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« En finir avec une organisation désastreuse » Nicolas Sarkozy, 22 janvier 2009. Répondons-lui ! Le 2 février, tout doit s’arrêter
8 février 2009, par Estissac
Polytechnicien étranger au secteur de la recherche académique, mais passionné par les questions d’enseignement, je suis sidéré quand j’entends ou lis tous les propos défaitistes des politiques ou des journalistes français sur notre prétendu déclin et notre situation catastrophique par rapport à celle des autres pays (en particulier asiatiques). En dehors des Etats-Unis, bien évidemment hors concours, quels sont donc les pays qui feraient tellement mieux que nous ?
Prenons le cas de la physique. Depuis 1980 : 2,8 prix Nobel français (1 en 1991, 1 en 1992, 1/3 en 1997, 1/2 en 2007) soit près de 10% du total des 29 prix de la période (rappelons que nous pesons 1% de la population de la planète et de 4 à 5% de l’économie mondiale). Tous ces prix récompensent des travaux menés en France ou au CERN.
Pendant cette même période la Grande-Bretagne si souvent citée comme exemple obtient 1/3 de prix Nobel (en 2003) pour un bi-national anglo-américain vivant depuis 1983 aux Etats-Unis. En dehors de ce dernier pays, seule l’Allemagne fait mieux que la France (14% des 29 prix) mais une partie des chercheurs allemands récompensés travaille aux Etats-Unis. Ne parlons pas de l’Asie (Chine inexistante à ce niveau, Japon au même niveau que la Russie et la Suisse soit 3%).Mathématiques : les Français obtiennent 1 médaille Fields sur 3 en 1982, 2 sur 4 en 1994, 1 sur 2 en 2002, 1 sur 4 en 2006 soit en moyenne 23% du total mondial sur la période (Russie : 25%, Grande-Bretagne : 12%, Allemagne : 5%.
Le même cacul en chimie donnerait : Grande-Bretagne :8%, Allemagne :7%, Japon et Suisse : 5%, France : 2%.
En médecine : Grande-Bretagne : 12%, Allemagne 8%, Australie : 5%, France, Japon et Suisse : 3%,
Les prix Nobel d’économie ne paraissent pas très significatifs, car trop liés aux modes idéologiques du moment. Quant aux sciences humaines, aucun critère mondial bien établi ne
permet de faire le même type de comparaisons. Par ailleurs, les contributions de chercheurs figurant sur ce site montrent bien que la prise en compte purement quantitative des publications ne veut pas dire grand chose !En résumé, pour l’ensemble mathématiques-physique-chimie-médecine (seules matières où des comparaisons internationales sérieuses sont possibles), les Etats-Unis, qui bénéficient du phénomène de « brain drain » bien connu, obtiennent depuis 1980 environ 50% des récompenses de type Nobel/Fields, les 3 grands Européens environ 25% et le reste du monde également 25%, ces pourcentages paraissant assez stable sur 3 décennies. Si on compare les 3 Européens entre eux, leur niveau moyen est équivalent (8 ou 9% pour chacun) mais leurs points forts sont différents :
France : mathématiques, physique
Grande-Bretagne : mathématiques, médecine, chimie
Allemagne : physique, médecine, chimie
Beaucoup plus que de vouloir singer un modèle étranger (dont rien ne prouve qu’à population égale il donne globalement de meilleurs résultats) il serait sans doute beaucoup plus efficace de comprendre pourquoi les mathématiques et la physique obtiennent chez nous de tels résultats et d’en tirer les leçons pour hisser notre chimie et notre médecine au même niveau. L’examen de la situation suisse serait également intéressant (de très loin le meilleur résultat mondial si on le ramène au nombre d’habitants).
De toute façon, nos résultats actuels doivent faire pâlir d’envie le Brésil, la Chine, l’Inde, le Japon, la Russie … et bien d’autres.
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« En finir avec une organisation désastreuse » Nicolas Sarkozy, 22 janvier 2009. Répondons-lui ! Le 2 février, tout doit s’arrêter
26 février 2009
Excellente question : pourquoi seulement la physique et les mathématiques ?
Et une question corollaire : les résultats ne sont pas mauvais en absolu, mais par rapport au coût dans les domaines qui n’ont pas ces "performances"
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« En finir avec une organisation désastreuse » Nicolas Sarkozy, 22 janvier 2009. Répondons-lui ! Le 2 février, tout doit s’arrêter
1er février 2009
Monsieur le Président de La République ,je suis consterné par votre discoours ,vous denoncez d’un coté la"fuite des cerveaux " et de l’autre vous demantelez tous les laboratoires de recherches ,suppression de postes , de dotations importantes pour renouveler du matériel et surtout vous obligez les jeunes chercheurs à partir à l’etranger où les conditions de travail sont meilleures ,les salaires en parité avec le niveau des études, la confiance des directeurs de labo et pas d’être traités comme des fainéants et des planqué(e)s !!!!!
Bientôt nous allons être les parents pauvres de la recherche,des minables car la recherche demande des moyens que vous ne voulez pas octroyer pour des raisons qui sont erronées et même injurieuse pour la nouvelle géneration à laquelle vous ne faîtes pas confiance et à laquelle vous ne leur permettez pas de vous prouver vos erreurs ni vos discours lamentables (c’est vous qui ^tes obsolète dans vos propos et complètement fermé (obtus) -
« En finir avec une organisation désastreuse » Nicolas Sarkozy, 22 janvier 2009. Répondons-lui ! Le 29 janvier puis le 2 février, tout doit s’arrêter
28 janvier 2009, par Un jeune chercheur épuisé
Vos revendications sombrent dans un langage de plus en plus prolétarien. C’est dommage pour un mouvement qui servait les intêrets de la recherche publique à son origine, en 2003/04, contre les attaques idéologiques du gouvernement de J. Chirac. En défendant un modèle à bout de souffle, vous servez aujourd’hui les intérêts des mandarins de la science, ceux qui veulent garder tous leurs privilèges, ceux qui imposent aux jeunes chercheurs une sélection longue et épuisante, ceux qui imposent des années de postdoc mais n’en ont jamais fait eux-mêmes, ceux qui ne veulent pas reconnaitre le doctorat comme une expérience professionnelle car pour eux un doctorant est un étudiant et le postdoc un stage !! Vous oubliez une réalité. Nous, chercheurs, sommes au service de la société. Et non l’inverse. Nous devons rendre des comptes. Nous devons accepter d’être évalués par des agences indépendantes (et ce n’est pas le cas de l’AERES qui reproduit les mêmes évaluations car ce sont les mêmes qui évaluent). Notre évaluation quotidienne par nos méthodes scientifiques, par nos pairs pour les publications et pour les demandes de financement, puis par les citations pour suivre notre modeste contribution, est évidemment juste mais elle n’est pas suffisante. Une évaluation par et pour la société est fondamentale pour éviter de s’isoler dans nos mondes scientifiques.
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Cher jeune chercheur épuisé
1er février 2009, par chercheur fatigué
Je comprends très bien vos doléances par rapport au système actuel, qui ne peut pas continuer comme ça. Mais là où je ne suis pas d’accord, c’est sur la façon dont doivent se faire les réformes. On assiste ici à un combat entre mandarins, ceux qui ont prêté allégeance au gouvernement et les autres.
Vous écrivez :
"Une évaluation par et pour la société est fondamentale pour éviter de s’isoler dans nos mondes scientifiques." Or, une évaluation directe par la société est simplement impossible, ou bien on en arrive à la notion de "chercheur qui trouvent" selon la formule qui plaît tant aux internautes incultes. En pratique, le relais "sociétal" comme on dit est effectué en France par les mandarins. Le fait qu’on trouve Axel Kahn, un des pires despotes du système, lui-même très à l’aise dans les années Mitterrand, parmi les partisans de la réforme indique bien qu’il ne va pas y avoir d’inflexion de côté-là. A l’opposé, on sait bien que le système mandarinal ne fonctionne qu’en raison du recrutement sur place (inbreeding) qui devrait être interdit. Il est donc très important de ne se poser ni en supporter des archaïsmes, ni en partisan de la réforme.
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Remarques
28 janvier 2009, par Arthy
J’aimerais proposer deux commentaires informels :
1) D’abord je trouve ce texte très juste et le travail de SLR de plus en plus rigoureux et précis sur ces questions qui sont très souvent présentées de façon dogmatique par les instances politiques. Ceci conduit, comme dans le discours de M. Sarkosy, à des textes manipulateurs et ineptes du point de vue de la démonstration, parsemé de propositions(au sens de la logique)fausses.
2) Les 3 derniers paragraphes concernant les ’revendications’ positives ne me semblent pas suffisantes. Elles restent vagues et s’inscrivent à mon sens encore trop dans une argumentations ’contre’ le discours de M. Sarkosy. Je pense qu’il serait possible et souhaitable de dégager en quelques points —disons 3 pour rebondir sur ceux évoqués par Mme This Saint-Jean— des objectifs essentiels précis. Ceux-ci sont développés ailleurs par SLR, mais il devraient à mon sens être martelés, exigés, à chaque déclaration :
a) Abandon immédiat de la réforme actuelle.
b) Un énoncé de ce qui est souhaitable à l’université telle que nous la pensons aujourd’hui en terme de recherche, enseignement et moyens matériels associés pour travailler et recevoir les étudiants. Ceci pourrait être chiffré.
c) Une progression pour atteindre l’objectif cité en a), aussi chiffrée ici.Pour finir je remarque que M. Sarkosy dissocie toujours ’Recherche’ et ’Innovation’... difficile à concevoir pour moi, et j’ai du mal à le dissocier personnellement du manque général de maîtrise de la langue française de M. Sarkosy qui fait des fautes de logique ou de grammaire à chaque paragraphe !