réactions à l'article «Simplifier, décloisonner et dynamiser la recherche publique»
-
> Simplifier, décloisonner et dynamiser la recherche publique
25 mai 2004, par Jean-Paul Raffin
Avant toute idée de réforme, ne faudrait-il pas se demander, tout d’abord, si les objectifs du mouvement "Sauvons la recherche" ont été atteints ? Plus de postes, plus de moyens. Celà est-il vraiment réalisé ?
Avant d’entamer autre chose, il faut que au moins la majorité des chercheurs soient d’accord. Moi, j’estime que rien de vraiment solide n’a été obtenu : quelques postes, la promesse de ne pas supprimer des moyens...
Quelque soit le type de restructuration, ça ne fonctionnera pas si les moyens des laboratoires ne sont pas augmentés de manière conséquente, ce qui signifie que l’argent versé par le CNRS, par exemple, soit au moins multiplié par cinq.
Je n’ai toujours pas compris la raison de ce replis aussi brutal que triomphant. Qu’est-ce-qui se cache derrière ? La peur ? le manque d’idées "comment continuer ?", une manipulation politique ? Un peu de tout celà ? Beaucoup de collègues se posent des questions..... -
> Simplifier, décloisonner et dynamiser la recherche publique
25 mai 2004, par Jean-Paul Raffin
Et quoi encore ? Pour commencer :
donner de l’argent aux labos, tout simplement
simplifier les obtentions de postes en supprimant la langue de bois et le grandiloquant débile : "ce poste doit servir dans un contexte européen, mondial, voire interplanétaire...." (c’est à peine éxagéré).
arrêter de nous prendre pour de voleurs : laissez nous gérer l’argent librement (like in the states)
commissions du CNRS et directions d’organismes : arrêtez de nous mentir parce que vous n’avez pas le courage de dire la vérité. Au moins, si vous la disiez, on pourrait se défendre.
instruire un dossier, alors que le rapporteur n’a jamais pris contact avec la personne et le labo.....et ensuite raconter des "fausses vérités" sur la personne et le labo pour justifier la magouille.
arrêter de croire que la problème de la recherche est réglé parce qu’on a obtenu quelques postes supplémentaires qu’on va se répartir entre seigneurs féodaux de la recherche.
arrêter les états généraux de la recherche, il n’en sortira rien de valable.
-
> Simplifier, décloisonner et dynamiser la recherche publique
3 mai 2004, par Macdonald
D’accord sur pas mal de points, notamment sur un comité national "national". Pour ce qui est des labos en SHS pas d’accord du tout. Je suis à contre-courant, je sais, mais tout indique que pour réaliser les autres grands objectifs ("décloisonner, dynamiser, simplifier", rapprocher encore plus les universités des EPST, favoriser l’interdisciplinarité, responsabiliser les chercheurs, etc.) il faut supprimer ou du moins rendre facultatifs les labos en SHS,structures non adaptées à la plupart des SHS (avec quelques exceptions).
-
> Simplifier, décloisonner et dynamiser la recherche publique
4 avril 2004, par Bernard Jacq
Beaucoup de choses dans cette vision synthétique du futur payasage possible de la recherche publique. Il faut avoir un peu de temps pour digérer tout ca. Cette contribution va utilement trouver sa place à côté des textes Larrouturou-Mégie, Du nerf, CPU et autres pour nourrir la réflexion des états généraux.
A chaud, je partage globalement la réflexion d’Henri et notamment :
la nécessaire redéfinition du rôle du ministère qui devrait voir ses compétences élargies à la technologie (et pourquoi pas aussi à plusieurs aspects de la recherche et du développement industriel, notamment ce qui concerne l’émergence des start-ups à partir des laboratoires publics).
Mais d’accord aussi pour dire que l’interventionnisme direct du ministère via le FNS et le FRT correspond à un pilotage politique direct qui est globalement assez inefficace et qui n’est plus de mise aujourd’hui.
Encore d’accord aussi sur l’importance actuelle et pour de nombreuses années encore, d’un niveau national fort pour la définition des politiques de recherche et l’évaluation des chercheurs, enseignants-chercheurs et structures de recherche. Ceci n’exclut naturellement en rien un rôle structurant pour la recherche des niveaux régionaux et européens appelés à jouer une importance plus forte dans les années qui viennent.
L’existence d’EPST, d’EPIC, d’une recherche universitaire qui doivent tous disposer de moyens forts et de la capacité à développer des politiques scientifiques propres doit être réaffirmée. Tous ceux qui militent pour la transformation des organismes en agence de moyens devraient tourner leurs neurones sept fois dans leur cortex avant d’avancer ces idées pour moi destructrices. On ne fait pas une politique scientifique globale, une incitation à l’interdisciplinarité, un aménagement efficace du territoire, un recrutement de haut niveau, une gestion de personnels, ... dignes de ce nom par l’addition de politiques individuelles. Le premier résultat prévisible d’une autonomie débridée des campus et des universités sera d’enrichir les sites riches et déjà performants et d’appauvrir fortement les sites en émergence, les laboratoires des villes moyennes etc ... Attention aussi au fait que la notion de campus (en fait largement inspirée de l’institut Pasteur ou de l’institut Curie) s’applique très mal actuellement aux autres disciplines que la biologie.
Ceci étant dit, et comme le propose aussi Henri, le rôle essentiel du laboratoire (et/ou des IFR) doit être réaffirmé. Si des moyens nouveaux sont donnés à la recherche, c’est en priorité à ce niveau qu’ils doivent aller et une meilleure réactivité doit y être possible.
D’accord toujours pour une réflexion nécessaire sur le redécoupage/fusion d’organismes et notamment avec le but que plusieurs petits organismes atteignent une taille leur permettant de dépasser du niveau du gazon. Attention aussi à ne pas aller trop loin : sortir les SDV du CNRS pour les associer à l’INSERM aurait probablement beaucoup plus d’inconvénients que d’avantages et notamment éliminerait 80% de l’interdisciplinarité interne au CNRS. Les relations CNRS-INSERM sont déjà fortes, notamment grâce à de nombreux IFR associant des unités des 2 EPST.
Un avant-dernier point de réflexion pour lequel je serais beaucoup plus réservé qu’Henri, celui qu’il appelle "la symbiose organismes-universités". Je pense que ce point de vue probablement minoritaire (venant d’un chercheur CNRS) ne va pas me faire que des amis, mais j’assume totalement. Henri n’aborde pas du tout le problème de la double tutelle des UMR, peut-être par peur de froisser l’université.
Autant je suis personnellement favorable à tous les types de rapprochements possibles université-EPST, autant je trouve que la double tutelle actuelle est une chose sur laquelle il faudrait largement revenir. Au niveau du surcroît de paperasses, des difficultés de gestion, souvent de l’incompatibilité des politiques menées, l’expérience des UMR universités-EPST présente pour moi plus de points négatifs que positifs. Avoir un maître, d’accord s’il le faut, mais en avoir deux, c’est la meilleure manière d’aller dans le mur du milieu quand il faudrait tourner à gauche ou à droite pour l’éviter (sans parler des labos associés à 2 ou 3 universités différentes). Si c’est la réactivité et l’efficacité qui sont recherchées, il faudrait impérativement :
1) qu’il y ait moins d’universités et qu’elles se dotent d’instances efficaces et démocratiques de propostions de politiques scientifique et d’évaluation de la recherche (et de l’enseignement)
2) que dans les UMR, chacun des partenaires exerce ses droits mais n’oublie surtout pas ses devoirs ... !
3) que EPST et Universités puissent avoir chacun un nombre significatif d’unités propres, seules à même de répondre à des politiques de recherche actuellement différentes aussi bien dans leurs finalités, leur évaluation, leur mode de financement que dans leur niveau d’exercice (national pour les EPST, régional pour les universités).un dernier point : d’accord avec enthousiasme sur une nécessaire réflexion pour un comité national d’évaluation qui regrouperait plusieurs EPST (et l’université ?). A mon sens, ca veut dire que le comité National sortirait du CNRS, ainsi que les CSS sortiraient de l’INSERM pour être placées soit sous la tutelle d’un RIO (regroupement inter-organismes) à imaginer, soit directement du ministère ? C’est un gros chantier sur lequel beaucoup d’idées originales seront nécessaires.