réactions à la brève «Toutes les recherches»
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> Toutes les recherches
13 mars 2004, par Igor babou
A l’évidence, le discours que vous tenez et auquel j’adhère (je suis chercheur en sciences humaines et sociales), risque de ne pas trouver beaucoup d’écho sur ce site. Je n’ai pas fait de relevé quantitatif précis, mais j’y viens régulièrement depuis plusieurs mois, et j’ai pu constater que la plupart des discussions générées par des chercheurs en SHS faisaient un flop retentissant, tant dans la partie "auteur" (en interne) que dans la partie "contribution" (publique).
A l’évidence, il y a deux sciences dans ce pays : l’une hyper légitime et fière de sa rentabilité économique (mise en avant dans la pétition de SLR, dès le premier paragraphe), et l’autre - l’Autre absolue - éventuellement soupçonnée (syndrome Sokal oblige) de n’être que du discours d’opinion. Honte à nous qui ne pouvons même pas mettre en avant une quelconque utilité économique... Nous avons beau passer des thèses de doctorat, subir exactement les mêmes épreuves que les "vrais" scientifiques (qualification, concours de recrutement, etc.), être sur les mêmes grilles salariales et disposer du même statut, rien n’y fait : nous n’intéressons personne, à moins de briguer le statut d’intellectuels (de salon ? de médias ? écrire des fadaises sur Loft Story dans Le Monde...).
Nous autres sociologues, linguistes, historiens, psychologues, chercheurs en communication, etc., parents pauvres de la recherche, qui trimons depuis des décennies dans des labos sous-subventionés, encadrant des doctorants sans bourses ni contrats (le plus souvent), n’avons même pas été destinataires de la fameuse pétition : oubliés, niés, évacués des discussions préalables à sa rédaction. Honte à nous qui ne produisons que des connaissances gratuites ! Au mieux, on nous tolère quand nous nous engageons sur la voie glissante de l’accompagnement de l’insersion sociale des NTIC (ah ! Les recherches en sociologie "compréhensive" sur "l’acceptabilité sociale" de l’informatique...).
Il va peut-être faloir penser à monter un site "Sauver les SHS", avant qu’elles ne disparaissent d’elles-mêmes, victimes à la fois du mépris (ou au mieux de l’indifférence) des "vrais" scientifiques (ceux qui pratiquent des recherches inhumaines et a-sociales ?), du mépris de notre ministère, de nos propres incohérences internes (ne les oublions pas...), de notre lâcheté et de notre manque d’autocritique (qui est réel), et surtout de l’idéologie libérale et de son cortège de pensée économique unique.
Cordialement
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Igor Babou
Chercheur SHS, fier de ne produire aucune connaissance économiquement rentable-
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16 mars 2004, par Henni
Bonjour,
je suis physicien theoricien (en n-ieme postdoc) et je suis conscient de la pertinence et de la valeur de la recherche en sciences humaines et sociales (SHS). Je ne discrimine et ne meprise aucune discipline scientifique en SHS ou en sciences dures (SD). Tous les domaines accessibles a la connaissance humaine sont a explorer et a mettre en valeur.
Le clivage SHS/SD existe deja au lycee avec le meme antagonisme litteraire/scientifique. Il est criminel de la part du systeme educatif de creer et d’entretenir le mythe tres reducteur selon lequel on est soit scientifique soit litteraire. Je n’ai pour ma part jamais imagine m’handicaper intellectuellement en me rendant impermeable a une discipline ou une autre. En particulier affirmer a des jeunes que l’un est plus prestigieux que l’autre est d’une stupidite insondable. Comme un mensonge mille fois repete devient verite, c’est la malheureusement un baggage plus ou moins conscient que l’on traine avec soi longtemps.
Cela amene meme a des perversions chez certains philosophes modernes qui pour montrer la haute technicite de leur travail le rende simplement illisible avec tout un jargon pseudo-scientifique tire parfois de la physique. Il est vraiment dommage de cacher des idees lumineuses derriere une sombre barriere de langage technique artificiel. A mon sens le genie est de pouvoir exprimer une idee, un concept fondamental profond en termes les plus simples possibles.
Pour continuer dans le domaine de la philo, j’avoue avoir toujours eu plus de mal et moins de plaisir a lire des textes contemporains que des textes classiques de Spinoza, Machiavel, Hume etc... qui me semblent plus clairs et exempts de cette pression de la technicite a tout prix.
Pour finir, il y a des ponts a creer entre les diverses disciplines SHS et SD, des decloisonnements a encourager pour eviter de s’enfermer dans une logique sterile. Des rencontres et debats ou les intervenants viennent avec le soucis sincere d’apprendre des autres sont a souhaiter. Il y a une mentalite qu’il faut changer et ne plus promouvoir chez les plus jeunes.
Il y a du boulot en perspective !
Cordialement,
Henni
ps : nombreux sont les gens de SD a apprecier et respecter les travaux en SHS.
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> Toutes les recherches
18 mars 2004, par Igor Babou
Bonjour,
Il y a en effet des ponts qui existent, et qui sont pratiqués. J’en ai un peu parlé dans un post sur ce site, à propos de certaines recherches en biologie (en particulier, les sciences cognitives). De multiples apports croisés sont déjà réels, comme ceux issus des regards que certaines disciplines des SHS portent sur les sciences de la nature : de la sociologie des sciences aux sciences de la communication, en passant par l’épistémologie ou l’histoire des sciences, nombreux sont les chercheurs en SHS qui constituent les sciences de la nature en objet spécifique de recherche. C’est mon cas, et c’est une autre manière d’appréhender les collaborations. Dans ce cas précis, c’est à nous, chercheurs en SHS, de chercher à comprendre sans mépris la manière dont les sciences de la nature "fonctionnent" dans les espaces sociaux qui sont les leurs. Je pense d’ailleurs que si des enseignements de ce type étaient plus souvent dispensés dans les formations en SD, les SHS pourraient aider les chercheurs en SD à mieux comprendre non seulement leur rapport au savoir, mais également la nature des questions que leur pose le public. Inversement, ma formation initiale en biologie (même si elle est sommaire) a sans doute pu m’éviter de dire certaines bêtises sur mes objets actuels de recherche.
Comme vous le dites, il y a du boulot en perspective. Les véritables rencontres interculturelles ne peuvent être fructueuses que si chacun reconnaît à l’autre sa spécificité : au delà de l’enchantement naturel qui existe toujours lorsqu’on va à la rencontre de "l’Autre", il ne faut jamais gommer les différences ou les oppositions qui fondent la possibilité même du dialogue. Espérons que les futures Etats Généraux seront l’occasion non pas de "dépasser" des clivages, mais plutôt d’en faire apparaître les enjeux. C’est à ce prix qu’on pourra tous apprendre les uns des autres.
Bien cordialement.
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Igor Babou
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17 mars 2004, par Nicolas
Je pense que vous vous sous-estimez en pensant produire une connaissance économiquement non rentable. L’experience récente a montrée par exemple que certains états auraient surement mieux fait de consulter des chercheurs spécialistes du moyen orient avant d’intervenir ! d’un point de vu strictement économiques les conséquences en sont et seront assez "palpable". C’est n’est bien sur qu’un exemple on pourrait en trouver bien d’autres
Un chercheur des SD qui lui aussi ne dédaigne pas ces collèques des SHS !
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> Toutes les recherches
18 mars 2004, par Igor babou
Bien d’accord avec vous ! C’était essentiellement une "provoc". Il y a en effet de nombreux domaines pour lesquels les SHS, rarement consultées à bon escient par les politiques, pourraient pourtant avoir des choses à dire... Par exemple, la question de l’éducation et des rapports sciences-société. Mais il faut également reconnaître que de nombreux "ténors" des SHS sont peu enclins à prendre des positions dans des domaines qui les concernent pourtant directement. Là, il me semble que depuis la mort de Bourdieu, nous avons une sacrée autocritique à mener, et un véritable travail de compréhension à faire sur nous-mêmes... Après tout Jean-Marc Levy-Leblond a bien écrit "(auto)-critique de la science" !
Bien cordialement.
Igor Babou
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> Toutes les recherches
23 mars 2004, par Antoine.
Dans mon esprit, les SHS devraient théoriquement être à la base d’une action politique.
Je dis peut-être des bêtises, mais je déplore fortement le côté idéologique (ou démagogique,
comme on veut, la différence n’est peut-être pas si grande, on fait de l’idéologie pour
être compris du plus grand nombre, non ?) des décisions politiques. Quand il serait bon
de pouvoir évaluer les politiques (avant et après), d’étayer des généralités par des
chiffres, etc. Choses qui sont du ressort des SHS, il me semble. A quand des chercheurs
des SHS en politique ?Au fait, les gens des SHS, vous avez sans doute aussi des avis étayés sur les éventuels
mérites des différents systèmes de recherche, non ? Et est-ce que ce que je dis souvent est vrai :
"un système ne vaut que par les gens qui le composent" (ie un système nul avec des gens bien
s’en sort quand même, un bon système avec des mauvais ne marchera jamais). Ca devrait conduire
à mon avis à vraiment vraiment chiader les recrutements (je parle de l’université surtout, il me semble
que dans les EPST c’est plutôt le cas).-
> Toutes les recherches
23 mars 2004, par Igor babou
Bonjour,
"Dans mon esprit, les SHS devraient théoriquement être à la base d’une action politique. Je dis peut-être des bêtises, mais je déplore fortement le côté idéologique (ou démagogique, comme on veut, la différence n’est peut-être pas si grande, on fait de l’idéologie pour être compris du plus grand nombre, non ?) des décisions politiques. Quand il serait bon de pouvoir évaluer les politiques (avant et après), d’étayer des généralités par des chiffres, etc. Choses qui sont du ressort des SHS, il me semble. A quand des chercheurs des SHS en politique ?"
Difficile de répondre pour les SHS en général : je ne connais bien que mon domaine de spécialité, à savoir celui de l’analyse des relations entre science et société (et plus précisément les relations entre sciences, médias et société). Tout ce que je peux dire, c’est que l’incompétence des politiques en charge de ce type de dossier est effarante, mais pas plus que celle des scientifiques qui les gèrent bien souvent avec eux : le sens commun règne en effet en maître dès qu’il s’agit de prétendre parler au nom du public, ou d’évaluer le rôle des médias. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir produit des thèses, des articles ou des livres sur la question. Mais si les gens - politiques, scientifiques et acteurs de la culture scirentifique et technique - prenaient quelques minutes chaque jour pour les lire et y réfléchir, ou pour se former et dépasser les fausses évidences et les modèles de sens commun, peut-être que certaines bêtises ne seraient pas faites.
"Au fait, les gens des SHS, vous avez sans doute aussi des avis étayés sur les éventuels mérites des différents systèmes de recherche, non ? Et est-ce que ce que je dis souvent est vrai : "un système ne vaut que par les gens qui le composent" (ie un système nul avec des gens bien s’en sort quand même, un bon système avec des mauvais ne marchera jamais). Ca devrait conduire à mon avis à vraiment vraiment chiader les recrutements (je parle de l’université surtout, il me semble que dans les EPST c’est plutôt le cas)."
Je ne suis pas sociologue du travail, et il faudrait lire la sociologie des organisations et du travail pour avoir des lumières sur ce sujet. Tout ce que je peux dire, d’un point de vue très général, c’est que je ne crois pas en une vision des fonctionnements sociaux qui ne dépendrait que des individus, comme si le social n’était qu’une somme de singularités. Autrement dit, un système "vaut" (pour autant qu’on sache ce que signifie ce terme de "valeur") tout autant par les gens qui le composent que par les normes qu’il fait exister, normes qui s’actualisent dans des dispositifs, des formalismes, etc. Sans compter que le "système" scientifique n’est pas clos sur lui-même : les questions de communication restent fondamentales. Même chose pour les temporalités historiques : aujourd’hui, qui peut dire sérieusement "untel est bon, et untel est mauvais" ou encore "tel système est le bon, et tel autre est mauvais" ? Comment penser ces choses-là en temps réel, sérieusement (je veux dire pas à la manière caricaturale des technocrates qui se contentent d’appliquer des critères bibliothéconomiques ou manageriaux), quand on constate que, en SHS en particulier, c’est le temps historique et non le temps humain qui a départagé les "génies fondateurs" des "petits auteurs" ? Quand je pense à mon auteur fétiche, Ch. S. Peirce, un philosophe aujourd’hui porté aux nues aux USA par des chapelles entières de sémioticiens, linguistes, psychologues, informaticiens, logiciens, et j’en passe tant sa renommée est grande, je ne peux que constater qu’il n’a jamais produit le moindre livre de sémiotique, ni eu la moindre chaire prestigieuse à son époque (fin du XIXème) : aujourd’hui, cet homme considéré comme l’un des plus grands génies américains, serait à la merci d’un technocrate du ministère qui critiquerait son manque de rentabilité économique et biliothéconomique... Aujourd’hui, si on appliquait les critères contemporains de "l’excellence" et des "regroupements" à Peirce, je suppose qu’on l’enverrai croupir dans une administration quelconque et que Mr. Beloc, tout comme les maniaques contemporains de l’évaluation et des pôles d’excellence, lui enjoindrait de ne plus faire de recherche... Bref, ce que montre souvent l’histoire des sciences, c’est que c’est justement l’histoire avec un grand "H" qui seule permet de déterminer les savoirs importants, généralement après coup.
Mais de toute manière, répondre à vos questions est impossible tant que personne ne se posera les seules qui vaillent la peine d’être posées avant de penser à entrer dans le détail du "comment faire" : quel type de savoir souhaitons nous produire ? Pour qui ? Et à quelles conditions ? Le jour où Sauver la recherche posera ces questions, en collaboration avec les SHS, on aura fait un grand pas. Mais tant que les Etats Généraux travailleront dans l’urgence en mettant la charrue avant les boeufs (penser l’organisation et l’évaluation de la recherche sans en questionner l’épistémologie), toute cette démarche des Etats Généraux sera à proprement parler insensée et irrationnelle.
Bien cordialement.
Igor Babou
ENS Lettres et sciences humaines
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> Toutes les recherches
24 mars 2004
Je crois très volontiers que ça n’est pas parce qu’on a fait de la recherche qu’on a une
idée de quel système marcherait le mieux et qu’on est fondé à l’évaluer et à le modifier.
Même si on a forcément quelques idées d’amélioration (parfois basiques, comme sur
les subtilités des marchés publics ou la TVA).Il me semble que les SHS souffrent également d’un déficit de reconnaissance parce
qu’elles ne savent pas diffuser leurs conclusions au delà du cercle des spécialistes
(sinon par quelques interventions forcément réduites et réductrices au journal de 20h).
A mon avis, de la même manière que les livres de vulgarisation sont surtout lus par
ceux qui sont plus ou moins du domaine (moi, j’en lis pas mal en ce moment, mais ils
ne m’apprennent pas tous quelque chose...), de la même manière vos ouvrages sont
sans doute lus par des gens qui s’occupent des mêmes choses et pas tellement par
ceux que cela concernerait très directement.Je pense qu’il faut profiter du mouvement en cours pour les sortir, vos conclusions. J’ai
désespérément cherché il y a quelques temps des chiffres qui me permettraient d’étayer
certaines de mes idées. C’est dur, on rame, et au final, on a pas d’avis. A quand une vulgarisation
de vos conclusions ? Postées dans les contributions, par exemple, dans un langage simple
que des gens des sciences dures puissent assimiler et reprendre ? Vous auriez une
excellente occasion de vous faire entendre et reconnaître par la communauté, plutôt que
de vous plaindre de n’être pas assez représentés :) ? Et Gerland va bien :) ?-
> Toutes les recherches
26 mars 2004
Bonjour,
"Il me semble que les SHS souffrent également d’un déficit de reconnaissance parce qu’elles ne savent pas diffuser leurs conclusions au delà du cercle des spécialistes (sinon par quelques interventions forcément réduites et réductrices au journal de 20h). A mon avis, de la même manière que les livres de vulgarisation sont surtout lus par ceux qui sont plus ou moins du domaine (moi, j’en lis pas mal en ce moment, mais ils ne m’apprennent pas tous quelque chose...), de la même manière vos ouvrages sont sans doute lus par des gens qui s’occupent des mêmes choses et pas tellement par ceux que cela concernerait très directement."
Oui... mais non. Si nos recherches ont réussi à montrer quelque chopse depuis 30 ans d’analyse des rapports sciences / société, c’est que ces rapports ne pouvaient pas se contenter d’une analyse en termes de "diffusion", de "transmission" ou de "vulgarisation". Il est important de ne pas lire les processus en jeu avec l’idée selon laquelle il suffirait de bien communiquer pour être bien compris ou pour acquérir de la légitimité : ça nous aiderait pourtant que les choses fonctionnent comme cela, mais hélas, non, ça n’est pas le cas...
"Je pense qu’il faut profiter du mouvement en cours pour les sortir, vos conclusions. J’ai désespérément cherché il y a quelques temps des chiffres qui me permettraient d’étayer certaines de mes idées. C’est dur, on rame, et au final, on a pas d’avis. A quand une vulgarisation de vos conclusions ? Postées dans les contributions, par exemple, dans un langage simple que des gens des sciences dures puissent assimiler et reprendre ? Vous auriez une excellente occasion de vous faire entendre et reconnaître par la communauté, plutôt que de vous plaindre de n’être pas assez représentés :) ?"
Certes, mais pourquoi "des chiffres" ? On est là proche du coeur du problème "identitaire" ou plutôt "culturel" d’une définition de la rationalité, ce qui pose immédiatement les limites d’une intercompréhension entre SHS et sciences "dures". Vous nous demandez des chiffres, et je ne pourrais vous répondre, du moins en ce qui me concerne (je ne représente que moi-même, et non les SHS !), qu’en vous disant : "changez vos questions". Mes "résultats" sont des questions, et non des chiffres, même si j’utilise aussi des méthodes quantitatives pour étayer certaines de mes analyses. Mais pour arriver à comprendre ce que tout cela signifie, et ce que ça signifie vraiment, il faudrait énormément de temps : pas des chiffres, donc, comme on citerait des "résultats" d’un sondage à la télé en une minute trente, mais un long travail d’intercompréhension mutuel et d’analyse de nos "rationalités" respectives.
Ceci explique d’ailleurs pourquoi j’ai décidé de ne pas participer aux Etats Généraux : le temps et les cadrages imposés reviendraient, pour moi, à faire comme si j’étais un physicien sommé par un journaliste d’expliciter la théorie quantique en 10 secondes... et ce à partir des questionnements du dit journaliste. Ce qu’un physicien n’accepterait sans doute pas pour sa discipline, je ne peux pas plus l’accepter pour la mienne. Refonder la recherche française à partir de chiffres et en moins de 3 mois, ce serait comme expliquer la relativité à Mme Michu entre la poire et le fromage en écoutant les discussions du reste de la table sur le foot et la grippe du petit dernier, et espérer de cet exercice une quelconque rentabilité cognitive. N’oublions pas que le colloque sur la recherche qui avait été organisé par Chevènement entre 1981 et 1982 avait duré un an, et pourtant il se situait dans un contexte bien moins compliqué qu’aujourd’hui : on avait eu droit là à une réelle consultation de l’ensemble de la recherche française, et les actes de ce colloque rendent assez bien compte de la masse de travai qui avait été mené. On est bien loin du compte aujourd’hui, avec les pitoyables "Etats généraux" de 2004, même si par ailleurs le colloque Chevènement reposait sur des bases largement discutables (mais là encore il faudrait du temps pour en discuter sérieusement).
Sinon, en ce qui concerne ma spécialité (les relations entre sciences, médias et société), no problem, tout est publié et une bonne partie est en ligne à cette adresse : laboratoire Communication, Culture et Société (si nos étudiants arrivent à nous lire, tout honnête homme doté d’une culture générale et scientifique normale devrait réussir à le faire, et je ne doute pas que vous saurez décoder notre "jargon", pas si jargonneux que ça je trouve !). Si vous souhaitez un ouvrage "vulgarisé" sur ces questions, j’en ai commis un récemment : Le cerveau vu par la télévision (et hop ! une page de pub !)
"Et Gerland va bien :) ?"
Oui, oui ! On organise même un colloque cette année (du 15 au 17 juin), et quiconque s’intéresse aux relations entre sciences et société y est le bienvenu : Colloque "Sciences, médias et société"
Cordialement.
Igor Babou
ENS Lettres et sciences humaines (Lyon)
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