 janvier 2004, par C. Perrier
Merci à Henri Audier pour la synthèse faite en réponse à la lettre de notre ministre et au texte du DG du CNRS. Il est important en effet que ces chiffres circulent et qu’ils soient suffisamment précis et explicites pour couper court aux approximations habituelles, voulues ou pas. Encore faut-il les rassembler, faire les rapprochements parlants, etc.
Ce type d’analyse quantitative est absolument nécessaire à tous les niveaux pour progresser vers un constat commun ...enfin, puisse-t-il etre commun !. -
> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
28 janvier 2004, par Rousset Marc
Notre malaise qui couvait depuis trop d’années s’est enfin déclaré au grand jour. Après nos années de galère, quand nous étions thésards, après nos années d’anxiétés, quand nous étions en post-doc, après nos années de frustrations, depuis que nous sommes chercheurs, le moment est enfin venu où nous allons dire ce que nous avons sur le cœur. Mais pourquoi ce soudain sursaut de notre communauté d’habitude si stoïque ?
Le fait que la recherche ne soit pas bien considérée en France n’est pas nouveau, mais nous avons le sentiment que la situation s’est dramatiquement aggravée ces derniers mois, à cause de deux facteurs prépondérants. Le manque d’étudiants dans nos laboratoires est à mon sens la pierre angulaire de notre exaspération, c’est le signe irréfutable qui nous a fait réaliser que cette science qui nous fascinait, qui nous intriguait, qui nous attirait quand nous étions jeunes, n’intéresse plus les jeunes d’aujourd’hui. Comment cela a-t-il pu arriver ? Comment quelque chose d’aussi passionnant que la science, d’aussi ludique, peut-elle ne plus captiver, ne plus amuser, ne plus séduire un esprit curieux ? Qu’est ce qui fait que les jeunes d’aujourd’hui s’enthousiasment pour le marketing, la vente, la production, le consulting, le droit, la psychologie et évitent les études scientifiques ? Faire ce constat et nous poser cette question nous a forcés à voir ce que nous ne voulions pas voir, à admettre ce que nous ne voulions pas admettre. Nous avons alors réalisé que le choix de ces jeunes était tout à fait pertinent, et que replacés dans le contexte actuel, nous aurions pris probablement le même chemin. Les études scientifiques sont trop longues, trop aléatoires, mais surtout trop incertaines, et notre métier est trop mal payé et trop mal considéré. Voilà ce que nos jeunes nous disent en se détournant des études scientifiques, et ils ont raisons. Ils attendent que leurs études leurs permettent, dans la mesure du possible, de trouver un métier, dont la rémunération corresponde à leur niveau de qualification. Et force est de constater que les études scientifiques récompensent dix années d’études par des carrières médiocres ou pire, de la précarité. Le marché du travail indique de la façon la plus claire possible que le diplôme de choix en France est un diplôme d’Ingénieur ou équivalent, soit Bac+5. C’est donc ce que vise naturellement l’ensemble de notre jeunesse. La conclusion de cette analyse est que la recherche n’est plus un métier d’avenir, et nous savons bien que, sans étudiant, nous non plus, nous n’avons plus d’avenir ; un laboratoire sans étudiant est comme un verger sans fruits. Certains d’entre nous ont encore du mal à l’admettre, satisfaits d’eux même et rassurés par le nombre et la qualité de leurs publications. Mais la raréfaction des étudiants dans les laboratoires est une évidence qu’il faut avoir le courage de prendre en compte, d’analyser et d’interpréter sans se voiler la face.
Le deuxième facteur, que l’on peut considérer comme l’étincelle qui à mis le feu au poudre, viens de l’invraisemblable contradiction qui existe entre ce que nous vivons au quotidien et le discours lénifiant et manipulateur de notre charmante Ministre de la Recherche. Mis à part le fait que l’on puisse trouver cela insultant, il faut bien comprendre que son message ne s’adresse pas à nous. Et c’est là que réside le véritable danger. Nous savons bien que, quand Monsieur Raffarin ou madame Haigneré, affirment que l’investissement français en matière de recherche est du même niveau que celui des autres pays industrialisés, ils ne tiennent pas compte du fait que les statistiques des autres pays ne comptabilisent que l’argent des laboratoires, hors militaire, hors aérospatiale, hors nucléaire et surtout majoritairement hors salaire, alors qu’en France tout est y est intégré. Cette désinformation n’est effectuée que dans l’espoir de démontrer les carences de notre appareil de recherche, et d’amener le plus grand nombre à penser qu’en réalité, nous sommes des nantis, improductifs, et inutiles, qui pèsent sur les impôts, ne produisent pas de richesse et, nous l’avons vu plus haut, ne forment plus les jeunes. Il devient alors facile de diminuer les crédits, de restreindre les recrutements, pour que nous devenions totalement dépendants de toute source externe de financement, et dans l’esprit du Ministère, cette source c’est l’industrie.
Les conséquences de cette évolution programmée sont désastreuses. La réduction des crédits des laboratoires associée à la diminution du nombre de postes ouverts au concours, alors qu’ils étaient déjà bien trop faibles, ne feront qu’augmenter encore un peu plus la précarité dans l’emploi scientifique, et finiront de décourager les plus persévérants de nos étudiants. Quant à développer la recherche appliquée, si les industriels veulent investir dans la recherche et bénéficier de nos compétences, cela ne peut être que bénéfique pour tout le monde. Mais il ne faut à aucun prix transformer les chercheurs en intérimaires de la science, travaillant quelques années sur ceci, puis quelques années sur cela, au grès des besoins immédiats et de la poursuite de la productivité. Les brevets, les applications et donc la création de richesses résultent des avancées technologiques apportées par la science. On ne répètera jamais assez que l’on ne prévoit pas une découverte et encore moins sa valorisation. Vouloir piloter la recherche par l’aval aboutira à l’appauvrissement de nos diversités thématiques, à l’affaiblissement de nos compétences, et de façon inéluctable, à l’impossibilité d’innover.
Si le gouvernement affiche une volonté réelle de réformer la recherche, qu’il nous donne alors les millions d’euros dont nous manquons cruellement pour équiper nos laboratoires, et recruter avec un salaire attractif les jeunes gens brillants dont nous avons besoin. Si la France dépose peu de brevets c’est parce que l’industrie fait peu de recherche et parce que ses cadres dirigeants n’ont pas de culture de recherche. Pour remédier à cette carence, qui est, nous en sommes tous d’accord, très dommageable, il faut permettre aux élèves ingénieurs d’accéder à la formation par la recherche, en délivrant une équivalence avec le DEA et en attribuant à tous les thésards des bourses motivantes correspondant à un niveau Bac+5. Il faut d’autre part permettre aux docteurs d’accéder aux grands corps de l’état, ce qui ne manquera pas de valoriser notre diplôme et de susciter des vocations.
La recherche est un métier qui nécessite plus que tout autre de se maintenir au plus haut niveau de compétence. Dans un contexte de compétition internationale, cette compétence à un prix qu’il faut absolument avoir la clairvoyance de payer, si l’on ne veut pas demain, en être réduit à produire à bas prix les inventions des autres.
Marc Rousset, CR1 CNRS
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Et maintenant... que vais-je faire ?
26 janvier 2004, par Erwan
Madame la Ministre,
Vous qui avez vu la France (et la Terre !) d’en haut, vous serait-il possible de lever le nez sur la situation de la recherche française et d’être CELLE qui permettra à ce secteur de revivre ? Loin de moi de vouloir défendre ma propre cause (post-doctorant, à l’étranger, situation on-ne-peut-plus-classique, autrement dénommée impasse), mais réflechissons (ensemble ?) un instant : à quoi sert de dépenser de millions d’euros à former des docteurs, si rien ne leur est offert après ? Alors de deux choses l’une : soit vous devez décider d’arrêter de former des docteurs, car la preuve en est qu’il s’agit d’une catégorie socio-professionnelle inutile dans notre pays, soit vous décidez de maintenir les doctorats et vous leur offrez des perspectives. Je ne vois aucun choix alternatif.
Mais l’exemple canadien où je me trouve me parait intéressant. Le Canada n’est pas un "grand" pays (quoique...). Ici, trente millions de personnes se partagent le territoire, et le revenu moyen ne dépasse guère son équivalent français. Mais le Canada a décidé depuis près de dix ans d’avoir un certain nombre de politiques prioritaires, parmi lesquelles, la recherche scientifique. Le budget du CIHR (Canadian Institute for Health Research) doit passer en quelques années de 700 millions à 1 milliard de dollars. Ca fait rêver !
Pourquoi ? pour faire du progrès, de l’innovation, de l’argent, qui génèrera de l’emploi. Car le Canada était il y a cinq ans dans la même situation que la France d’aujourd’hui. L’emploi s’y raréfiait, la crise plombait l’économie, nombre d’entreprises se délocalisaient vers les pays émergeants (Chine, Inde).
Le Canada a compris que le seul moyen de créer de l’emploi, c’est d’innover. Et le seul moyen d’innover, c’est d’avoir une politique prioritaire de recherche et de brevets. Les brevets sont alors achetés puis utilisés par des start-up locales (partenaires des universités).
De l’emploi, de l’innovation, et de l’argent.La recherche coûte, mais peut rapporter gros Madame la Ministre.
Sans recherche, la France mourra.
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
26 janvier 2004, par Artabane
Mon cher Yannick,
D’accord avec ce que tu dis mais à condition d’allonger les billets : salaire et moyens. Si c’est pour garder le salaire et les moyens dignes d’une république bananière je n’y mets pas les pieds. D’ailleurs je suis titularisé dans le système que tu décris mais ça ne m’empêche pas de partir aux US pour avoir de bien meilleures conditions. S’il y a des étudiants en DEA (ou qui souhaitent en faire un) qui lisent ce site, je vous conseille d’aller votre troisième cycle aux Etats Unis dans le meilleure laboratoire que vous puissiez trouver, style Rockfeller University (http://www.rockefeller.edu/), Harvard, Caltech, Stanford ou Princeton. Ne courrez pas au suicide en restant en France et surtout ne vous engagez pas sur un CDD ici (Cours Droit Dans le mur). Au moins aux Etats Unis à niveau équivalent vous aurez infiniment plus de chances de réussir, d’autre part si vous souhaitez de revenir dans le privé vous pourrez faire cela aux Etats Unis mais pas en France. Il y une vraie différence de mentalité, vous en voulez la preuve : comparez les deux équipes scientifiques responsables de la mission actuelle sur Mars, l’Américaine (composée de pas mal d’expatriés) est jeune et remporte succès sur succès, l’Européenne nous affiche une série de têtes grisonnantes au bord de la retraite et passablement dépressifs. Donc votre critère de sélection pour faire de la recherche doit être à ce niveau : soit vous êtes pris en thèse dans un des meilleurs laboratoires US, soit ce n’est pas la peine car vous prenez un risque suicidaire et il vaut mieux aller dans le privé. Notez bien que même dans ce dernier cas vous avez intérêt à vous expatrier, en Suisse par exemple où les salaires sont trois fois plus importants ou aux US pour créer votre entreprise. L’Etat joue la carte de la libre concurrence et bien nous aussi, et nous verrons qui en fera les frais …
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Le modéle de recherche du gouvernement est plus sur que l’actuel (Yannick Comenge)
29 janvier 2004, par y
Qui peut croire aux nouvelles chansons syndicales ? Ceux qui seront obligés de se trainer à la manifestation aujourd’hui de peur d’etre stigmatisés dans leur laboratoire ? Ceux qui vont à la manifestation voulant gagner des points pour leur futur embauche au CNRS ou à l’INSERM...Pendant des années certains avouent qu’ils ont tout subi pour pouvoir atteindre le saint Graal qui n’est autre qu’un satut ultra-protégé.
Enfin, je ne crois pas une seconde qu’un gouvernement de droit puisse vouloir détruire la recherche. Surtout des Gaulistes qui ont travaillé à l’emergence de la France et à son maintien durant tant d’année. Néanmoins, le gouvernement a acces à tout ce qui est donné à la recherche et tout ce qui en sort. Quelles sont les vrais réussite majeures, quelles sont les unités qui se perdent dans des atermoiements pathétiques pour appréhender un sujet. Bref, impossible de ne pas se mettre à la place d’un gouvernement qui voient un système brillant se transformer en oustsider perdant.
D’ou l’idée de la flexibilité et du rallongement du temps de post-doc, d’ou l’idée de sélectionner plus tard : la contrepartie, l’argent frais pour le système.
Amicalement
YC-
>Je me demande qui est le petit bougeois ici.
29 janvier 2004, par PP Lenck-Santini
Cher Yannick,
je suis outre par tes propos de reactionnaire aigri.
Tout d’abord, et c’est valable pour tous ceux qui trouvent que les syndicats ne servent a rien, pense a ce qu’il se passait au debut du siecle, avant 1936 dans ce pays, quand il n’y avait pas de syndicat. Peut etre que ta famille, a l’epoque, n’etait pas a plaindre, mais j’en connais plus d’un qui travaillaient dans des conditions miserables, et c’est peut etre pour ca qu’il y en a qui se sont revoltes. Si tu n’es pas content des syndicats en place, cree ton propre syndicat, peut etre sera-t-il a meme de mieux comprendre ce qui est bon pour representer des gens comme toi. Il y a des gens qui ralent tout le temps et qui critiquent tout et il y a ceux qui tentent d’etre citoyens. C’est peut etre pas l’ideal, mais au moins eux ils font quelque chose. Alors sors de tes pantoufles.
Quand aux cliches des chercheurs glandeurs, des pauvres gens qui sont forces d’aller aux manifs de peur d’etre mal vus (quand on voit la minorite qui a le courage de se deplacer en general, je me demande de qui tu as peur) ou pour avoir plus de chance d’acceder a un poste (t’as vu ca ou ?) il faudrait peut etre arreter de prendre ton cas pour des generalites. Depuis dix ans, vu le faible nombre de postes offerts au CNRS, je comprends mal comment un glandeur de chercheur aurait pu se fauffiler. C’est sur que dans les annees 70 on recrutait au niveau licence, mais a l’heure actuelle, il faut nettement plus qu’un copain syndicaliste pour rentrer au CNRS. L’an dernier, dans ma section, il y avait une cinquantaine de candidats pour quatre postes, limite d’age trente ans (peut etre qu’il faudrait reflechir sur cette histoire d’ailleurs). Ceux qui sont rentres n’etaient pas syndicalistes (bizare ?) mais ils avaient un dossier monstrueux. En conaissant quelques uns, je peux te dire que c’est loin d’etre des glandeurs, ni meme les 20 classes.
Peut-etre parles-tu de l’Universite, ou se trouve le futur du CNRS ? Peut etre y a-t-il quelque chose a changer de ce cote la, mais geler les credits et les creations de postes n’est pas forcement la meilleure idee.
Tu proposes de retarder la selection. deux questions : 1) Retarder la selection veut-il dire ne plus en avoir du tout ? combien de postes de Professeur ou de CR1, DR sont ouverts en externe chaque annee ? 2) Tu as probablement un poste, mais ca te dit de pouvoir envisager une vie normale a 40 ans ?
Franchement, pour vouloir faire ce boulot, il faut etre soit megalo, soit avoir un ame de moine.
Tu as du le constater, il n’y a pas d’accent dans ce texte, je suis aux USA et mon ordi a un clavier US. Mes espoirs de retour sont minimes et non, je ne glande pas. on m’a propose un poste d’assistant professeur dans une grande universite. je crois que je vais accepter. En attendant, ils se moquent bien de nous les americains. On passe notre temps a donner des lecons aux autres mais on plonge dans un marasme scientifique digne de la Russie (il y a beaucoup de russes dans les labos ici, ils sont pas cher).
Amicalement,
Pierre-Pascal Lenck-Santini
Post-Doc ( ou glandeur qui rale pour faire plaisir aux syndicats)
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
29 janvier 2004, par lachaume
Vous parlez encore de ce que vous ne connaissez pas. Pour information, la mission américaine a également des problèmes avec son robot au sol qui divague allègrement. A contrario l’orbiteur européen a déjà fourni bon nombres d’informations de premier plan (traces de glace, cartographie 3D). Les Américains devraient s’en tirer avec leur deuxième robot, heureusement.
Et où avez vous vu que l’équipe européenne était dépressive ? Avez-vous, en tant que médecin, effectué un diagnostic ? Ou était-ce juste une insulte gratuite ?
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Et les enseignants-chercheurs ?
26 janvier 2004, par a
En cette période où nous nous battons pour sauver la recherche, il me parait important de se battre aussi pour le statut des enseignants-chercheurs. En effet, avec 192 heures par an, le temps de service d’un universitaire français est environs le triple de celui de la plupart des autres grandes nations. Ce temps de service "devant les étudiant" s’accompagne par ailleurs de charges de plus en plus lourdes, et rend souvent impossible la poursuite en parallèle d’une activité de recherche de qualité. Comment s’étonner alors si la productivité (en nombre d’article par chercheur) est parfois inférieure à celle de pays où les charges d’enseignement dépassent rarement les 60 heures ?
La diminution du temps de service des enseignants-chercheurs ne fait en général pas partie des revendications syndicales, et n’est jamais évoquée par nos ministres. Or c’est l’un des enjeux les plus importants pour maintenir une recherche de qualité en France. C’est donc aux chercheurs et enseignants-chercheurs "d’en bas" de rappeller encore et toujours ce problème majeur des universitaires français. -
Chercheur "d’en bas" : un statut petit bourgeois ? (Yannick Comenge)
26 janvier 2004, par y
Il me semble que le système que vous représentez est en train de se craqueler. Il n’a pas les bases éthiques et morales suffisantes pour tenir face aux enjeux du futur. A mes yeux, nous ne devons pas demander des postes ou des crédits. Nous devons faire un large ménages des mentalités. Il faut réorganiser les sélections bizarifiée. Il est inutile de poser les gens "bien dociles" sur les sujets en or pour les sélectionner ensuite pour leur grande productivité. La plupart des grands poulains sélectionnés ont reçu tout pour réussir. A coté pour cela on sacrifie de jeunes carrieres pour montrer "la différence" entre les "brillants et les moyen". Personne n’est duppe, il y a trop de cooptation et d’injustice.
Pour remédier à cela et arreter de sélectionner des chercheurs "plans plans" qui s’endorment jusqu’à la retraire nous devons contractualiser le monde de la recherche. Pas de sélection avant 40 ans. Mise en place de post-doc sur 5 ans. Mobilité des chercheurs intelligente et réelle. Il est inconcevable qu’on envoit nos cerveaux aux USA pour donner toutes leur compétence et la modernisation de notre recherche l’évitera.
DOnc deux priorités : une purge éthique et une reforme des statuts.
Nous sommes des sportifs et nous devons faire jouer une compétition durable et equitable. L’enjeu pour la France est réel : continuons à demander des postes et de l’argent et dans quelques années notre poids scientifique sera l’équivalent de celui de la Pologne.
AMicalementYannick Comenge
21000 signataires, on peut dire que la moitié signe par réflexe sans réfléchir. D’autres s’arqueboutent sur leur statut bourgois et pantouflard. Les autres sont obligés de signer sinon ils seront mal vu !
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> Chercheur "d’en bas" : un statut petit bourgeois ? (Yannick Comenge)
26 janvier 2004, par rachelinossier
je ne pense pas que l’opinion de Y. Commenge soit plus constructive que l’idée d’une grève ou de demander des postes et de l’argent : c’est véritablement de cela dont la recherche publique française a besoin, et pas d’une "purge" (attention aux termes connotés idéologiquement...), ni même de développer l’esprit sportif et la compétition au sein de la recherche. La recherche n’est pas une discipline sportive, et l’effort national en la matière doit être collectif et solidaire. Si l’on rentre dans le jeu de la compétition, là c’est sûr, on se fera définitivement manger par d’autres, et en premier lieu les adversaires de la fonction publique et du corps enseignant qui sont largement soutenus par le gouvernement actuel.
Y. Commenge, il me semble que vous vous trompez d’ennemi...
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> Chercheur "d’en bas" : un statut petit bourgeois ? (Yannick Comenge)
26 janvier 2004, par s
Mon cher Yannick,
D’accord avec ce que tu dis mais à condition d’allonger les billets : salaire et moyens. Si c’est pour garder le salaire et les moyens dignes d’une république bananière je n’y mets pas les pieds. D’ailleurs je suis titularisé dans le système que tu décris mais ça ne m’empêche pas de partir aux US pour avoir de bien meilleures conditions. S’il y a des étudiants en DEA (ou qui souhaitent en faire un) qui lisent ce site, je vous conseille d’aller votre troisième cycle aux Etats Unis dans le meilleure laboratoire que vous puissiez trouver, style Rockfeller University (http://www.rockefeller.edu/), Harvard, Caltech, Stanford ou Princeton. Ne courrez pas au suicide en restant en France et surtout ne vous engagez pas sur un CDD ici (Cours Droit Dans le mur). Au moins aux Etats Unis à niveau équivalent vous aurez infiniment plus de chances de réussir, d’autre part si vous souhaitez de revenir dans le privé vous pourrez faire cela aux Etats Unis mais pas en France. Il y une vraie différence de mentalité, vous en voulez la preuve : comparez les deux équipes scientifiques responsables de la mission actuelle sur Mars, l’Américaine (composée de pas mal d’expatriés) est jeune et remporte succès sur succès, l’Européenne nous affiche une série de têtes grisonnantes au bord de la retraite et passablement dépressifs. Donc votre critère de sélection pour faire de la recherche doit être à ce niveau : soit vous êtes pris en thèse dans un des meilleurs laboratoires US, soit ce n’est pas la peine car vous prenez un risque suicidaire et il vaut mieux aller dans le privé. Notez bien que même dans ce dernier cas vous avez intérêt à vous expatrier, en Suisse par exemple où les salaires sont trois fois plus importants ou aux US pour créer votre entreprise. L’Etat joue la carte de la libre concurrence et bien nous aussi, et nous verrons qui en fera les frais …
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> Chercheur "d’en bas" : un statut petit bourgeois ? (Yannick Comenge)
26 janvier 2004, par brunob
Finalement, pour compenser les salaires bas, les locaux vétustes et le manque de moyens, vous proposez la précarité...
C’est intéressant mais j’en doute.... Avez-vous mis les pieds récemment dans des laboratoires...
Bruno Boury
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Reponse d’un petit bourgeois à un imbécile
27 janvier 2004, par Buffenoir Eric (CR1 au CNRS)
Que de confusions dans cette analyse et quelle méconnaissance des contraintes de la recherche fondamentale.
Tout d’abord il est important de mentionner que le CNRS est multiple dans ses moyens et ses buts. Une grande
partie de ses équipes mène des recherches pour lesquelles les évaluations à court terme et fondées sur leur impact
économique sont tout simplement absurde et contre productive, c’est le cas des recherches en sciences humaines
mais aussi des recherches en sciences dures telles que l’astronomie, les mathématiques, la physique des hautes énergies,
la biologie animale...etc... Bon nombre des chercheurs travaillant dans ces domaines, le font "pour la science" et pas
pour faire plaisir au contribuable, au monde de l’entreprise, ou au ministre de la recherche, leur salaire est généralement
ridicule au regard de celui qu’ils auraient aux USA pour le meme travail ou meme de celui auquel ils auraient pu prétendre
si ils avaient choisi, à la fin de leurs études dans les grandes écoles de la république, de rentrer dans la haute administration
ou dans certaines grandes entreprises privées ou la cooptation et le noyautage n’ont rien à envier à celui existant prétendument
dans la recherche publique. Que voulez vous, monsieur, un jeune éleve sorti de Polytechnique ou de l’Ecole Normale Superieure
qui, lorsqu’il fini sa thèse, gagne déja 3 fois moins que son copain de promo rentré directement dans un grand corps ou dans
un cabinet d’audit, aura du mal à accepter, en plus, d’etre assis sur un siège ejectable jusqu’à 40 ans !!! A moins biensur que
vous tripliez son salaire, mais ceci, je crois, reviendrait à augmenter de manière dangereuse le crédit du CNRS, ce que vous ne voulez pas...N’ayez crainte, quand les chercheurs parlent de crédits, ils parlent de crédit de fonctionnement, c’est à dire les
moyens d’acheter le matériel sans lequel ils seront en chomage technique, ce qui, en locurrence, est une bonne manière de
gacher l’argent public. Quant aux secteurs stratégiques pour l’avenir tels que les nanotechnologies, la génétique, la neurobiologie,
la fusion nucléaire...les sommes investies par la France sont tout simplement ridicules au regard de celles investies aux USA et
au Japon, et ce n’est pas en transformant le statut des chercheurs en statut de contractuel (donc plus cher) que vous libérerez les sommes nécessaires.-
De Courteline et des idées reçues (Yannick Comenge
29 janvier 2004, par y
C’est vraiment curieux chez les CR1 ce besoin de faire des phrases...Néanmoins, je me réjouis de votre petit billet d’hier ; en effet, pour commencer, mettons un peu de culture dans notre site.Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet. (GEORGES COURTELINE).
Pour répondre à vos inquiétudes, sachez que ne plus avoir de polytechniciens en recherche aurait peut être du bon. En effet nous devrions les exporter car ils représentent à eux seuls le dernier cri des « armes de destructions massives ». Les inspecteurs de l’AIEA devrait chercher quelques traces de polytechniciens sur les sites qu’ils visitent : il y a toujours quelques déjections intellectuelles qu’ils laissent par orgueil. Mettez un Megret au FN, il sera rapidement disloqué. Mettez un Lipiez chez les verts, ils ne s’en remettront pas. Continuons par mettre un Messier chez Vivendi et vous aurez soif d’honnêteté. Enfin pour reprendre la belle gloriole des polytechniciens, il me semble que c’est un polytechnicien français qui a brillamment pensé le modèle idéal de fonctionnement des "camps en 1940". (Qu’on me dise si cette info est erronée). Bref, je connais quelques "X" qui ont réussi à ne pas plaquer leur femme (mere de deux gamins) ma veille de leur soutenance de thèse. Imaginez vous laché par celui sur lequel la société croit sans condition... Certes je connais quelques exceptions de "X" qui sont restés simples et brillants... Mais il me semble qu’ils devraient se frotter à la concurrence des vrais cerveaux de Harvard.
Pour revenir à l’argent salle brassé par les universités américaines, je reconnais qu’il fait aussi de la recherche salle et je suis d’accord avec vous : elle est à base d’OGM, de clonage reproductif ou non, d’articles falsifiés et peu reproductible. Notre recherche si elle accepte un peu de changement doit éviter les écueils du modèle anglo-saxons. Pourtant nous aurions à gagner énormément à changer : nos salaires doubleront en acceptant la flexibilité et les sélections tardives. Nous pourrons élever nos 3 ou 4 gamins avec 3500 euros qui tomberont tous les mois...évidemment nous n’oublierons pas alors que la recherche doit trouver...et communiquer la vérité et non sa vérité...
Amicalement,Un imbécile curieusement fier de l’être...grâce à vous
Yannick Comenge
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> De Courteline et des idées reçues (Yannick Comenge
30 janvier 2004, par lachaume
> c’est un polytechnicien français qui [...] pensé le modèle [...] des "camps en 1940".
C’est aussi insultant que de dire : pour résumer la gloriole de l’Allemagne, c’est ce pays qui a tué 6 millions d’individus dans des camps.
> [des tas d’insultes sur les X]
Augustin Cauchy, Michel Chasles, Siméon-Denis Poisson, François Arago, Jean-Baptiste Biot, Pierre Louis Dulong, Augustin Fresnel, Étienne-Louis Malus, Émile Clapeyron, Henri Poincaré, Henri Becquerel, Auguste Comte, Joseph-Louis Gay-Lussac...
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> De Courteline et des idées reçues (Yannick Comenge
3 janvier 2005, par Leo
Mon cher monsieur,
Avant tout, je vous encourage à apprendre à écrire français. En fait je vous encourage à apprendre à écrire tout court, car votre message n’a ni queue ni t^ete, vous parlez de la pluie et du beau temps, et on ne comprend pas où vous voulez en venir.En réponse aux absurditées que vous avez écrit, je vous fait remarquer que plus de la moitié des cerveaux des universités américaines viennent de l’étranger, et que Harvard est connue pour ses facultés littéraires et médicales, pas pour les sciences dures.
Mais rassurez-vous, les polytechniciens s’exportent très bien. Les américains raffolent de gens déjà formés, et les X attirés par la recherche raffolent des salaires américains. Je vous signale au passage que leur formation est payée par vos imp^ots (Si jamais vous en payez, parce que je vois mal qui vous embaucherait à plus que le SMIC).
La seule chose intelligente que vous ayez écrit est que vous ^etes un imbécile.
Leo, un X
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
26 janvier 2004, par a
Bien que partageant les réelles inquiétudes de la plupart des chercheurs, je m’interroge sur nos moyens de pression sur le gouvernement. La grève : non merci, avec 3 enfants et 2100 euros/mois en tant que CR2, je ne peux pas me permettre ce luxe. Je pense qu’un grand nombre de personnes me comprendront. De plus, un arrêt de travail de notre catégorie socio-professionelle aura, je pense, peu d’impact sur l’opinion publique et n’atteindra en aucun cas le gouvernement, qui reste soucieux de l’opinion publique.
Quelles sont les solutions ?
Alain, CR INRA-
> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
26 janvier 2004, par rachelinossier
si les statutaires ne prennent pas le risque de la grève et de la protestation, qui doit le prendre ? les précaires de la recherche publique, comme les doctorants (allocataires, ATER...) ? si cela peut vous rassurer, nous nous mettrons en grève pour assurer notre avenir professionnel malgré nos 1300 euros par mois (pour les rares privilégiés qui ont encore accès à ce mode de financement de leur doctorat...), et nous prendrons le risque de fragiliser notre vie de famille. Je trouve votre réaction vraiment "petit bourgeois" pour le coup : la sécurité de l’emploi ne doit pas vous rendre égoîste de vos intérêts : si ce gouvernement était arrivé au pouvoir avant que ne soyez nommé sur ce poste de CR, comment auriez vous réagi ?
Un peu de solidarité ! la relève attend des chercheurs confirmés et en poste plus de soutien et de solidarité !
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
27 janvier 2004, par peterdel
Bonjour monsieur
Je ne voudrais pas vous offenser mais votre discours sur la grève et le salaire ne tient pas la route. Il faut tout de même distinguer votre avenir à court terme une journée de grève ne vous endettera pas et le long terme ou vos conditions de travail et votre salaire n’évolueront pas comme il se doît. Si retrospectivement vous vous penchez sur votre pouvoir d’achat depuis ces dernières années vous allez blémir. De plus, une cause ça se defend. Je me permet de me présenter : un ancien pion qu’on a foutu à la porte mais qui a une haute éstime pour vous et votre travail. L’année dernière un mois de grève ; résultats 400 euros par mois, plus trois mois de carence au niveau des assédic et maintenant 600 euros par mois. Je continue pourtant à croire en ce que j’ai fait. Certes je n’ai pas d’enfants mais vis avec une étudiante de 3èmè cycle qui reçoit une bien maigre bourse. Aucune aide et en perspective le RMI (merci le medef).
Je vous propose une autre solution : rapprocher vous de tous les secteurs de l’éducation. Vous verrez que tout ce monde est en crise. Je prépare le concours de CPE : la moitié des postes en moins au concours. Je crois que l’on va tous dans le mur, moi le premier mais je me battrai, je n’abdiquerai jamais pour défendre les valeurs qui il me semble sont les notres. Vive l’école, vive la culture et vive la recherche. -
> Réponse d’un non-chercheur "la bas" ...
28 janvier 2004, par Pierre-Pascal, Brooklyn, NY
Monsieur,
vous vous inquiétez pour votre vie de famille, c’est légitime. Vous avez une grande chance de pouvoir en mener une. Pour ma part, je suis en post-Doc aux etats-unis et je n’ai pas le temps d’en avoir une. Je n’ai as non plus eu le temps de rendre visite a ma famille pour les vaccances, je n’ai pas eu de vaccances. J’ai droit a 10 jours de vaccances par an et dix jours de maladie par an. Au delà je ne suis pas payé. De toute facon, cette année je n’ai pu prendre que trois jours. j’ai une longue experience a terminer et un directeur (qui me finance) très très pressant. Je n’ai pas le choix, je suis payé pour ca. Pourquoi je n’ai pas de vie de famille ? je travaille de 9 heures à 20 heures en prenant 30 minutes de pause a midi. je travaille le week end aussi. Mes espoirs de retour sont tres maigres, et, quitte a faire un post-doc de plus, pourquoi le faire en France ? donnez moi une raison. Le patriotisme ?
Les raisons qui me pousseraient à etre patriote, font, je le crains, partie du passé de la France. Je m’entraine déjà aux etats unis à vivre dans cet avenir glorieux de la France qu’on nous prépare : je paie une assurance médicale qui ne couvre pas mes frais dentaires, je me renseigne sur les fonds de pension pour ma retraite, je me demande si je devrais pas me mettre au Prozac et j’attends les prochaines élections avec inquiétude.
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
26 janvier 2004, par s
Madame le Ministre,
Je tiens à vous remercier pour lettre car vous m’avez définitivement convaincu de partir aux Etats Unis. Notez bien que je suis chargé de recherche au CNRS donc ce n’est pas l’absence d’un emploi permanent qui me pousse à partir. Je pars simplement car mon salaire passe de 20 000 euros par an à 100 000 dollars par an. Mon budget de recherche passe de 500 euros par an à 380 000 dollars par an et c’est un budget personnel je peux le dépenser comme je veux sans avoir à remplir 3 formulaires pour obtenir ordinateur usagé qui au vu de la réglementation sur les marchés publics revient trois fois plus cher (c’est là que vous devriez regarder pour faire des « économies »). En tant que chercheur du CNRS ai-je été inefficace ou isolé dans ma tour d’ivoire ? Ce n’est pas l’avis de la prestigieuse université américaine (classée parmi les trois premières sur la liste des 500) qui m’embauche sur un « tenure track ». Vous trouvez que je coûte trop cher à la France et à l’Etat, ce n’est rien comparé à ce que j’ai l’intention de développer aux Etats Unis et que l’économie Française payeraBien à vous,
Un autre chercheur d’en bas.-
> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
27 janvier 2004, par littlejoe
J’ai été relativement choqué par l’argument majeur de votre réponse :
"Je pars simplement car mon salaire passe de 20 000 euros par an à 100 000 dollars par an"Je trouve que si c’est effectivement pour cela que vous partez, eh bien vous ne me manquerez pas !
Sachant effectivement qu’en contrepartie il y a en France (contrairement aux USA)
une médecine "encore" effective pour tous (ceux qui gagne le SMIC ou 100 000 euros par an peuvent se faire soigner par les mêmes bons médecins)
Que l’école est libre et gratuite "pour tous" et que vous pouvez vous inscrire dans la meilleure université de France sans payer plus cher ! et avoir les meilleurs enseignants !
etc...etc..
L’ensemble de ces éléments de "redistribution" conduit peut être à des salaires plus faibles en France qu’au USA.
Ce qui donne à votre argument un aspect "madelinnien" que je trouve décalé par rapport aux problèmes de la recherche en France !
D’autant que je vous rappelle que le salaire moyen en france est de l’ordre de 13000 euros par an et que le salaire d’un chargé de recherche est certes faible au début de carrière mais évolue rapidement !
En espèrant que vous ne partez pas en condition sabbatique (en conservant votre poste "au chaud" au cas où votre situation américaine s’avèrerait moins juteuse que prévue), je vous souhaite bon voyage !
SD
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
27 janvier 2004, par s
Et alors mon cher Stephane, je ne vois pas où est le problème. J’ai choisi d’être chercheur et non moine et vivre dans l’ascétisme. Pourquoi ne pourrai-je pas apporter un certain confort à ma famille et à mes enfants, venir en aide financièrement à mes parents ? sous prétexte que j’ai choisi la recherche !!! Alors si vous pensez ainsi vous verrez qu’à terme seuls les enfants de familles riches pourront se permettre d’en faire car les autres ne pourrant à la fois en faire et venir en aide à leur famille et je sais de quoi je parle.
Maintenant le système de santé il est bien mal barré et entrain de s’écrouler complètement. L’école je n’en parle même pas (d’ailleurs il vaut mieux envoyer ses enfants en Suisse, ce n’est pas tellement plus cher et au moins ils ont un travail à la sortie). Quant à votre système de redistribution, c’est bien joli en théorie mais en pratique ce sont toujours les mêmes gogos qui payent (les initiés délocalisent) et ce système sclérose tout ce pays.
Et si je ne me plais pas aux US, je préférerai aller en Chine ou en Australie plutôt que de revenir en France.
C’est vraiment parce qu’il y a des gens qui suivent votre raisonnement qu’il y a en France des Doctorants qui touchent le SMIC et des ATER qui vivent de façon misérable, mais on va surtout pas les augmenter car il faudrait aussi augmenter les autres. Et bien non, je ne cautionne pas cette nouvelle forme d’esclavage. Pourquoi à votre avis les jeunes se désengagent de la recherche, parce qu’ils n’en ont pas les moyens financiers, donc à terme le système que vous préconisez va déboucher sur une sélection par le fric !
Mais surtout ne vous inquiétiez pas bientôt les MDC gagneront autant qu’en Italie (800 euros par mois) et vivront dans des chambres de bonnes avec leur famille mais il y aura toujours des gens comme vous pour défendre cet état de fait.Bien à vous,
PS : Votre évolution rapide du salaire de CR m’a beaucoup fait rire
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
5 février 2004
Compte tenu de la vision globalement négative que vous avez du système (qui grosso-modo me rapelle celui de familles politiques auxquelles je n’adhère pas, il est effectivement préfèrable que vous alliez exercer ailleurs.
Oui,la recherche à besoin d’argent pour fonctionner mieux et embaucher des chercheurs ! et si vous vouliez gagner beaucoup d’argent il fallait effectivement faire autre chose !Un MCF avec 10 ans d’anciennetée est paye entre 2100 et 2500 euros/mois (on est assez loin des 800 euros) et beaucoup trop (3000000 d’exclus en France) de gens sont à prendre en compte avant de pleurer sur notre "misérable sort"
SD
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
7 février 2004
Mon cher Stéphane,
Que de préjugés dans ton message
1 Je n’appartiens à aucune famille politique, simplement je ne fais pas l’autruche. Soit dit en passant le modèle soviétique « tous pareils tous miséreux » n’a pas duré longtemps.
2 Je ne cherche pas à gagner beaucoup d’argent mais à me vendre à ce que j’estime être la juste valeur de mon travail.
3 Je ne pleure pas sur mon sort car je me casse : je quitte la République Bananière Française. Si j’écris ces messages c’est parce que je trouve révoltant d’envoyer des jeunes (autres que moi puisque j’ai une situation confortable) qui ont brillé dans leurs études dans le mur en leur cachant la réalité de la recherche et en s’en servant comme vache à lait pendant trois à quatre ans !
4 Avec ton argument « il y a toujours plus malheureux que moi » on a fini par payer des Bac+10 au smic et je te le répète encore c’est à tes étudiants que tu devrais étaler ce genre d’argument avant de les prendre en thèse et de les envoyer dans le mur en leur disant « sois heureux t’es pas SDF » (pas encore tu pourras toujours travailler chez Mac Do pour optimiser le temps de cuisson des frites)
5 Concernant les MCF regarde bien combien ils sont payés en Italie (c’est bien 800 euros) et comment ils vivent …
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
25 février 2004
Pour conclure, je pense que tes arguments ultralibéraux sont tout à fait en accord avec ton départ aux USA.
Le coup de la république bananière ! le modèle soviétique ! l’école publique qui est nulle, la santé qui est pourrie, le SMIC pour BAC+10, on rémunère pas les bons travailleurs et patati et patata sont des arguments ultra classiques véhiculés par la droite extrême et l’extrême droite !!
Quand on arrive à considérer qu’en Chine c’est drôlement mieux, je pense qu’il n’y a effectivement plus rien à répondre ! enfin visiblement il vaut mieux éviter l’Italie !
Cela étant, tout ces arguments sont complètement décalés par rapport à l’idée de "sauvons la recherche" qui demande des crédits pour la recherche et les jeunes chercheurs et pas des augmentations de salaire pour certains (tout aussi génial !!attention les chevilles ! qu’ils soient !)Bon voyage (fait attention à 50 ans quand ce sera plus dur de ne pas finir chez MacDo (c’est là bas !!)
SD
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
25 janvier 2004, par e
Bonjour, je suis jeune diplômé, je sors d’une école d’ingénieur.
J’ai choisi cette filière car j’étais (et je suis toujours) un passionné de science. J’envisageais d’ailleurs, avec le soutient de mes enseignants, de poursuivre mes études (doctorat en automatique)
Mais à la fin de la scolarité, lorsque est venue la période des stages en entreprises (et aussi le moment où l’on s’intéresse à son futur emploi) je me suis rendu compte :
que les ingénieurs qui faisaient du R&D étaient plutôt mal payés, et que de surcroît il y avait de plus en plus de postes en CDD
que les postes liés à la recherche étaient difficiles à obtenir et encore plus mal payés
que au contraire, les emplois « commerciaux » qui m’étaient accessibles en tant qu’ingénieur généraliste (chargé d’affaires, expert technique, management, qualité) étaient bien mieux payés et très évolutifs.
Malgré cela j’ai quand même pris la décision – dans un premier temps – de m’engager dans la recherche. Mais quand j’ai compris qu’il fallait que je vive aux crochets de mes parents 3 années de plus et de surcroît que je n’avais qu’une chance sur deux de trouver un emploi, j’ai abandonné.
J’ai alors commencé à chercher du travail dans le privé. J’ai contacté près de 200 entreprises. Résultats : 198 réponses négatives et deux propositions de postes « commerciaux »
Alors aujourd’hui je travail dans un poste à mi chemin entre commercial et expert technique, je gagne bien ma vie et suis sûr de mener une carrière brillante.
Je ne me plein pas, le travail est motivant, bien payé, mais 95% de ce que j’ai appris ne me servira à rien et je vais passer ma vie à vendre des contrats de maintenance et à diriger des hommes, alors que j’aurais pu être chercheur et apporter ma petite pierre au progrès scientifique.
Tout ça pour vous dire que je suis totalement d’accord avec vous, notamment concernant l’aspect catastrophique de l’avenir de la recherche dans notre pays.
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
4 février 2004, par ex-futur chercheuse exilée dans le privé
Bonjour, je travaille dans les métiers de l’informatique depuis plus de 3 ans après avoir délaissé une thèse de doctorat de 4 ans fautes de moyens et ... d’encadrement et il fallait bien que je subvienne à mes propres moyens après un an de chômage.
Je me joins à ce jeune ingénieur pour témoigner de l’avenir promis aux jeunes doctorants comme moi qui ont voué 9 années ou plus de leur vie à leur études, portés par l’amour de la recherche et de la science.
Je vais vous faire part des conditions que m’a réservé le monde du travail. Après un an de chômage, ne trouvant pas de travail dans le domaine privé concerné par le domaine de ma thèse, je me suis résignée à m’engager dans l’informatique. J’ai été bien inspirée car j’avais préssenti que cette brèche pour les laissés pour compte de la formation universitaire longue allait bientôt se refermer. J’ai donc été embauchée pour faire des technologies obsolètes car les employeurs me disaient texto : "Ah mais vous ne pouvez pas faire de NTIC (Nouvelles Technologies de l’Inforamtion et de la Communication) car nous prenons des ingénieurs pour celà et embauchons les universitaires pour faire ce que les ingénieurs ne veulent pas faire (COBOL, GRANDS SYSTEMES)". J’ai tenu bon dans mon projet de ne pas me laisser piéger sur les voies de garage de l’informatique. J’ai donc été recruté, comme beaucoup à l’époque, sur un mensonge :"Venez faire des NTCI chez nous" et en arrivant : formation grand systèmes.
J’ai été recruté au plus bas salaire de la fourchette pour un bac +5, positionnée sur un poste sous-dimensionné (je passe sur les pbs relationels que cce type de situations finit par poser, ceux qui lisent le Courrier Cadre le savent) pour maintenir des technologies obsolètes et ce sous le coup d’une clause dédit-formation de 2ans (=impossibilité de se vendre ailleurs si on le souhaite)....
La crise de l’informatique intervenant, comme je l’avais prévue, 6 mois après mon embauche, mon salaire est gelé depuis plus de 3 ans mais en réalité il diminue car je suis rémunérée comme le personnel non-cadre bien que cotisant en tant que cadre et les cotisations ont augmenté début 2003 comme chacun sait.Vouloir faire de la recherche relève non plus de la volonté mais plutôt du sacerdoce ou de la foie. Ceux qui peuvent y parvenir sont soutenus financièrement d’une façon au d’une autre. Lorsqu’on ne peut pas l’être comme c’était mon cas, on abandonne, la sélection par le fric ou le milieu social pour les études a dejà commencé depuis bien longtemps, je l’ai moi-même vécu dans la difficulté pour briguer certains emplois lorsque l’on a pas de véhicule personnel .... j’en passe. Et je viens de vous tracer l’accueil que l’on nous fait dans le privé, je ne pense pas être un cas isolé.
Je ne suis donc absolument pas surprise de voir la crise des métiers de la recherche aujourd’hui ou de constater la désaffectation des jeunes pour ce type de vocation. Même si ce n’est pas l’argent qui vous motive dans la vie, la réalité financière finit quand-même par vous rattraper un jour.
Voilà, j’ai essayé d’être brève sur ma petite situation perso mais j’ai de la ressource et je m’en sortirai toujours. Voilà peut-être à quoi sert d’avoir fait un tel chemin : être une espèce de survivant qui s’en sort toujours quelque soi la situation et ce avec quelques bouts de ficelles ( ;) aux doctorants sans moyens pour leur manip). Ca forge le caractère et celà peut finir par payer dans le privé à condition de savoir mobiliser ce type de ressources personnelles à bon escient et d’oser la vendre. En effet au bout de 3 ans, je commence enfin à être perçue comme quelqu’un "à potentiel" cad de même valeur (mais pas le même salaire) qu’un collègue ingénieur sorti de son école. J’ai plus de 30 ans et j’ai bien galéré pour que cette vision s’impose enfin dans mon entreprise.Je lance donc un message aux nombreux doctorants qui ont vécu ou vivent le même type de situation dans leur renoncement forcé à leurs ambitions de recherche. VENDEZ VOUS LE PRIX QUE VOUS VALEZ !!!! Ne pensez pas qu’une offre de contrat est une aumone que l’on vous fait !! Non, ayez confiance en votre propre valeur et celle de votre formation car, par expérience, je peux vous dire qu’elle apporte une richesse et une diversité trop méconnu encore par les recruteurs du privé. C’est à nous de faire changer cette mentalité en démontrant nos capacités à nous intégrer rapidement et à devenir productif avec de la valeur ajoutée pour l’entreprise.
J’apporte tout mon soutien au mouvement car l’enjeu à long terme pour la France est bien l’indépendance technologique demain. Je ne rentrerai pas dans la réalité planétaire qui veut que certains pays en voie de développement forment des gens très performant dans des domaines technologiques et ce pour beaucoup moins cher encore que chez nous. Comment lutter contre cette "concurrence" sans avoir toujours une longueur d’avance dans les technologies avancées et donc ... vous en déduisez la même chose que moi : les recherches fondamentales boudées parce que non rentable à court terme.
Cette logique qui envahit toute les sphères de notre économie emmène les générations futures de la vieille Europe vers un avenir de futur quart-monde. C’est évident, dans cette logique de mondialisation qui est logique, je le précise, tout nos problèmes de sociétés, chômage etc.. ne ferrons que s’aggraver et croitre si nous ne comprenons pas cette simple logique globale et planétaire qu’aucun gouvernement ne peut avoir la prétention d’enrayer.Y aura-t’il un jour des gouvernants dans ce pays qui prendront la responsabilité de mettre en place des systèmes long terme plutôt que de mettre des pansements sur les urgences court termes et moyens termes au gré d’une opinion publique manipulée et versatile ?
Je pose la question à Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement. Au travail !!
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
24 janvier 2004, par Catherine Royer
Montpellier, le 24 janvier 2004
Je ne peux m’empêcher de répondre à la lettre que Mme la Ministre a envoyé à l’ensemble des chercheurs français. Qu’elle pratique la langue de bois avec la presse et le publique est une chose déplorable, mais somme toute, assez courante. Mais qu’elle nous écrive à nous, dans nos laboratoires, pour nous expliquer que tout va bien est tout simplement une insulte à notre intelligence.
Je précise que je suis un des relativement rares chercheurs américains qui ont quitté un poste de professeur titulaire dans une grande université de recherche aux Etats-Unis pour accepter un poste de directeur de recherche dans un EPST français. J’ai fait le choix de la France, en toute connaissance de cause, préférant une recherche basée sur le long terme, plus sereine, et une approche à la science moins portée sur le marketing, que chez mes collègues outre atlantique.
C’est cette approche à la science, et la recherche tout court qui est maintenant en grave danger en France. Bien que rodée dans la manipulation des chiffres, je ne serai jamais convaincue par les entorses que les fait prendre notre Ministre qui essaie de nous faire croire que la France dédie une plus grande part du budget (en pourcentage du PIB) à la recherche public que les Etats-Unis. Le commentaire de M. Tambourin dans un article récent touche au point le plus important. La plupart des chercheurs américains sont de professeurs (comme moi-même, je l’ai été), et donc leurs salaires (qui entre nous, je suis bien placée pour le savoir, sont bien plus importants qu’en France) sont comptés au budget de l’éducation et non de la recherche, alors que la masse salariale représente 80% des budgets des EPST français.
Mais à part cette habile manipulation des statistiques, le constat de la pauvreté de nos laboratoires tant en crédits d’équipements, qu’en fonctionnement, qu’en personnel (chercheurs, ingénieurs ou techniciens, et doctorants) ne fait aucun doute. Les retenus et les reprises de crédits l’an dernier étaient bien réelles. Nous ne les avons pas rêvées. Les 46000 euros de notre laboratoire qui étaient destinés à l’achat d’équipement et qui attendait le complément (en France on ne trouve jamais la totalité à la même source) sont bel et bien repartis à Paris pour combler les caisses vides du CNRS. Les crédits non-versés le sont restés en grande partie. Une telle disposition n’aurait jamais été possible, ni même envisagée par un gouvernement aux Etats-Unis, quelque soit sa couleur politique.
Dans cette situation il devient de plus en plus insupportable d’entendre sans cesse combien les chercheurs français sont peu performants. Mon expérience me montre que le rapport qualité/prix des chercheurs que j’ai pu côtoyer des deux côtés de l’Atlantique est bien plus élevé en France, malgré des petits budgets, une administration lourde est une gestion approximative.
Que ce gouvernement soit aussi ignorant sur l’importance de la recherche pour un pays moderne est une vraie tragédie pour l’avenir de tous les français. Il faut espérer qu’il puisse entendre raison avant qu’il ne soient trop tard. En attendant, je demande personnellement à Madame la Ministre de ne plus m’envoyer de courrier de ce genre.
Catherine Royer
Directeur de Recherche
INSERM-
> Réponse d’une doctorante à C.Royer et Y.Comenge
26 janvier 2004, par Céline Collin Bellier
Angers, le 26 Janvier 2004
Madame, Monsieur,
C’est avec un grand plaisir que je lie les lignes d’un professeur venue des U.S.A. et qui peut parler en connaissance de cause. Je la remercie de son intervention.
Je ne crois pas qu’une personne travaillant dans un laboratoire public français pourrait dire que les chercheurs sont "plan-plan". Ou alors, cette personne n’a pas eu de chances. En effet, depuis 1997 où j’ai commencé à visiter, par curiosité, des laboratoires, j’ai croisé de nombreux chercheurs actifs ! Et le fait de fonctionner sur fonds publics permet une certaine sérénité sans pour autant se reposer sur les lauriers. Certe, j’en ai aussi croisé qui étaient sur des voies de garage ou confortablement installés dans leur fauteuills, mais ils ne sont vraiment pas aussi nombreux que ça !
Quant au fait d’avoir signé la pétition, ce n’est ni par réflexe, ni par bourgeoisie et encore moins sous la menace d’un mauvais regard !
Céline Collin Bellier, jeune doctorante bientôt désespérée...
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
23 janvier 2004, par Raymonde CIMINO (malade d’un cancer métastasé et, dans tous les sens du terme, de constater "la décadence de l’empire" de France)
"à l’évidence, le ministère, le gouvernement et le Président de la République n’ont toujours rien compris à ce qui se passe."
A l’évidence au contraire, tous ces gens là ont fort bien compris...
et le jour où de nombreux chercheurs, enseignants, personnels de la santé, auront compris eux aussi que cette logique de destruction massive de nos acquis pour se plier aux exigences de l’Europe commune, ne peut plus revenir en arrière,
ce jour là nous aurons alors peut-être des manifestations plus fortes que celles gentillettes auxquelles nous assistons et qui ne semblent pas faire bouger les politiques d’un iota.Sans aller jusqu’à 1789 nous pourrions prendre exemple sur 1936, mais cela se prépare cela, en économisant et constituant des réserves pour tenir sur la distance.
Raymonde Cimino
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
24 janvier 2004, par rotillon
Je souscris complètement à l’hypothèse cynique malheureusement,nos dirigeants ne font que travailler pour des margoulins qui n’ont que faire de la culture,pire,ils redouteraient qu’un haut niveau et un large accès à la culture soit possible dans notre pays,car la culture est le seul rempart contre l’exploitation éhontée qui se fait de tous les côtés,quoiqu’en disent les Postel-Viney de service qui fréquentent les salons rembourrés,et qui n’accepteraient pas les conditions miteuses dans lesquelles vivent bon nombre de chercheurs,pourtant infiniment plus compétents qu’eux
Ces dirigeants savent pertinement qu’ils ne peuvent rogner de l’argent que sur le dos de ceux qui n’ont pas encore réalisé que c’est une guerre qui s’installe,entre le monde du business sans contrôle,et celui du travail,le vrai travail,et que nos pétitions gentilles doivent les faire sourire-témoin la montagne de banalités contenues dans la lettre d’une ministre,dont on ne peut manisfestement rien attendre,tout juste payée (trop bien certes !) pour expédier les affaires courantes-
oui,il faudra sûrement un 1789 pour recharger la barque,mais cela cela supposera une prise de conscience plus forte que celle qui s’exprime actuellement,je le crains.On a vu le résultat des manifs,bon enfant du printemps,un ministre Fillon,se vanter qu’aujourd’hui les syndicats faisaient preuve de responsabilité dans la gestion des crises,c’est à dire en gros,ne jamais aller à la rupture,alors que ce sont les gouvernements qui la provoquent pour mettre de plus en plus en plus de gens à genoux.La preuve d’ailleurs que les universitaires et les chercheurs travaillent beaucoup,est qu’ils ont de moins en moins de temps pour faire la "révolution" trop occupés à produire,ne leur a-t-on pas seriné "publish or perish" ?
Dans les universités on prépare aussi un nouveau statut pour les enseignants chercheurs,visant à leur faire faire de "l’animation" comme si l’enseignement et la recherche n’étaient pas suffisants ;mais pour appliquer la calamiteuse réforme des études dite "LMD" encensée par les médias aux ordres-harmonisation européenne oblige-à coût constant,cela suppose une nouvelle mise en place d’apparatchiks bureaucrates,alors pourquoi aller chercher plus loin,puisque ces enseignants chercheurs ne foutent rien,et puis puisqu’on vous le dit"il n’y a plus d’argent !!"Nous sommes vraiment dans une problématique de rapports de force,car si pour des problèmes mineurs,des négociations techniques sont possibles,là c’est un choix de société qui est en jeu,et d’ailleurs je crains fort qu’un jour les "gueux" de cette société ceux qu’on a trop laissés pour compte,ne perdent patience et deviennent violents,n’ayant pas toujours la chance d’exprimer leur révolte par le simple verbe,et ne cassent pas tout sur leur passage,car dans ce désastre qui se profile si on continue ainsi,il faudra avoir les nerfs vraiment solides pour se contenir,et ne pas faire subir à ceux qui se foutent autant de nous,le sort qu’ils méritent.
Cela n’empêche pas que cette pétition ait été utile comme première étape ,comme un réveil,qui préparera la révolte,à condition que certaines de nos éminences grises soudainement effrayées par la boîte de Pandore qu’ils ont ouverte,frennent des 4 fers en obtenant des cacahuètes d’un gouvernement aux abois,dont ils ont trop souvent été complices,directs ou indirects.
Première étape disais-je ? alors passons à la seconde !ps- je suis maître de conférences en maths dans une université,le nombre de profs de maths de qualité dont on aura besoin à très court terme est gigantesque,aussi bien dans le secondaire,et dans le supérieur un peu plus tard ; beaucoup de bons étudiants attirés par la recherche renoncent avant même de s’inscrire en 3ème cycle vues les conditions répercutées par leur devanciers,que la chute vertigineuse du nombre d’étudiants dans les filière scientifiques se confirme,alors que les abrutis qui dénoncent le gaspillage dans leur prose de bas étage,utilisent ce mot à bon escient,mais il est vrai qu’aujourd’hui les mots les plus simples ne veulent pas dire forcément la même chose pour tout le monde,j’en veux pour preuve l’usage intensif du mot "modernisation" pour travestir l’authentique "régression" sociale historique en marche.
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
23 janvier 2004, par MB
Messieurs,
Je ne rentre pas dans vos remarques inter-membres du conseil du CNRS auquel je n’aurai surement jamais l’occasion de sieger.....etant donne que je fais partie de ces jeunes expatries sans espoir de retour.
On nous a tous dit que le postoc a l’etranger constituait une ligne de plus sur le CV pour augmenter ses chances aux concours CNRS, maintenant j’ai bien compris qu’il contitue la premier ligne de mon CV aux Etats-Unis, pour mes futurs employeurs....ICI malheureusement.
J’ai juste une question a poser aux membres gestionnaires du gouvernement : Si le gouvernement est toujours aussi prompt a regler les problemes des qu’un peu d’argent est en jeu, comment peut-il se permettre de nous laisser partir ailleurs, alors que nous revenons en fin d’etude plusieurs millions a l’unite ? Une belle somme qui, multipliee par le nombre de chercheurs et ingenieurs expatries, pourrait commencer a enerver tous les contribuables francais non ?
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
23 janvier 2004, par Jacques Audin
Mon cher Henri Edouard Audier
J’ai bien lu ta réponse du chercheur d’en bas et je partage ton cri. C’est vrai que les chercheurs se sentent humiliés, désavoués, minorés. C’est encore plus vrai pour tous ces jeunes chercheurs qui sont déja parti en post doc a l’étranger et qui voient leurs chances de pouvoir revenir s’amenuiser. Comment comprendre une telle abération ou dans un contexte de guerre économique, on livre nos meilleurs espoirs à la concurence internationale. Passons sur Claude Allègre qui appelle carrement à la désertion (en temps de guerre militaire il aurait été fusillé)
Ce cri de désespoir je l’entend tous les jours chez les doctorants de mon labo qui se posent déja la question de savoir s’il n’ont pas fait une erreur que de vouloir s’engager dans cette voie.
Mon cher Henri, pourais tu m’expliquer, puisque nous avons l’honneur tous les deux de siéger dans ce même conseil d’administration du CNRS pourquoi tu t’es abstenu lors du dernier conseil du 19 décembre sur la politique d’acceuil presenté par le nouveau directeur, politique d’acceuil qui justement enterinait la transformation de postes de titulaires en CDD ?
Sincerement je n’ai pas compris.
Tres amicalement
Jacques Audin Administrateur elu du CNRS-
Vive la désertion libérale et révolutionnaire !
24 janvier 2004, par Jerome BUZZI
Il ne m’est pas arrivé souvent d’être d’accord avec Claude Allègre (tout arrive en ce moment... peut-être s’agit-il d’une marque du caractère "insurrectionnel" de la situation) cependant je crois qu’il n’est pas crédible de critiquer l’expatriation ou son éloge au nom d’un patriotisme qui referait surface tout-à-coup alors que c’est au nom du libéralisme que gouvernements ou entreprises se justifient constamment.
Le bénéfice du libéralisme serait-il donc réservé aux puissances et ne pourrait donc pas être invoqué au profit du chercheur, du salarié ou de l’individu en général, prié d’être patriote et loyal pour ne pas dire obéissant et soumis ?
Je précise que je ne suis pas expatrié et plutôt relativement bien traité par le système français. Mais je refuse qu’on fasse porter le chapeau aux collègues qui sont partis que ce soit pour améliorer leur situation ou tout simplement participer à l’aventure de la recherche aux premières loges. Les économistes nous diraient que ceci correspond à une meilleure allocation des ressources productives sous l’influence des forces du marché et peut-être ont-ils raison...
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Appel d’un syndicaliste d’en bas au chercheur "d’en bas"
23 janvier 2004, par m
Vous êtes bien naif Monsieur le pote d’Allègre si vous attendiez autre chose du Ministère.
Et l’efficacité dans tout celà ?
Vous attendez le 28 au soir pour appeler les personnels à grève et manifestation
le 29/01/04 de jussieu à Matignon ?
RV jussieu à 14 heuresG. Miquel chimiste et syndicaliste d’en bas
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
23 janvier 2004, par Alain_Blanchard
La reponse ma parait adaptée dans l’ensemble. Je tiens toutesfois a souligner l’ambiguite
du propos sur les CDD. Je penses que les chercheurs ne sont pas unanimes sur le fait de savoir
si on doit passer a une fraction de postes non permanents. Or si on veut installer un systeme de post doc efficace il faudra des creation massive de tels postes. Il me semble pour ma part que
le fait que l’unique perspective d’un jeune soit un recrutement rapide ou de quitter la recherche fausse completement l’activite scientifique qu’il peut avoir : il cherche non plus a produire la meilleure recherche mais a optimiser ses chances de recrutement, quoi de plus legitime d’ailleurs ?
Mais cela renforce enormement une strategie programmatique, le jeu de lobbying corporatiste
(et oui, ca existe aussi chez les chercheurs !) et ou les mandarins reprennent toute leur force.
Je penses donc qu’il n’est pas legitime de denoncer au nom de la communaute
l’appararition de postes CDD, ni meme de
regretter la diminution de postes permanents. Par contre ce qui est à denoncer c’est que les CDD proposes actuellement ne sont pas des postes motives par la recherche d’une production scientifique d’excellence, mais par de la strategie beaucoup plus politique.-
> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
24 janvier 2004, par P. Bianchi
Je pense que lorsque l’on a un poste bien établi, que l’on a obtenu (dans la plupart des cas) sans même avoir à faire de post-doc, il est facile de se dire que les cdd sont la solution à une recherche de qualité. Bien évidemment il y a des abus et certains relachent leurs efforts une fois le poste obtenu mais est-ce la majorité ? Il faut des changements mais la précarité n’est pas la solution. Si le jeune chercheur perd sa motivation c’est plus parce qu’il a passé des années de galères que parce qu’il se dit qu’il a un emploi sûr. Plus la précarité sera longue plus la démotivation à l’obtention d’un poste sera grande. A moins que votre suggestion soit qu’il n’y ait plus de cdi. Mais pensez-vous vraiment qu’entre la précarité en France et celle aux Etats-Unis nous ne choisirons pas la seconde où nos salaires sont bien plus élevés et où les moyens sont bien plus importants ? Quand à la qualité de la recherche pensez-vous vraiment que le cdd va changer quelque chose ? Ceux qui ont toujours couru après les publis sans se soucier de la qualité vont poursuivre leur chemin. Le cdd va entraîner la fuite des jeunes chercheurs vers le privé et l’étranger, et ce, quelque soit sa forme. Je pense qu’il est plus facile de développer une "production scientifique d’exellence" une fois que l’on a un poste avec plus de pouvoir que lorsque l’on a un emploi précaire donc sans réel pouvoir de décision. Ce qui fait que l’on ne peut pas concurencer avec les Etats-Unis ce n’est pas le fait que l’on soit en cdi mais c’est le manque de moyens ! Alors arrêtons de généraliser à la recherche entière l’attitude de certains chercheurs qui restent sur leur chaise. Je pense que la nécessité de recherche de financements, privés ou publics, pour le fonctionnement du laboratoire est la seule forme de motivation durable pour une production scientifique de qualité.
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> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
28 janvier 2004, par Boud Roukema
Salut Alain :),
Je suis très heureux que nous puissions comparer nos points de
vue respectifs sur un forum publiquement archivé.> 23 janvier 2004, par Alain_Blanchard
> Or si on veut installer un systeme de post doc efficace il faudra
> des creation massive de tels postes.Pourquoi pas être un peu moins nombriliste et penser à une solution
globale ? La France ne se situe pas sur Mars. Plutôt que de précariser
les chercheurs en France, il s’agit de stabiliser les chercheurs en
France et ailleurs simultanément. Le moment d’expansion de l’Union
Européenne vers dix pays de l’Est, d’ici quelque mois, n’est guère
le moment de violer les Articles 22, 23 et 24 de la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948
(http://www.assemblee-nat.fr/histoir...), c’est plutôt
le moment de les défendre.Plutôt que d’encourager le postdoctorat, mieux encourager la création
de postes stables *partout* dans le monde. Que le FMI souhaite la
précarisation partout n’est pas un argument pour soutenir le FMI.> Il me semble pour ma part que le fait que l’unique perspective d’un
> jeune soit un recrutement rapide ou de quitter la recherche fausse
> completement l’activite scientifique qu’il peut avoir : il cherche
> non plus a produire la meilleure recherche mais a optimiser ses
> chances de recrutement, quoi de plus legitime d’ailleurs ?En quoi la précarisation institutionnalisée des jeunes chercheurs
découragerait le faussement complèt de leur activité scientifique ?
Le plus long qu’un-e jeune chercheur-se soit obligé-e à cacher sa
créativité et son originalité scientifique pour ne pas effrayer les
mandarins, le moins de chance il y a qu’il ou elle y revienne une fois
en poste.> Mais cela renforce enormement une strategie programmatique, le jeu
> de lobbying corporatiste (et oui, ca existe aussi chez les
> chercheurs !) et ou les mandarins reprennent toute leur force. Je
> penses donc qu’il n’est pas legitime de denoncer au nom de la
> communaute l’appararition de postes CDD, ni meme de regretter la
> diminution de postes permanents.> Par contre ce qui est à denoncer c’est que les CDD proposes
> actuellement ne sont pas des postes motives par la recherche d’une
> production scientifique d’excellence, mais par de la strategie
> beaucoup plus politique.Suggérer que le CDD et la « production » scientifique d’excellence
puissent être compatibles est un peu comme prétendre que
l’assassination des manifestants défendant les droits humains en Irak
par des soldats étatsuniens soit compatible avec l’excellence dans la
capacité organisationnelle de la société civile en Irak. Dans l’un cas
et l’autre, le premier n’interdit pas le second : il est vrai que
certain-e-s réagissent bien au stress du CDD ou à la douleur de
perdre son frère, sa mère, son copain ou sa copine, faisant en réponse de la
recherche de qualité ou s’organisant des réseaux de résistance par
« excellence ». Pourtant, à mon humble avis, il est sadique d’y ainsi
trouver une justification morale, ou bien pour les CDD, ou bien pour
tuer (Iittéralement) les manifestants du mouvement social.Bien amicalement,
BoudPS : Je vois que tu défends toujours le modèle FLRW avec constante
cosmologique nulle - comme en
http://fr.arXiv.org/abs/astro-ph/as... - tu pourrais
peut-être trouver intéressant les relations T-M (température-mass) d’autres auteurs,
comme celle d’Afshordi et Cen, http://arxiv.org/abs/astro-ph/0105020,
qui semble fournir une relation avec redshift qui se ressemble (à 10%
près entre z=0 et z=1) à votre formule (6) plutôt qu’à la formule (2) -
suggérant que les très humbles lignes « trois-points-un-tiret » dans
votre figure 2 soient les bonnes et que Omega_matière=1 puisse
rester tranquillement enterrée comme paradigm tombé... :)-
> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
28 janvier 2004, par Boud Roukema
Correction, désolé pour l’erreur :
Le lien vers l’article d’Afshordi et Cen devrait être, évidemment,
« A la recherche de *l’énergie* sombre perdue par Blanchard et al. »
plutôt que « ...matière sombre... »-
> Réponse d’un chercheur "d’en bas" à Claudie Haigneré
19 février 2004, par Olivier A. HUE, Post-Doc fac Médecine Québec
Autre lien, nettement plus utile au débat qui nous interesse :
http://www.annuaire-au-feminin.tm.f...
Madame la Ministre devrait également se "redécouvrir". Savoir qui je suis, d’où je viens et où je vais.
Amitiés à celles et ceux qui sont passionnés par la science et/ou la recherche et/ou l’enseignement.
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