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> BIENVENUE DANS LE MONDE DE LA PRECARITE INSTITUTIONNELLE
3 septembre 2004, par conchon christian
par Paule Graouer
Tu viens d’avoir 17 ans et le monde dans lequel tu te prépares à entrer n’est pas des plus accueillants. Je pense qu’il est plutôt angoissant. Dois-je me sentir coupable de l’avoir ainsi laissé à la merci de gens avides d’argent et de pouvoir ? Peut-être. Mais je n’ai pas renoncé à sauver ce qui peut encore l’être. En tout cas, il faut se dépêcher. Sinon, l’humanité, et sans doute la terre entière, ne seront bientôt qu’un souvenir du néant.
Tout va très vite et les « maîtres de l’Occident » savent comment asservir en douceur des populations de plus en plus démunies économiquement, socialement et culturellement ; défaire le tissu social, isoler les individus, casser les solidarités. Ne voir en nous que des super producteurs-consommateurs dont toute la vie n’aura pour objectif que de remplir cette double mission.
Lorsque j’étais enfant, j’habitais une rue où tout le monde se connaissait, où de véritables liens existaient, amicaux, solidaires. De nombreux lieux permettaient aux gens de se retrouver, d’être ensemble. Ce qu’une famille vivait, elle le partageait avec toute la rue. Aujourd’hui, rares sont les quartiers où « vivre ensemble » ait encore un sens. Car la mondialisation économique a édicté sa loi : toujours plus de profits : licenciements, délocalisations, régions entières sinistrées…Ce fut le début de la « guerre économique ». Après les 30 glorieuses, la chute fut brutale. Et même les luttes locales et désespérées ne purent arrêter la machine infernale. Le cœur de la Lorraine ne battait plus…
L’Amérique, figure de proue d’un monde avide et méprisant, montrait le chemin à suivre. C’est sûr que l’on a fait bien des « saloperies » avant ça. Qu’au nom du progrès ou de la chrétienté, on a saboté bien des histoires, on a nié bien des cultures.
« Lorsqu’en 1492, Christophe Colomb y débarque, l’Amérique compte quelques 80 millions d’habitants (sur une population mondiale d’environ 400 millions). Un demi-siècle après, il n’en reste que 10 millions soit 12,5 %, au Mexique 1 million sur 25 soit 4 %. La destruction des Indiens d’Amérique (qui se poursuit encore aujourd’hui) s’accompagne du pillage systématique des richesses et du vol à main armée des terres. Commence alors la traite transatlantique et la mise en esclavage des Noirs d’Afrique sur le continent américain, évaluée à 15 millions d’hommes, de femmes et d’enfants, durant trois longs siècles ».(1) Il paraît que l’Occident incarne le Bien !
Si j’éprouve le besoin de besoin de t’écrire aujourd’hui, c’est que je suis du côté de ton mal-être, de ton incompréhension.
Le monde dans lequel nous vivons est insensé. Et nous y cherchons désespérément une miette de sens. Dans la ville voisine, une classe maternelle fonctionne, en tout cas essaie, avec 35 enfants. Comment cela est-il possible ? L’inspecteur est venu, le jour de la rentrée des classes, compter les enfants, comme on compte du bétail. Résultat : fermeture d’une classe, suppression d’un poste. Que dire ? sinon ravaler sa colère, serrer les poings dans sa poche.
A l’hôpital de Belfort, les places de moyen séjour font cruellement défaut. Minimum d’un mois d’attente. Et encore ! Alors, que faire de tous ces vieux entre l’hôpital et la maison ? Retours à domicile dans des conditions parfois plus que précaires, séjours à l’hôpital qui s’éternisent…Quelle honte vis-à-vis de gens qui ont travaillé souvent toute leur vie et qui deviennent des fardeaux pour une société pour laquelle ils ne sont plus rentables. « Qu’allez-vous faire de moi ? ». Que peut espérer une société qui fait si peu de place à son histoire, à sa mémoire ? Reculer les limites de la mort, oui, mais pourquoi ? Prendre le temps de réfléchir à la condition humaine…cela devient urgent.
Les cinémas de quartier vont fermer. A la place, on construit un super complexe. Tout près du Mac Do, quelle chance ! On pourra ingérer la culture et digérer nos hamburgers. Le rêve de l’Occident !
Mais, de fermetures d’usines en délocalisations, la misère gagne. Le RMI n’y a rien changé. On meurt de faim et de froid dans notre belle France, tout comme en Amérique. Et la richesse accumulée ici par une poignée de rapaces l’a été en exploitant et pillant toute une partie de la planète que l’on appelle pudiquement le « Tiers-Monde ». « Trente millions de personnes continuent de mourir de faim chaque année, et plus de 800 millions sont sous-alimentées. Sur les 6 milliards d’habitants de la planète, à peine 500 millions vivent dans l’aisance, tandis que 5,5 milliards demeurent dans le besoin » (2)En Orient, la misère a fait le nid du fanatisme religieux, elle fait ici le nid du totalitarisme. L’extrême droite gagne du terrain, et prolifère comme un cancer de l’âme. Elle risque de s’alimenter de son frère jumeau, l’extrémisme religieux.
Au coin de la rue, le marché couvert va bientôt fermer. Il aura 100 ans dans quelques mois. Ca paraît rien, dans l’histoire du monde. Mais, c’est un peu de notre histoire qui disparaîtra et un lieu de rencontres qui se taira. Silence de la ville…les lieux d’échange disparaissent peu à peu, les lieux de consommation se multiplient.
Sommes-nous destinés à devenir les consommateurs soumis et décérébrés des pires œuvres de science-fiction ?
Mais, tu sais, toi qui viens d’avoir 17 ans, que le monde sera aussi ce que nous en ferons. Tu n’as jamais été soumis à une autorité que tu ne trouvais pas légitime (cela m’a parfois compliqué la vie !). Tu as gardé de ton enfance le refus de l’injustice, de la souffrance que l’on regarde droit dans les yeux parce qu’on se dit qu’on peut faire quelque chose.
Je suis toujours là, à croire qu’on peut encore et toujours se battre pour faire reculer la barbarie moderne. Et je sais que tu es là, rebelle et généreux, à tenter de comprendre, du haut de tes 17 ans, par quel bout prendre ce monde si déroutant. Ton regard d’enfant m’a aidée à grandir. Merci. Bientôt, tu mèneras ta vie d’homme, et j’espère que nos routes se croiseront dans ce combat pour un monde meilleur.
Paule Graouer
(1) Le Monde Diplomatique –octobre 2001- Christian de Brie –
(2) (2) Le Monde Diplomatique –décembre 1999 –éditorial d’Ignacio Ramoneten fait cet essai pour un monde moderne s’adresse a la recherche ou du moins a ceux qui souhaitent la réorganiser
oui, tout le monde souhaite un monde multipolaire ou il fait bon vivre :ceci est le fait d’action de dirigeants suivant le conseil de leur proche
c’est pour cela que la recherche doit les aider à aider les plus démunis dans toutes leurs actions et sous toutes les formes que ce soitcordialement
conchon christian -
> BIENVENUE DANS LE MONDE DE LA PRECARITE INSTITUTIONNELLE
4 mars 2004, par christine
La précarité, j’y suis en plein !
Après une thèse non financée bien évidemment, sans même une proposition de monitorat ou de vacation, le choix qui s’offre à moi est simple : exil ou RMI !
Ne souhaitant quitter ni ma région ni ma famille, il me reste le choix du RMI et du travail au noir !
Au départ volontaire, travailleuse et la tête pleine d’idées, j’avoue être très déçue par le système français qui étouffe toute volonté d’aller de l’avant.
Christine
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> BIENVENUE DANS LE MONDE DE LA PRECARITE INSTITUTIONNELLE
5 mai 2004, par christian conchon
en accord avec vous
j’ai des tres proches avec dess et dea en chomage depuis un an
aucun debouche
pourtant parait il d’apres les organismes scientifiques nous manquons de scientifiques
alors au royaume ds fous, les dirigeants sont les rois
cordialement -
> BIENVENUE DANS LE MONDE DE LA PRECARITE INSTITUTIONNELLE
6 mai 2004, par Tally
La précarité comme nous la vivons au jour le jour est génante pour les institutions mais surtout pour les syndicats qui veulent surtout en parler mais rarement la résoudre. Il est rare en effet que les chercheurs dans leur ensemble se refusent par moment ou par intermittence à utiliser la précarité. La précarité pour ceux qui l’ont vécu est surtout faite d’absence de salaire sur une longue durée...rien à voir avec la contractualisation qui serait un vrai luxe pour ceux qui ont servi longtemps (tout au long de leur thèse) et puis qui ont été "jetés" via le RMI ou chomage. Oui récemment on discutait au sein de la JCCP ou du CECP de la précarité... elle est conceptualisée et surtout stigmatisée mais globalement l’intransigeance des hommes soit disant de gauche pousse les vrai-précaires dans une forme de misère sociale qui aurait pu etre résolue par une mobilité accrue et une contractualisation...Apres tout si un statutaire est brillant, des CDD ou CDI renouvellables ne sont pas un risque démesuré. Par contre le bénéfice de la contractualisation serait de permettre plus d’emploi...pour nottamment les précaires qui ont fait les frais de sujets souvent mal gérés.
Tally
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> BIENVENUE DANS LE MONDE DE LA PRECARITE INSTITUTIONNELLE
3 juin 2004, par Daniel Corcos
La précarité est liée à l’absence de gestion des flux dans la filière de formation et la confusion entre cette filière avec la filière de production. Pour être plus clair, si des CDD sont créés sans gérer ce problème, les vieux CDD se retrouveront en compétition avec les jeunes CDD. S’ils continuent à ne représenter pour les laboratoires que de la main d’œuvre, et qu’en plus leur salaire est augmenté en fonction de l’ancienneté, comme c’est le cas en Grande-Bretagne, les laboratoires préfèreront les jeunes CDD et les vieux CDD seront précarisés. L’intérêt théorique des CDD est d’augmenter l’efficacité, mais il y a en France des problèmes plus graves que le fonctionnariat qui entravent notre activité de recherche, et qui sont le poids des hiérarchies et les lourdeurs administratives. Une solution serait que les chercheurs qui tiennent absolument à avoir des employés en CDD soient eux-mêmes contractuels, de manière à ce que le système soit cohérent.
Méfiez-vous également pour une autre raison. Vous vous considérez peut-être comme brillant, mais les critères d’excellence actuels ne correspondent pas forcément aux vôtres, ni à ceux du sens commun.
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